Mercredi dernier à l’Alliance Française de Moroni, l’Association Kam ’art qui milite pour la promotion des arts et la culture à travers des festivals et des projets dans les écoles avec les jeunes, a sorti son deuxième magazine intitulé Kam’Mag.
Dans ce nouveau magazine, le grand mariage qui fait échos dans la société comorienne depuis toujours se trouve au centre des débats et de la pensée critique entre anthropologues, notables et jeunes de la diaspora et des locaux.
Comme tous les ans, le Anda se vit dans tout l’archipel des Comores d’une période allant de juin à décembre, une période spéciale à laquelle la diaspora dans sa majorité vient pour les vacances et à l’occasion accomplir ce rituel des Comoriens avec les bénédictions des traditions qui régissent cette société. Cela dit, une grande partie de la population et des gens qui, aujourd’hui pratiquent cette tradition ne connaissent ni ses origines ni le sens exact de ces pratiques ancestrales.
Le débat sur le Anda et les avis qui s’opposent se font sentir même sur les réseaux sociaux surtout ces derniers temps : d’un côté ceux qui prônent sur l’investissement de l’argent destiné au grand mariage dans des projets qui peuvent garantir un avenir paisible, et d’autres qui considèrent cette tradition comme un pilier identitaire et donc un héritage digne à enseigner et perpétuer les générations à venir sans aucune réforme.
Tout cela a fait que des jeunes (aujourd’hui) issues de divers milieux ont trouvé l’idéal de créer cet ouvrage afin d’éclairer tout le monde sur le Anda en apportant un œil neuf tout en sachant tenir compte de tous les avis. « L’idée a été d’abord suggéré par Rahim, pour écrire une partie et donc après réflexion, ça a été décidé par tous comme pourquoi pas traiter tous les angles dudit sujet qui, au final rassemble toutes les générations qu’on le veuille ou non et c’était vraiment l’occasion de se questionner sur tous », a expliqué Sanna Chouzour, secrétaire de Rédaction.
« Et ce qui est intéressant et que comme on a différents profils majoritairement des jeunes qui ont écrit, c’était très intéressant d’avoir ses angles de vues différentes sur la perception du mariage, donc c’est un Magazine vraiment élargi et faire en sorte que tout le monde puisse se retrouver à commencer par les femmes, les jeunes et notables. L’idée c’est faire quelque chose qui puisse aider toutes les classes de la Société », a-t-elle ajouté.
Ces paroles bien qu’elles soient prononcées par une des conceptrices du projet, elles ont été confirmées par Rahim qui, s’est appuyé à partir des retours des invités lors de la présentation du Magazine. « Jusque-là, les gens qui ont déjà vu de près ou de loin ce Magazine ont tous apprécié. Dans ce sens, je pense qu’il y avait une soif de développement de ce sujet qui est le Anda dans un sens où les gens faisaient ou font encore des choses qu’ils ne comprennent pas. Donc je pense que c’était le moment de porter vraiment une réflexion sur la question et la façon de transmettre de telle sorte que la jeunesse soit convaincue et avertie des bienfaits qui résident sur cette identité culturelle avant de s’engager » a-t-il soutenu.
La réalisation de ce Magazine a vu l’interprétation et intervention des hommes tels que Sultan Chouzour, anthropologue et auteur du « Pouvoir de l’honneur », une œuvre de référence pour comprendre les traditions, contestation et le comorien en soi, Dr Abderhamane Wadjih, Ali Mohamed Djalim, sociologue et enseignant à l’université des Comores et bien d’autres intellectuels qui, de près ou de loin ont déjà réfléchi sur la question.
Il traite sur des sujets vraiment importants à savoir, les étapes que constitue la chaîne existante jusqu’à accomplir ce rituel et pouvoir s’autoproclamer « un homme accompli ». L’objectif même de le faire et ce qui rapporte, les différentes appellations données à chaque festivité selon l’endroit et enfin le Anda à l’heure des réseaux sociaux ; une tradition actualisée…. etc.
Une des particularités de ce Magazine, est la prise en compte des avis des deux côtés à savoir ceux qui sont pour la garantie et la pérennité du Anda en soi sans aucun apport ni changement et de l’autre ceux qui parlent d’une réforme pure et simple pour garantir une égalité sociale, une économie prospère et une culture propre et à la portée de tous autrement-dit un « Anda simplifié ».
« Le Anda ou Mila na Ntsi présenté comme un socle fondamental de l’unité et de la cohésion nationale est inclus dans la vie du Comorien de sa naissance jusqu’à sa mort. Cependant, il est essentiel d’améliorer la compréhension de cette coutume notamment en la transmettant correctement aux jeunes générations », lit-on dans un extrait du Magazine. Kam’Mag est un magazine produit par ZEFIR dans le but de promouvoir la culture comorienne, ce dernier est financé par la publicité qui est un soutien essentiel.
Inmadoudine Bcar