ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Présidentielles de 2024 : Quand le projet de loi crache la figure des binationaux  

Désormais, les candidats binationaux souhaitent se présenter aux élections présidentielles une fois élu de renoncer la nationalité étrangère. Ce projet de loi ne fait pas l’unanimité. Pour Achmet Said Mohamed, C’est un scandale pour ces milliers de comoriens qui contribuent plus de 30% du PIB du pays. Cette loi leur crache à la figure.

Les comoriens de double nationalité pourraient être empêchés à la course présidentielle de 2024. Un projet de loi est soumis à l’Assemblée nationale à cette fin et est en cours d’examen. Cette loi sera-t-elle adoptée ? Cette mesure est jugée antidémocratique de son empêchement de la diaspora de se présenter aux prochaines présidentielles, un droit néanmoins garanti par la constitution. Ce projet de loi est dangereux, selon Achmet Said Mohamed. Un tel projet de loi identique a conduit la Côte d’Ivoire à la  guerre civile. « Dans son ignorance des faits historiques Azali Assoumani continue ses habitudes d’opposer un comorien à un autre, un quartier à un autre, une ville à une autre et  une île à une autre. Dans son ignorance,  il vient de cracher sur la constitution comorienne en disant que les mahorais ne sont pas comoriens », rappelle-t-il. A entendre l’ancien candidat malheureux, cette loi est dangereuse et incroyablement cynique  au-delà d’être stupide. I attend une loi qui permettra à la diaspora comorienne de voter pas de les exclure du jeu politique de la nation. « J’attendais une loi qui fait de l’inclusion et non de l’exclusion.  J’attendais  une loi qui renforce l’appartenance de Mayotte à son giron familial et non ce torchon qui exclut les mahorais de facto à la vie politique de notre pays », déplore-t-il.

Même son de cloche pour Mohamed Abbas El-Had, ancien ministre de la justice qui juge important d’examiner ce sujet en tenant compte  de plusieurs aspects à la fois politique, juridique et économique. « Notre diaspora joue un rôle capital au niveau du développement économique et social ainsi que culturel du pays », précise-t-il. Selon lui, la question du patriotisme ne peut se résumer  sur une question de double nationalité ou non. « Il est prématuré d’aborder ce projet de loi sans une étude d’impact afin d’éclairer nos élus. Bien entendu, cette étude doit s’effectuer par des experts à la matière. Un débat inclusif impliquant les forces vives de la Nation, la société civile et la diaspora s’avère inévitable », a suggéré l’ancien ministre de la justice.

Pour Dr Zile, il s’agit d’un projet de loi qui relève d’un calcul purement politique  visant à écarter de la course présidentielle les binationaux  qui sont une richesse pour le pays. « Les parlementaires qui sont soucieux de l’avenir des Comores ne peuvent pas voter une loi qui divise les comoriens et fait  des binationaux des citoyens de seconde zone », prévient-t-il. A l’en croire, notre pays a besoin d’un cadre législatif qui favorise l’unité et la mobilisation des énergies et des talents de la diaspora pour relever les nombreux défis de sous-développement auxquels il est confronté. « C’est une mauvaise loi qui donne à la diaspora dont les transferts d’argent représentent une part considérable du PIB un signal de rejet », regrette Dr Zile.

A noter que ayant fixé les règles relatives aux modalités de l’élection, aux conditions d’éligibilité et à la candidature du président de l’Union des Comores conformément aux articles 52 et suivants de la constitution, le projet de loi organique relatif à l’élection du président de la République précise que « si un candidat est titulaire d’une ou de plusieurs nationalités autre que la nationalité comorienne, il doit renoncer définitivement à sa ou à ses autres nationalités étrangères. »

Kamal Said Abdou

 

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