Dans un entretien accordé à Al-fajr, Soihiha Abdillah lauréate de l’édition « slam à l’école » 2023-2024 révèle sa priorité qu’elle souhaite s’engager dans le slam au terme de ses études. La collégienne de l’école privée olivier de Mitsamihuli est plus que jamais passionnée par le monde de l’écriture qu’elle veut l’utiliser comme cheville ouvrière pour son avenir radieux.
Avec ton âge, tu es devenue une étoile montante du slam comorien après ton sacre pour l’édition 2023-2024 du slam à l’école. Comment peux-tu expliquer cet exploit ?
Il y a beaucoup de facteurs qui ont fait leur intervention sur ça, déjà c’est grâce à mon encadreur depuis le début de cette aventure. Il est connu de tous, le fameux poète rebel, Hicham Saïd, il est celui qui m’a fait découvrir le slam. L’année de sa création, de son arrivée aux Comores, les slameurs d’ici et d’ailleurs bref tout ce qui le concerne, à cette période-là je ne savais pas c’était quoi mais bon voilà. Lorsqu’il nous a annoncé qu’il nous préparait pour un concours nous étions à la fois peureux et stupéfaits, on avait peur qu’aucun de nous ne réussirait à gagner ce concours mais stupéfaits de voir d’autres slameurs, surtout le Parolier du Karthala qui est celui que j’apprécie le plus. L’âge ne compte pas, vous savez en y repensant je regrette de n’avoir pas connu le slam plutôt, ça m’aurait vraiment aidé.
Voudrais-tu faire le slam ton projet d’avenir ou plutôt il s’agit tout simplement du plaisir ?
Je ne peux pas en faire ma perspective d’avenir et il ne s’agit pas d’un simple plaisir. Le slam est devenu ma vie, je ne pourrais pas passer une journée sans écrire mais aussi je suis obsédée par la gestion, c’est dans le cadre que j’aimerais travailler.
Ces dernières années, le comorien connait une autre dimension tant sur le plan national qu’international. Peux-tu nous expliquer cette propulsion du slam comorien ?
Notre communauté est pleine de talent pas seulement du côté de slam mais aussi dans d’autres domaines comme la musique, le basket, le foot, l’athlétisme et bien d’autres. Aussi, le slam pour ceux qui le pratiquent, est un moyen de liberté, d’épanouissement, ça nous permet de nous exprimer tout en restant dans l’ordre en respectant les autres. Dans le slam comme dans les autres loisirs, il y a une famille dans laquelle il n’y a pas de jalousie ou de concurrence au contraire on s’en courage, on se donne des conseils et vraiment ça fait partie des choses qui font que jamais je n’arrêterai le slam.
Souhaiterais-tu que le slam soit intégré dans le programme scolaire annuel aux Comores ? Si oui, pourquoi ?
(Rire). Ça ne serait pas une mauvaise idée mais comme je te le dis, c’est un loisir comme les autres donc on ne peut pas imposer quelqu’un de le pratiquer alors qu’il n’a pas envie, c’est un espace de plaisir et libre-échange pas d’obligation.
Ton message aux jeunes comoriens passionnés du slam.
Je leur dirai de ne pas s’arrêter bien au contraire qu’ils continuent car ça paie. Pas seulement par l’argent mais aussi en terme d’amitié et renforcement des liens sociaux, bien on vous critiquera au début petit à petit quand ils verront ton évolution ils seront impressionnés et même certains regretterons. Vous savez même si les gens m’ont soutenu, le jour de la finale je reçois toujours des critiques, pas en face mais les murs ont des oreilles. Des critiques comme « à quoi ça te sert? Ça te mènera nulle part » ou « tu penses être une grande star, haha tu rêves ». Au début ça me dérangeait mais, maintenant, non ça ne m’affecte pas du tout. Alors que ça soit les critiques, le manque de soutien, la perte de confiance en soi ou peu importe, n’abandonner jamais car le slam est l’une des plus beaux loisirs étant sur terre.
Propos recueillis par Nassuf.MAbdou