ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Dans une conférence de presse, tenue samedi dernier, à Moroni, la confédération des travailleuses et des travailleurs comoriens (CTTC), a fait part des propositions retenues lors de son 6e congrès, qui a eu lieu à Anjouan. C’était l’occasion de tirer la sonnette d’alarme sur le processus en cours de privatisation de l’aéroport de Hahaya à une société étrangère.  

Tenue à Anjouan, le 6e congrès de la confédération  des travailleuses et des travailleurs comoriens aura un succès par rapports à leurs priorités fixées, tenant compte des résolutions et propositions retenues, notamment le renforcement du  partenariat avec les entreprises, la syndicalisation des travailleurs dans les milieux professionnels, le renforcement de leurs capacités à travers des formations adaptés au bénéfice des travailleurs ainsi que  le dialogue, le respect des droits des travailleurs, entre autres.

Parlant des droits des travailleurs, la CTTC revient sur l’un des sujets qui fâchent, notamment l’éventuelle privatisation de l’aéroport international Moroni prince Saïd Ibrahim à une société étrangère. « Nous avons au préalable crié haut et fort  lorsque la rumeur nous est parvenue sur une décision prise par les autorités de vendre notre seul et unique aéroport international prince Saïd Ibrahim. Aucune autorité n’a osé démentir nos propos tenus lors de notre précédente conférence », a rappelé Ibrahim Omar, secrétaire général de la CTC.

« Aujourd’hui, nous avons appris par regrets que le processus est en marche et que des entretiens d’embauches seront entamés d’ici peu. Nous appelons tous les employés de l’aéroport à s’abstenir », a-t-il ajouté. Selon lui, cette décision prise est contraire aux textes régissant les droits respectifs et fondamentaux des travailleurs.

Salim Soulaimane commissaire en charge de la coopération de suivi du programme, dénonce un complot pour des profits personnels. « C’est inadmissible que notre seul aéroport international soit vendu à une société dont on ignore ses prestations de services. Ce qui nous intrigue, jusqu’à preuve de contraire, tout laisse à croire que les parlementaires, eux, n’ont pas été concertés. Il s’agit d’un complot pour faire disparaître les anciens employés et retenir les leurs », a-t-il crié. 

Nassuf. M. Abdou

Un couple et ses enfants d’origine comorienne plus particulièrement de l’île de Mwali meurent dans un incendie à Nice. C’est une tragédie terrifiante. Ils résidaient au septième étage d’un immeuble dans un quartier niçois. Le bilan est lourd : sept personnes ont perdu la vie. Six corps ont été retrouvés dans l’appartement dont deux fillettes et deux garçons, ainsi que deux femmes adultes. Un quadragénaire s’est défenestré pour échapper aux flammes. Il est le père de la famille. En effet, le président de l’Union des Comores a décrété trois jours de deuil national.

Un terrible incendie s’est déclaré sans un appartement au quartier populaire des Moulins dans la nuit du mercredi au jeudi à 2h30, au septième étage. Une famille comorienne périt dans l’incendie. Un drame national. Le bilan est dramatique. Sept personnes ont perdu la vie. Six corps ont été retrouvés dans l’appartement dont deux fillettes et deux garçons, et deux femmes adultes. Un quadragénaire s’est défenestré pour échapper aux flammes. Il est le père de la famille. Selon Christian Estrosi, le maire de Nice, « il s’agissait d’une famille comorienne. » « Tout semble démontrer qu’il y ait une origine criminelle », a ajouté le maire de Nice.

Quant au procureur de la République de Nice, la piste criminelle est privilégiée. « Nous avons ouvert une enquête pour des faites d’incendie volontaire ayant entraîné la mort de sept personnes et un blessé grave. On part sur un incendie criminel », a déclaré Damien Martinelli.

90 sapeurs-pompiers mobilisés ont mis en place des moyens de lutte contre l’incendie et ont procédé aux nombreux sauvetages à l’aide de trois échelles aériennes. Les causes de ce drame ne sont pas encore connues. Bien que des personnes cagoulées auraient été aperçues dans le secteur, selon des vidéos surveillances.

Suite à cette tragédie, le président Azali Assoumani a décrété trois jours de deuil national. Le drapeau national est donc en berne.

KDBA

Le chiisme est sous les feux de rampe aux Comores. Ce pays de moins d’un million d’habitants affiche ses positions fermes contre toute pratique d’une autre religion que l’islam chafiite. En effet, à l’occasion de la célébration d’Achoura, une dizaine de personnes a été arrêtée à Moroni, quartier Caltex dont Mladjao, un dignitaire religieux chiite.

Le peloton d’intervention de la gendarmerie nationale (PIGN) a mené une vaste opération de coup de filet à Moroni contre les fidèles chiites. Cette opération s’est opérée alors qu’ils célébraient la journée l’Achoura, coïncidant avec la commémoration du martyr Hussein, petit-fils du prophète Mohammad. Un jour de jeune pour les musulmans sunnites. Mais pour les chiites, c’est un jour de deuil où les fidèles commémorent à travers le monde en dansant et en tapant leur poitrine. Un rituel consistant à rendre hommage au sacrifice effectué par l’imam Hussein, le petit-fils du prophète Mohammad. 

Reconnus par les bandanas jaunes qu’ils ont porté sur leur tête, les personnes interpellés membres de cette petite communauté mais très bruyante ont passé la nuit à la gendarmerie nationale. Bien que les Comores reconnaissent la liberté de culte à tous sauf le chiisme, en 2016, une note circulaire signée par le ministre de l’intérieur, interdit l’organisation dans des lieux publics ou privés des festivités d’un rite religieux de l’islam autre que l’islam chafiite de la doctrine Ahli Sunnat wal djamaa.

« Nous envisageons avec le muftorat et les ulémas comoriens d’expliquer la dimension religieuse du chiisme, en brossant un portrait de la culture chiite ainsi que ses dangers dans notre pays », a annoncé une source judiciaire.

La propagande chiite, menée tambour battant depuis plus d’une décennie fut rapide et efficace. Aujourd’hui, des centaines des Comoriens se reconnaissent chiites.

Pour rappel, les chiites célèbrent surtout les cinq premiers membres de la famille du prophète Mohammad : lui-même, sa fille Fatima, son gendre Ali, ainsi que leurs deux fils, Hassan et Hussein, tous objets d’un véritable amour mystique. Les jours présumés de leur anniversaire constituent des fêtes religieuses, leurs dates de mort des journées de deuil. Leurs tombes sont les principaux lieux de pèlerinage des fidèles.

KDBA

Sur l’ensemble des îles, Wusukani wa masiwa a appelé à une grève des transports en commun hier mercredi. Ils contestent le paiement de la vignette 2024. A Ngazidja, les chauffeurs des bus et minibus ont respecté le mot d’ordre. Malgré que certains taximen aient travaillé.

Hier mercredi, se rendre à Moroni pour ceux qui vivent loin de la capitale, était un peu difficile. Car les chauffeurs étaient en grève. Dans la région de Badjini, Mitsamihuli, Mbudé, Dimani, Hamahamet, Mboinku et Washili, les chauffeurs de ces régions ont suivi le mot d’ordre lancé par le syndicat des transporteurs. Ils s’opposent au paiement de la vignette. Le service des impôts et la routière sont en ordre de bataille pour arrêter et saisir toute voiture n’ayant pas à s’acquitter de ses droits fiscaux.

« Nous sommes en fin de l’année 2024. Nous ne pouvons pas payer la vignette de l’année. Certes, certaines voitures l’ont déjà payé. Mais nous avons signé avec l’État un engagement de ne pas payer la vignette jusqu’à ce que les routes soient réhabilitées. Et aujourd’hui, ils veulent arrêter toute voiture qui n’a pas payé la vignette. Par conséquent nous avons appelé à une grève », a expliqué un chauffeur de la région de Hamahamet.

Dans la région de Bambao, Hambu, Itsandra, certains taximen n’ont pas respecté la grève. Pour un autre taximan de la ligne Itsandra nord, Wusukani wa masiwa doit tenir de vraies assises pouvant dégager des pistes de solutions.

« Ces assises nous permettront d’établir une feuille de route mettant en avant nos doléances et les remettre au gouvernement. Mais le fait qu’un groupe de personnes décide à notre place, on reviendra toujours aux mêmes problèmes. Nous devons tous être impliqués dans la recherche de solutions », se plaint-il.

Kamal Said Abdou

Aux Comores, les prix ne cessent d’augmenter. Cette hausse constitue un fardeau pour une population fragilisée par le coût de la vie. La liste des produits onéreux augmente, renforçant l’inquiétude des comoriens. Mais aussi, les délestages récurrents sont dans les lèvres.

En vacances au pays, les « je viens » dénoncent une vie insupportable et expriment leur frustration face à la flambée des prix et les délestages récurrents. La hausse des prix des produits alimentaires et les délestages répétitifs sont désormais une réalité partout aux Comores. Et la gestion de la vie chère et la crise énergétique est un casse-tête.

Cette situation rend le consommateur Comorien vulnérable et inquiet. Les consommateurs voient et décrivent l’augmentation exponentielle des prix et les délestages récurrents. Arrivés dans un contexte de marasme économique, les autorités optent toujours pour le colmatage pour faire face à ces crises. Les mesures annoncées n’ont pas abouti aux résultats escomptés. Et le consommateur est plongé dans un désarroi.

Ainsi, l’arrivée des « je viens » au pays pour les vacances nourrit les espoirs de voir le bout du tunnel. Hélas, le calvaire sans fin du Consommateur. Les « je viens » ne s’attendaient pas à cet échec, à savoir la vie chère et les délestages bien que les autorités brillent de mille feux avec l’argent du contribuable. « Tout est devenu cher aux Comores. Les produits alimentaires et les produits de première nécessité connaissent une hausse vertigineuse des prix. Mais c’est insupportable avec la hausse des oignons et des ails. Mais il y a une autre crise : les délestages. Celle-ci est très insupportable », souligne Mariama Soilihi, une franco-comorienne et mère de 4 enfants, actuellement en vacances aux Comores.

« Combien de kg de viande ou de poulet, peux-je acheter pour nourrir toute une famille ? Le pays est arrivé dans un stade où on ne va plus manger de la viande et des ailes de poulet », a-t-elle indiqué.
Pour Papa Assia, un « je viens » rencontrer au petit marché, les Comoriens vivent comme des « esclaves », des « prisonniers. » selon lui, entre l’augmentation des prix des denrées alimentaires, des produits de première nécessité et des services essentiels, le pouvoir d’achat des ménages est mis à rude épreuve. L’inflation atteint des proportions élevées. Le gouvernement doit annoncer des mesures drastiques.

« Les dirigeants comoriens ne cessent d’évoquer les efforts fournis par le gouvernement pour faciliter la vie des Comoriens. Réellement quelles sont ces actions ? Le Comorien ne veut qu’une vie meilleure et nous sommes essoufflés par le manque de vision des dirigeants Comoriens qui se font de la propagande et du populisme », a-t-elle affirmé.

KDBA

Les retraités des Comores accumulent les déceptions de leur cas. C’est l’expression qui ressort d’une conférence de presse tenue, hier mardi, pour dénoncer, pour la énième fois, la maltraitance des pouvoirs publics. Les retraités expriment leur inquiétude face à leurs doléances des deux années précédentes, notamment la valorisation de leur pension, la régularité de salaire et le changement des textes datant depuis 1963.

Les revendications de retraités des Comores restent au centre des préoccupations majeures. Lors d’une conférence de presse hier mardi, les retraités des Comores s’en prennent à l’ancien ministre des finances, d’avoir laissé leurs revendications tournées au dos du mur. Selon eux, après deux ans de revendications, la situation ne s’améliore pas. « Nous avons passé deux années de revendication, notamment à la régularité et à la valorisation de nos pensions et au changement des textes règlementaires datant depuis 1963. Toutefois, en fin 2023, il n’y avait pas une accumulation de pensions. Mais, depuis avril 2024, tous les plans sont chamboulés. La valorisation des pensions n’était pas considérée depuis longtemps. Les textes réglementaires ne sont pas adoptés », ont-ils dénoncé, en conférence de presse.

Parlant de la maltraitance de l’Etat, les retraités font allusion au comportement de l’ancien ministre des finances qui n’a pas honoré ses engagements. « Le ministre des finances précèdent n’a pas honoré ses engagements. Nous avons mis en place une commission paritaire pour réglementer les questions de retraités. Le dernier conseil d’administration a mis en place toutes les dispositions nécessaires visant à faciliter le fonctionnement de la caisse de retraites », ont-ils fait savoir.

Selon les retraités, depuis avril 2024, le FMI, tout comme l’AFD, a saisi l’ancien ministère des finances. 460 retraités ont été enregistrés et cela justifie que les pensions des retraités restent les mêmes. Tous ces processus établis ont été chamboulés et tombés à l’eau à cause de l’ancien ministre des finances.

À cette occasion, le collectif des retraités réitère leurs revendications en appelant au nouveau gouvernement à pencher au sort des retraités. « Nous réitérons nos revendications en demandant au nouveau gouvernement à tenir en compte à la valorisation de nos pensions, à la régularité de pensions et au changement des textes datant depuis 1963 », ont-ils lancé.

Les retraités annoncent la tenue d’un congrès national, en ce mois de juillet 2024 pour la mise en place de toutes les structures réglementaires, notamment les statuts et le nouveau bureau exécutif.

Abdoulandhum Ahamada

Medias : La baraka FM renait de ses cendres

Medias : La baraka FM renait de ses cendres

Après plusieurs années de silence imposé par les autorités de l’Etat à la radio Labaraka FM, les émissions de la radio ont officiellement repris. Un moment historique marquant la liberté de la presse en Union des Comores. La cérémonie inaugurale a eu lieu, hier lundi 15 juillet, à Ntsudjini, en présence de plusieurs autorités politiques, publiques et des journalistes.

En février 2017, l’ancien préfet Saïd Djae a interdit Labaraka FM de diffuser, et ce « jusqu’à nouvel ordre ». Une décision saluée et embrassée par l’ancien ministre de l’intérieur, Mohamed Daoudou alias Kiki se basant sur des arguments liés à la sécurité et la stabilité du pays.

En effet, huit ans après, la station de la radio est réinaugurée à Ntsudjini. La cérémonie inaugurale a eu lieu, hier lundi, en présence de plusieurs personnalités politiques et publiques ainsi que des journalistes.

Dans un pays où la radio nationale, Ortc est devenue la voix gouvernementale, l’inauguration de la Labaraka Fm permet à la majorité de la population d’avoir la libre parole et la diversité d’opinions.

Le directeur de Labaraka FM, Abdallah Abdou Hassani alias Agwa a exprimé sa joie et sa gratitude à ceux qui ont soutenu la renaissance de la radio.

« Les autorités du gouvernement se recourent à la presse pour exprimer leurs plans de développement du pays. Toutefois, les journalistes sont toujours opprimés et les enfreints à la liberté d’expressions se multiplient. Labaraka Fm se veut être  la voie par laquelle l’information sera transmise à la population comorienne. Nous remercions ceux qui ont soutenu  la réouverture de cette station de  radio », a exprimé le directeur de Labaraka FM.

De sa part, le président du syndicat national des journalistes, Ahmed Bacar a rappelé l’importance du journalisme dans un pays démocratique. Tout en sachant que selon lui, la radio permet « d’avoir une large diffusion d’informations, accessible à tout le monde ». « Le journalisme est le quatrième pouvoir dans un pays démocratique. Malheureusement, le pays possède une station de radio d’où seule  la voix du gouvernement est entendue. Nous devons investir dans ce métier noble et charismatique. Cependant, la radio est accessible à tout  le monde notamment ceux qui sont  dans les voitures », a-t-il souligné.

Abdoulandhum Ahamada

Lors d’une rencontre avec la presse vendredi dernier à la présidence, Abdoulfatah Said Mohamed, directeur général de l’agence nationale du Hej et oumra a annoncé l’ouverture des inscriptions pour l’édition de 2025 dès ce mardi 9 juillet 2024.

350 personnes figurent déjà sur la liste de l’agence nationale du Hej et oumra. Selon Abdoulfatah Said Mohamed, directeur général de cette agence, ce sont les personnes qui attendaient le quota pour l’édition de l’année dernière et que malheureusement, l’Arabie Saoudite n’a accordé que 850 pèlerins.

« Alors ces personnes figurent officiellement sur la liste de notre agence. Cela signifie que les places sont limitées pour cette année. Ceux qui souhaitent accomplir le hej cette année doivent venir s’inscrire rapidement pour ne pas être en retard », a-t-il expliqué.

Contrairement aux années précédentes, le directeur général de l’agence nationale du Hej et oumra a tenu à rappeler la fermeture probable des inscriptions à la fin du mois de juillet. « Le premier arrivé, le premier servi. Une fois la liste atteint le nombre accordé, nous serons obligés de mettre fin aux inscriptions pour l’édition de 2025 », rassure-t-il. Pour les inscriptions, l’agence nationale du Hej et oumra exige un passeport ou une carte d’identité comorienne en cours de validité et la caution de 3000 euros en attendant la fixation du package.

« Ceux qui se trouvent à l’étranger peuvent nous envoyer leurs cartes ou passeport ici à l’agence nationale pour leurs inscriptions ou bien choisir l’agence qu’ils préfèrent pour l’inscription », indique Abdoulfatah Said Mohamed qui a toute de même saisir l’occasion pour féliciter le chef de l’État de reconduire Youssoufa Mohamed Ali au poste du directeur de cabinet chargé de la défense qui travaille en étroite collaboration avec l’agence dans l’organisation du hej. 

Kamal Said Abdou

A la place de l’indépendance, la célébration de l’indépendance des Comores, samedi dernier, a laissé les Comoriens dans leur faim. Une organisation terne, grosse absence de la population. La fête nationale a perdu ses couleurs. Une fête nationale célébrée en langues étrangères. D’ailleurs c’était un jour d’horreur. La tribune officielle s’est effondrée. Des personnes auraient été traumatisées et évacuées aux urgences par la sécurité civile. Une grosse frayeur.

Plus de peur que de mal. Alors que le chef suprême des armées saluait les forces de sécurité du pays à l’occasion de la fête nationale de l’indépendance, la tribune dans laquelle des officiels ont été assis, des enserrées ont cédé. Et la peur au ventre. Tous les officiels ont été pris de panique.

Mais aucun blessé grave n’a été déploré. Aucun manquement n’a pourtant été jamais constaté dans la tribune. Une séquence inhabituelle. « Ce qui venait de se passer est terrible. Heureusement, il y a eu plus de peur que de mal. Tout est passé très vite et j’espère qu’une enquête va être diligentée pour savoir les causes de cet effondrement », a expliqué Mohamed Ibrahim, un proche du pouvoir qui a assisté à la célébration de la fête nationale.

La sécurité civile a réussi tant bien que mal à évacuer les blessés dans leurs ambulances, provoquant la panique. Une grosse frayeur. « L’accident a eu lieu au moment où le président de la République venait d’arriver. Vous imaginez le bruit quand Azali était dans la tribune même si ce n’était pas lui qui a fait la chute ? En tout cas la fête s’est déroulée comme prévu malgré cette incidence », a fait savoir un témoin de l’effondrement.

Pour Badria Ahmed, une mère de famille, la fête n’est pas célébrée comme les années passées. « C’est une journée tant attendue mais on n’a rien vu. Pas de parade militaire ni de spectacle. Je suis venue avec deux enfants mais ils ne sont pas satisfaits », souligne-t-elle.

La célébration de l’indépendance des Comores a laissé les Comoriens dans leur faim. Une organisation terne, grosse absence de la population. La fête nationale a perdu ses couleurs. Une fête nationale célébrée en langues étrangères.

KDBA

Les talents des Comores brillent à mille feux. Mmadi Abdoul Anziz, architecte comorien installé dans l’île comorienne de Mayotte nous raconte son parcours architectural et ses techniques de travail. Dans cette interview, l’architecte évoque l’architecture néo-vernaculaire, la construction avec de la brique en terre compressée ainsi que ses regrets sur la démolition des bâtiments coloniaux et anciennes mosquées. Interview.

Pouvez-vous vous présenter brièvement ? 

Je m’appelle Mmadi Addoul Anziz. Je suis chef d’entreprise dans le secteur du BTP et formé en architecture. Installé à Mayotte depuis plusieurs années, mon parcours a débuté en tant que conducteur de travaux dans une entreprise de revêtement de sol et mur. Par la suite, j’ai été chargé d’opérations immobilières au sein d’un grand groupe avant de travailler dans un bureau d’étude technique d’ingénierie BTP en tant que chargé d’affaires. J’ai acquis une riche expérience en structures de bâtiment et en conception architecturale. Mon parcours dans le bâtiment a commencé dès le collège, où j’ai travaillé comme main d’œuvre aux côtés de maçons jusqu’à l’obtention de mon baccalauréat tout en étant sur chantier. Une anecdote intéressante : je remercie l’ancien gouvernement de Sambi, qui m’avait octroyé une bourse que j’ai refusée, mais qui a financé une partie de mes études. Je suis également reconnaissant envers l’ancien directeur de Comores hydrocarbures, M. Ahmed. Le ciment, pour moi, coule dans mes veines. 

Architecte que vous êtes, parlez-nous de l’architecture néo-vernaculaire?

L’architecture néo-vernaculaire réinterprète les styles et techniques de construction traditionnels en les adaptant aux besoins et technologies contemporains. Elle s’efforce de préserver l’identité culturelle et l’héritage architectural tout en répondant aux exigences modernes de confort, de durabilité et d’efficacité énergétique. Cette architecture est un pont entre le passé et le présent, intégrant des matériaux locaux et des pratiques traditionnelles avec des innovations actuelles. 

Comment définissez-vous l’architecture comorienne ?

L’architecture comorienne reflète un riche patrimoine culturel influencé par les échanges entre l’Afrique, l’Arabie, l’Asie et l’Europe. Elle se caractérise par l’utilisation de matériaux locaux comme la pierre volcanique, le bois, le corail (désormais banni pour sa dangerosité pour l’environnement) et le bambou. Les constructions traditionnelles, souvent simples et fonctionnelles, sont conçues pour s’adapter au climat tropical et aux conditions locales. Les détails ornementaux et les techniques artisanales témoignent d’un savoir-faire ancestral et d’une esthétique unique. Par exemple, les maisons en paille démontrent une ingénierie avancée de nos ancêtres, utilisant des fondations en pierre volcanique, des toitures tissées en feuilles de cocotier et des charpentes en bois à deux pentes. Nous devrions exploiter ces techniques pour construire des hôtels de luxe, à l’image de nos voisins des Maldives. Les toits en paille peuvent réduire la chaleur intérieure de 5°C. Imaginez des maisons en béton enveloppées de toitures en paille, offrant à la fois confort et esthétisme. Pour cela, il est impératif de reconnaître et de protéger les architectes comoriens, souvent dispersés à travers le monde. Actuellement, aucune institution ne les protège, et les ingénieurs prennent souvent le rôle des architectes. Des lois doivent être mises en place pour garantir que chaque profession exerce dans les meilleures conditions.

Comment réagissez-vous par rapport à la démolition des bâtiments coloniaux et des anciennes mosquées ? 

La démolition des bâtiments coloniaux et des anciennes mosquées représente une perte inestimable de notre patrimoine historique et culturel. Ces structures sont des témoins de notre passé et de notre identité collective. Plutôt que de les démolir, il est essentiel de trouver des moyens de les préserver, de les restaurer et de les intégrer dans notre environnement urbain moderne. La conservation de ces bâtiments permet de maintenir un lien avec notre histoire tout en enrichissant notre paysage architectural.  Pour cela, il est nécessaire de mettre en place une structure qui protège ces bâtiments, avec l’État jouant un rôle central dans cette protection. Par exemple, dans mon village, des bâtiments coloniaux ont été démolis sans consultation des architectes. Anjouan est la seule île qui conserve mieux son patrimoine grâce à ses associations et à son ministère chargé du patrimoine, bien que ces derniers se limitent souvent à des conférences sans actions concrètes. La mise en place de permis de démolition et de construction, contrôlés par l’État, serait judicieuse. 

Quelles techniques constructives utilisez-vous ? 

Dans mes projets, j’utilise une combinaison de techniques traditionnelles et modernes. Par exemple, j’intègre souvent des matériaux locaux comme le béton, la pierre et le bois, tout en adoptant des méthodes de construction contemporaines pour améliorer l’efficacité et la durabilité. Ces techniques me permettent de concevoir et de construire des bâtiments à la fois esthétiques, fonctionnels et respectueux de l’environnement. 

Que pensez-vous justement de la construction avec de la brique en terre compressée ?

La brique en terre compressée est une excellente alternative aux matériaux de construction traditionnels. Elle présente de nombreux avantages : elle est écologique, car fabriquée à partir de matériaux locaux et renouvelables ; elle offre une bonne isolation thermique et phonique ; et elle est économique. En outre, elle permet de réduire l’empreinte carbone des constructions. Utiliser ces matériaux dans nos projets permet de promouvoir des pratiques de construction durables et respectueuses de l’environnement. J’ai apprécié la mise en place d’entreprises de fabrication de BTC aux Comores. Cependant, il est contradictoire de les fabriquer à Ngazidja, où il n’y a pas assez de terre argileuse. Le coût des matières premières y est donc élevé. Il serait plus judicieux de développer cette industrie à Anjouan et Mohéli, où la terre argileuse est plus abondante, afin de réduire les coûts. 

Comment intégrer l’ancienne architecture dans la modernité ? 

Intégrer l’ancienne architecture dans la modernité nécessite une approche respectueuse et créative. Il est crucial de préserver les éléments architecturaux et historiques tout en les adaptant aux besoins actuels. Cela peut se faire en rénovant les structures existantes avec des matériaux modernes, en améliorant leur fonctionnalité et leur efficacité énergétique, et en les intégrant harmonieusement dans le paysage urbain contemporain. La clé est de trouver un équilibre entre conservation et innovation. 

Un dernier mot. 

L’architecture est une discipline qui nous permet de façonner notre environnement et de refléter notre identité culturelle. En tant qu’architecte et chef d’entreprise, je m’engage à promouvoir des pratiques de construction durables et à valoriser notre patrimoine architectural. Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir qui respecte notre passé tout en répondant aux défis de demain. Dans mon prochain livre, j’aborde en profondeur l’architecture vernaculaire et les modes de constructions ancestrales dans l’océan Indien, en particulier dans l’archipel des Comores. Je prie pour que l’État commence à sanctionner ceux qui démolissent des bâtiments anciens sans autorisation préalable. L’amélioration de l’architecture réside dans le fait de donner plus de pouvoir aux architectes. Pour finir, je suis constructeur, et cela me plaît énormément, car j’aime beaucoup le béton.

Propos recueillis par KDBA