ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Dans cette interview exclusive avec Malha, la talentueuse artiste, elle a parlé de ses anecdotes inédites et des perspectives passionnantes sur son parcours et ses projets futurs. L’icône de la nouvelle génération d’artistes a beaucoup travaillé dans le but de laisser des empreintes sur la scène musicale.

Vous êtes dans le top 3, si ce n’est la toute première femme comorienne a rentré dans l’afrobeat, qu’est-ce qui vous a initialement inspiré à vous lancer dans ce style de musique ?

Depuis toujours, l’Afrique a été une immense source d’inspiration pour moi. Les Comores, en tant que carrefour de cultures, offrent une richesse musicale unique. J’ai grandi en écoutant de grandes voix africaines qui ont façonné mon identité artistique. Aujourd’hui, avec l’émergence de styles comme l’afrobeat, l’afro house et l’amapiano, je ressens une connexion profonde avec ces genres qui résonnent à l’échelle mondiale. La musique évolue sans cesse, et je souhaite contribuer à cette dynamique en apportant ma propre vision et en célébrant la diversité de notre patrimoine culturel.

Comment décrivez-vous l’impact que vous avez laissé sur la scène nationale en tant que première femme à avoir suivi un autre chemin que celui de Zaïnaba, Chamsia … ?

Je respecte profondément les contributions de figures emblématiques comme Zaïnaba et Chamsia, qui ont ouvert la voie pour nous toutes. Leur impact est indéniable et continue de résonner. Aujourd’hui, dans un monde où la communication est omniprésente, il est essentiel d’aller au-delà du simple rôle de chanteuse. Nous devons devenir des marques à part entière, capables de raconter notre histoire et d’inspirer les générations futures. Mon objectif est de fusionner notre héritage culturel avec des influences contemporaines pour créer quelque chose d’unique et de puissant sur la scène nationale.

Quel moment de votre carrière vous a le plus marqué ?

En Égypte, j’ai été accueillie de manière incroyable, et les conditions de travail étaient exceptionnelles. Cela a renforcé mon admiration pour la musique et son pouvoir de créer des connexions. Avec mes musiciens, j’ai vécu des moments intenses qui m’ont montré à quel point notre art peut transcender les frontières.

Que pouvez-vous nous dire à propos de votre récente tournée en Tanzanie ?

Ma tournée en Tanzanie a également été marquante, révélant une autre facette de notre métier, axée sur le professionnalisme et la communication. Ces expériences m’ont appris que la musique va bien au-delà de chanter ; c’est une vocation qui demande passion, collaboration et dévouement.

Bien que vous ayez récemment été en tournée, qu’on vous a surtout vu en studio. On ne vous voit clairement plus sur scène ces derniers temps. Pourquoi ?

J’ai pris le temps de réévaluer mes objectifs à moyen terme. J’ai voulu me concentrer sur la production pour préparer et peaufiner mon premier projet. Cette phase en studio est essentielle pour moi, car elle me permet de créer une musique qui me ressemble et d’apporter quelque chose de nouveau et d’authentique sur scène.

« Ngamina power », que veut réellement dire cette expression ? Que cache-t-elle derrière ?

« Ngamina Power », littéralement ‹‹ j’ai le pouvoir”, revêt pour moi une signification profondément révolutionnaire. Ce slogan incarne l’émancipation des femmes et la force féminine. Il vise à inspirer les femmes en leur rappelant qu’elles sont puissantes et capables de surmonter tous les obstacles. « Ngamina Power » leur dit : n’acceptez plus le dénigrement, ne vous limitez pas à la résilience. Vous avez le contrôle de votre destin et êtes capables de réaliser tout ce que vous désirez.

Comment pensez-vous que vous avez évolué, à la fois en tant qu’artiste ambassadrice et personne, durant ces dernières années ?

Mon parcours n’a pas été facile, surtout après le décès de mes parents, ce qui m’a obligé à me relever seule. En repensant à la jeune Malha d’il y a dix ans, je réalise le chemin parcouru. Aujourd’hui, je suis mariée et mère de quatre enfants, et je fais un métier qui me passionne malgré les défis. Je suis fière de ma trajectoire, qui m’a non seulement permis de grandir en tant qu’artiste et ambassadrice, mais aussi en tant que personne. Chaque étape m’a renforcée et m’a appris à croire en mes rêves et en ma capacité à inspirer les autres.

Sur les réseaux, vous semblez toujours avoir une grande influence auprès de vos fans malgré encore une fois l’absence de projets récents. Comment arrivez-vous à garder des relations saines avec les fans ? Vous n’avez pas le sentiment de les manquer un peu plus ?

Le secret pour maintenir une relation saine avec mes fans réside dans l’authenticité et la sincérité. Je reçois tellement d’encouragements que cela me pousse à être toujours vraie avec eux. J’éprouve un profond respect et un amour pour les personnes qui me soutiennent, même si ma pudeur me rend parfois réservée.

Récemment dans un wukumbi, vous avez lancé un slogan comme quoi « osons les live, fini la facilité ».  Qu’avez-vous à dire de plus à ce cela ?

Le slogan « Osons les live, fini la facilité » reflète une réalité alarmante : notre culture du live est en danger. De nombreux artistes ont quitté le pays pour diverses raisons, et nous manquons cruellement de musiciens. De plus, il semble que la quête du perfectionnisme fasse défaut. Peu à peu, notre patrimoine musical s’éteint, et cela ne choque personne. Il est temps de redynamiser notre scène et de célébrer la musique live pour préserver notre héritage et inspirer les générations futures.

Avez-vous des projets en cours ou prévus pour un retour sur scène ?

Oui, j’ai plusieurs projets en cours. Mon album sortira avant la fin de l’année 2024, c’est certain. Quant à mon retour sur scène, je prévois un grand événement en décembre et je tiens à donner rendez-vous au peuple comorien. La date exacte sera bientôt annoncée, et j’ai hâte de partager ces moments uniques avec mon public.

Comment voyez-vous l’avenir de votre carrière ? Un retour progressif ou un changement radical dans votre approche artistique ?

Je prône un changement radical dans ma carrière. Mon objectif est de surprendre mon public en leur proposant des textes forts et engagés, accompagnés de musiques entraînantes qui donnent envie de danser et de faire la fête. Je veux créer une expérience qui allie réflexion et célébration.

Quel est votre regard sur la nouvelle génération d’artistes dans le pays ? Autrement dit parmi tant d’artistes évoluant actuellement laquelle vous vous retrouvez n’est ce reste qu’un petit peux chez elle ?

Pour être honnête, la nouvelle génération d’artistes regorge de talents innés. Leur créativité et leur simplicité sont remarquables. Cependant, pour franchir les prochaines étapes de leur carrière, il est essentiel qu’ils travaillent encore plus et qu’ils bénéficient d’un accompagnement à la hauteur de leur potentiel.

Que pensez-vous de l’évolution de l’industrie musicale et artistique dans le pays depuis vos débuts jusqu’à maintenant ?

L’évolution de l’industrie musicale comorienne depuis mes débuts est marquante. Nous sommes loin de l’époque où la vente physique des CD était la norme. Aujourd’hui, je crois fermement que l’avenir de notre musique réside dans le numérique. Pour tirer parti de cette transformation, il est crucial d’avoir des professionnels compétents qui maîtrisent les outils adéquats.

Quel conseil donneriez-vous à la nouvelle génération d’artistes qui aspire à laisser une empreinte sur la scène nationale ?

Mon conseil pour la nouvelle génération d’artistes est simple : chanter est un métier exigeant, qui demande sacrifice et travail acharné. Acceptez la remise en question et entourez-vous des bonnes personnes. Ne lâchez jamais prise et croyez fermement en vous-même. Votre passion et votre détermination seront vos meilleurs atouts pour laisser une empreinte durable sur la scène nationale. 

Propos recueillis par Inmadoudine Bacar

Slam : Selebeyoon, nouvel opus du Parolier du Karthala

Slam : Selebeyoon, nouvel opus du Parolier du Karthala

Le talentueux poète et slameur Rahim Elhad, connu sous le pseudonyme de Parolier du Karthala a présenté, mercredi dernier, son tout nouvel opus intitulé « Selebeyoon » devant des journalistes et artistes. Parmi eux, des figures de la scène artistique comme Lee Nossent et Faraz étaient présents pour témoigner de cet instant marquant dans la scène culturelle comorienne.

Composé de six titres, Selebeyoon signifie littéralement « carrefour », symbolisant une rencontre entre les cultures africaines et plus spécifiquement, celles des îles de la lune. Cet album, empreint de poésie et d’émotion, retrace le difficile parcours de l’auteur à travers l’Afrique de l’Est, avec des étapes marquantes au Burkina Faso, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, avant son retour aux îles Comores.

Rahim y aborde des thèmes universels tels que l’amour, la peine, et la souffrance, tout en intégrant des éléments de la tradition et du patrimoine culturel des quatre îles comoriennes. Un moment fort de cet opus est sa dénonciation poignante du mur symbolique et physique qui sépare Mayotte des autres îles de l’archipel, un hommage à la tragédie du Visa Balladur.

Ce projet riche et varié s’est nourri de plusieurs collaborations, notamment avec Farid Youssouf et Faraz, apportant une dimension musicale et artistique encore plus profonde. À travers des chants, des contes, et une touche personnelle, Rahim réussit à capturer l’essence de son identité et de son héritage, tout en rendant hommage aux luttes partagées par les peuples africains. « Dans Idumbio, j’ai presque vécu tous ces moments si ce n’est la totalité. Loin des autres collaborateurs de ce projet, étant en période de confinement, je me suis inspiré de tous ses instants de bon et de mal pour le créer », a-t-il fait savoir.

Lors de cette présentation, le public, composé de personnalités du monde de la culture telles que la slameuse Intissam, elle aussi connue par sa diversité culturelle et son empreinte dans la poésie comorienne n’a pas caché son enthousiasme. Les spectateurs ont été émus par la force des mots et la sincérité qui se dégageaient de chaque titre. « Il n’y a vraiment pas grand-chose à ajouter, et dans la résonnance, tout est merveilleux. Ce qui m’a le plus marqué c’est  qu’en écoutant attentivement il y a une touche particulière qui touche une île en particulier, chaque île est représentée à sa juste valeur », a décrit Lee Nossent.

Beaucoup ont salué la profondeur du projet, qui promet d’atteindre un public bien plus large à sa sortie officielle. Avec  Selebeyoon, Rahim semble avoir trouvé un équilibre subtil entre la tradition et la modernité, réunissant les âmes insulaires autour de messages universels qui résonneront bien au-delà des frontières des Comores. 

Inmadoudine Bacar

Après les éditions de Ngazidja et Ndzuani, la 3e édition du Disa Festival a atterri à Mwali pour la découverte des talents artistiques et culturels des jeunes comoriens. Lors d’une conférence de presse tenue, hier jeudi, à Fomboni Mohéli, les organisateurs de cet évènement ont annoncé les activités au programme.   

Le laboratoire d’expérimentation des flows réseau culture Hip hop océan indien a tenu une conférence de presse, hier jeudi 8 août à Mohéli, pour annoncer les activités prévues pour la troisième édition Disa Festival.

Après les éditions tenues à Ngazidja et à Ndzuani, Disa Festival s’est lancé le samedi 3 août dernier avec le groupe House Dance et Break au Clac de Nioumachoua et sera clôturé ce dimanche 11 août, à l’alliance française de Fomboni. En effet, le Disa Festival est un festival de culture, Hip hop et de danses, initiant toutes les disciplines de Hip hop en servant une partie de tradition des Comores.

C’est un festival qui se tient uniquement aux Comores, pour l’instant, afin de mettre en avant la culture Hip hop et les traditions et de créer des évènements des jeunes pour un mélange Hip hop. C’est un festival de culture Hip hop et de danses, de création des évènements pour accompagner les jeunes comoriens à se professionnaliser, et organiser des concours de danses pour les enfants.

Les organisateurs de cet évènement ont annoncé que les deux premières éditions ont connu des grands succès. Raison pour laquelle, cette troisième édition est une grande occasion pour découvrir les talents artistiques et culturels de l’île de Mohéli. La directrice de Disa Festival, Tatiana Panzani a présenté le programme de cette 3e édition.

« Ce samedi 10 août, un Battle de danses aura lieu à l’alliance française de Fomboni. Un prix de 50.000 kmf sera décerné au champion de Mohéli. La clôture de cette édition sera dimanche 11 août, à l’alliance française de Fomboni par la présentation de la tradition dans la culture urbaine, avec un court métrage de réalisateurs comoriens sur un thème culturel et artistique », a-t-elle annoncé. 

Abdoulandhum Ahamada

Dans le cadre du programme d’inscription des sultanats et Medina historiques des Comores dans la liste du patrimoine mondiale à l’UNESCO, le centre national de documentation et de recherche scientifique a organisé  vendredi dernier son premier atelier d’échanges et de partage des résultats de travaux des chercheurs et experts en charge des différents sites historiques en Union des Comores.

C’est dans une ambiance chaleureuse qu’a eu lieu le vendredi 2 août au centre national de documentation et de recherche scientifique (CNDRS). Une première présentation des travaux de recherche réalisés par les experts nationaux sur la sauvegarde et la suivie des traces dans les médinas et sultanats historiques des Comores pour la préparation du programme d’inscription au patrimoine mondial des Comores à l’UNESCO.

Cette cérémonie a été honorée de leurs présences par le chef de service de coopération et d’action culturelle en même temps conseiller à l’ambassade de France, Patrice Thevier, du directeur général du CNDRS Dr Toiwilou, des chercheurs  ainsi que des différents experts nationaux.

Dans son discours, le directeur du CNDRS a salué l’ambassade de France, premier partenaire de ce programme, et les chercheurs nationaux et internationaux pour leur travail ainsi que le personnel du CNDRS.

« Un grand remerciement à l’endroit de l’ambassade de France, pour son implication dans ce projet, et partenaire financier de ce programme. Ce projet va permettre en amont  au citoyen comorien d’apprendre la valeur historique de leur pays, ensuite la valorisation de ces patrimoines peut faire appel à de nombreuses subventions de la part de l’UNESCO et peut ensuite mettre en activité des attractions pour les jeunes », a expliqué le directeur du CNDRS, DR Toiwilou.

Le but de cet atelier est de permettre au partenaire tel que l’Ambassade de France d’observer de plus près les fruits des travaux lancés il y a trois mois de cela et la présentation du travail par les experts afin de déterminer les enjeux, difficultés rencontrées au cours des travaux.

Mais aussi, faire le suivi et l’évaluation du plan des activités réalisées et en cours de réalisation liées aux différentes études précitées. Pour Patrice Thevier, le patrimoine mondial mérite d’être conservé plus particulièrement des Comores car c’est une richesse. « Ce même atelier rentre aussi dans une coopération France-Comores qui offre une expertise à des jeunes Comoriens. Je suis heureux plus particulièrement que notre ambassade soutient ce projet honorable. À titre personnel, à chaque fois que j’ai rendu visite à l’un des Médinas j’ai toujours été stupéfait par la richesse que regorge les Comores », a-t-il témoigné.

Pour rappel, ce programme a été financé par l’ambassade de France à hauteur de 91 mille € répartis en deux pour l’île de Mohéli et  Anjouan et la grande Comores.

Pour les chercheurs et experts, parmi les nombres défis rencontrés il y a un non authenticité de certains sites dû à des travaux de rénovation initiés par les populations locales sans tenir compte de suivre le tracement original. D’autres déplorent un manque de responsabilité de la part des autorités locales qui laissent certaines parcelles historiques être mises dans le marché, cela même accélère la destruction de ses patrimoines dans la Médina de  Moroni et  Itsandra, la non coopération des habitants locaux qui nécessitent une sensibilisation.

Avant la clôture des travaux prévus ce mois d’août, divers travaux de réhabilitation sont importants avec des enquêtes aussi réfléchies pour reconstituer l’histoire. En somme, Dr Ouledi au nom du CNDRS s’est réjoui pour la mise en œuvre de ce projet visant à valoriser et à promouvoir le patrimoine national à travers la préservation et la conservation des médinas historiques jusqu’à l’inscription définitive à la liste du patrimoine de l’UNESCO. 

Inmadoudine Bacar

Comme chaque année, la fondation Mbae Trambwe organise la fête nationale du feu roi-poète et philosophe Mbae Trambwe, une légende de la poésie comorienne. « Mbae Trambwe et sa vision de la femme comorienne », tel est le thème choisi cette année qui vise à promouvoir la culture, l’histoire, et à valoriser la place de la femme comorienne.  

Trois jours d’activités pour marquer cette commémoration de grande envergure. Cette fête est lancée à travers une cérémonie au palais du peuple et clôturée ce dimanche par la cérémonie officielle. La célébration de Mbae Trambwe reste un évènement incontournable de par sa portée mémorielle, historique et culturelle. Elle intéresse l’éducation et le tourisme des Comores et offre aux jeunes l’opportunité de connaître le mode de vie et l’originalité de l’histoire des Comores.

Ainsi, pour cette 39ème édition de la fête nationale Mbae Trambwe, la fondation a choisi le thème « Mbae Trambwe et la vision de la femme comorienne ». Un thème qui reflète la pensée de Mbae Trambwe vis-à-vis de la valeur des femmes et de leur place dans la vie sociale. Lors de la première journée du lancement des activités, au palais du peuple, la présidente de la fondation Mbae Trambwe Moinahalima Bahassani Saïd a souligné l’importance de cette journée malgré le manque d’implication du gouvernement pour valoriser l’histoire de ce philosophe et poète comorien.

« La fête nationale Mbae Trambwe est un évènement historique des Comores. Cet événement permet de faire un rappel à la vie du poète et philosophe comorien Mbae Trambwe. C’est l’un des icônes de l’histoire des Comores. Mbae Trambwe a donné sa vision et ses conseils à la femme comorienne. Malgré les efforts déployés par cette grande personnalité, cette fête demeure locale et est célébrée par la ville de Kwambani Wachili. Les gouvernements qui se succèdent ne s’impliquent pas. Pourtant, le régime Azali 1 l’a déclaré nationale », a regretté la présidente.

Quant à la ministre de la culture, représentée par sa directrice générale de la culture, Wahidat Tadjidine, les femmes contribuent inlassablement dans plusieurs secteurs sociaux en innovant tout en respectant les racines. « Les contributions des femmes dans la littérature, l’art, la musique et d’autres formes d’expression culturelle sont des témoignages vivants de leur créativité et de leur dévouement à notre héritage. Elles enrichissent notre société par leur perspective unique et leur capacité à innover tout en respectant nos racines », a indiqué Wahidat Tadjidine.

Abdoulandhum Ahamada

Avril dernier, la scène musicale comorienne  a  été brièvement secouée par le départ surprise des deux artistes emblématiques, du label Twamaya House, plus précisément Fahid et Pedro Karim. Deux mois après, ces artistes talentueux qui ont pris des chemins séparés  continuent d’enrichir le paysage musical avec leurs projets individuels.

Longtemps absent, Pedro Karim, demi-finaliste de la première édition Nyora a sorti « Tsi denge ». Pour raviver les cœurs et les oreilles de ses fans, ce dernier avait annoncé une nouvelle chanson en début du mois de juin. Chose promise, chose faite.  En ce début de mois,  le géant de sa génération du style Afro soul, Pedro Karim a rapidement sorti son single intitulé « Tsi denge », qui a déjà commencé à attirer l’attention. « Tsi denge » est un mélange audacieux de rythmes traditionnels et modernes, reflétant la polyvalence et l’innovation de Pedro Karim en tant qu’artiste.

Sorti le 2 juin dernier, elle a déjà cumulé plus 7,4k de vues sur You tube. Grâce à sa capacité à fusionner des genres et à créer des morceaux accrocheurs, il a  démontré une fois de plus son talent indéniable et sa vision artistique. Ce nouveau single, parle de la trahison après tant d’années de relations. Toutefois, cette trahison lui a servi de leçon.

De son côté Fahid le Bled’Art, lauréat de la première édition Nyora, qui, avait annoncé une collaboration  entre lui et une société d’édition musicale francaise intitulée ‹‹ We Plan›› après avoir rompu avec le Label Twamaya House, a rapidement annoncé la sortie de son prochain titre, «Wahariri», prévu pour le 7 juin prochain.

Fahid connu sur la scène musicale après avoir remporté le prix de la première édition Nyora, et pour son style unique et sa voix captivante. Ce morceau qu’il a annoncé et très attendu,  promet de dévoiler une nouvelle facette de l’artiste, qui semble déterminé à explorer de nouvelles sonorités et à repousser les limites de sa créativité. Les fans de Fahid sont impatients de découvrir ce que leur idole a préparé, espérant que « Wa hariri » marquera un nouveau tournant dans sa carrière déjà impressionnante. « J’ai une nouvelle excitante à partager avec vous. Wa hariri », mon prochain single arrive ce vendredi 07 juin. Je suis impatient de partager cette nouvelle chason avec vous. (…), d’autres surprises vous attendent. Restez à l’écoute. L’aventure continue ! », a annoncé Fahid le Bled’art.

Le départ de Fahid et Pedro Karim de Twamaya House marque un tournant important dans leurs carrières respectives. Ces décisions stratégiques pourraient bien leur permettre de s’exprimer de manière plus personnelle et authentique, en dehors des contraintes d’un label unique. Le public attend avec impatience de voir comment ces artistes continueront à évoluer et à contribuer à la scène musicale. La sortie de « Wa hariri » de Fahid et le succès déjà établi de « Tsi denge » de Pedro Karim illustrent parfaitement leur capacité à se réinventer et à captiver leurs auditeurs. Les mois à venir s’annoncent passionnants pour les fans et les observateurs de la musique, qui suivront de près les prochaines étapes de ces deux artistes prometteurs.

Inmadoudine Bacar

La compagnie Tcheza  créée par Salim connu sous le nom de Seush en collaboration avec Lalanbik, un centre de chorégraphie de l’océan Indien, a, hier convié la presse pour annoncer le lancement d’un nouveau  projet de création intitulé « Océan indien ». Un projet de danse contemporaine et chorégraphique qui réunit des danseurs des pays de l’Océan Indien pour créer une pièce d’identité unique qui reflète la culture de ces pays.

Lalanbik est une structure renommée pour son soutien aux arts et à la culture dans la région de l’Océan Indien. Elle s’est associée  avec Tcheza, dans le but de soutenir un projet innovant de Seush, artiste et chorégraphe comorien de renom qui vise à créer avec un mélange de crump et hip-hop une pièce de danse qui révèlera une identité unique et riche que possèdent les pays de l’Océan Indien.

Ce partenariat va au-delà à créer une plateforme où la diversité et la richesse des cultures des pays de l’océan Indien  pourront s’exprimer à travers la danse.

Avant la création de ladite pièce, des résidences sont d’ores et déjà eu lieu et d’autres sont prévues afin de permettre la réussite de celle-ci.

En novembre 2023, il y a eu la première résidence à la Réunion, ensuite la deuxième qui aura  lieu le samedi prochain à l’Alliance Française de Moroni et une dernière avant la grande pièce prévue en octobre 2024 à même la Réunion.

Parmi les danseurs retenus pour cette nouvelle aventure, on retient Mohamed de  guerre et Omar Nael qui représentent les Comores, Cécile Vitry de La Réunion, Marie Wenda Anastasia de l’île  Maurice et enfin Julienne Njarasambratra de Madagascar. Tous ces talents sont réunis pour un seul et unique but : faire valoriser la culture de ces 4 pays de l’Océan Indien réunis en faisant une fusion artistique unique et spectaculaire.

Seush, fondateur de Tcheza et initiateur du projet croit en une cohésion des cultures de cette zone de l’Océan Indien. « J’ai eu la chance de parcourir un peu partout dans ces pays et j’ai toujours su qu’il existait quelques chose de commun en nous et pour cela, j’ai toujours dit qu’un jour je devrais créer quelque chose qui  révélera au monde que cette zone de l’Océan Indien ne fait qu’une. Et, ce projet a pour ambition de mettre en lumière les talents émergents tout en favorisant les échanges culturels et artistiques. 

Il vise aussi  à transcender les frontières géographiques et culturelles pour créer un dialogue artistique entre les îles de l’océan Indien et  c’est une occasion pour les artistes de se rencontrer, de collaborer et de s’inspirer mutuellement », a expliqué Seush.

Pour Valerie Lafont, directrice de Lalanbik, le  soutien de son agence est crucial pour la réalisation de cet événement. Connu pour son engagement en faveur de la culture et des arts, Lalanbik apporte  une aide financière estimée à hauteur de 80 mille euros qui vise à soutenir les dépenses liées au voyage, les prises en charge des danseurs et de tous les auteurs clés pour la réalisation du projet qui, espère à l’avenir permettre des tournées à l’échelle internationale mais aussi de soutien logistique et technique. « Nous sommes ravis de soutenir cette initiative qui met en avant la richesse culturelle de cette région », a-t-elle affirmée.

Cet événement de danse chorégraphique promet d’être un moment fort. Les amateurs de danse et les curieux sont invités à assister à ce spectacle unique qui promet d’être une véritable célébration de la diversité et de la créativité, ce samedi à l’Alliance de Moroni.

Inmadoudine Bacar

En visite en Ouganda, le ministre comorien de la culture, Djaanfar Salim Allaoui, s’est entretenu avec le professeur Opio Okaka, président du conseil d’administration du centre culturel national ougandais. Les deux hommes se sont convenus à resserrer les liens binationaux à travers l’art et la culture.

C’était le 7 mai dernier quand le ministre comorien de la culture a effectué une visite au Théâtre national Ougandais. Dans cette foulée, les deux pays se sont convenus de renforcer leur relation et de mettre en valeur leurs expressions cultures. « Nous visons à créer une relation solide avec l’Ouganda, principalement à travers les arts et la culture », a déclaré Djaanfar Salim Allaoui. Le ministre a souligné ainsi la potentielle démographie ougandaise pour le renforcement des relations à travers la promotion de la culture.

Joyeux, le ministre s’engage à planifier une autre visite devant permettre de définir les stratégies pour des événements communs visant à célébrer et mettre en valeur les cultures de deux pays.

De son côté, le président du conseil d’administration du centre culturel national ougandais, Opio Okaka a manifesté sa joie quant à la perspective de voir les deux nations (Comores-Ouganda) exposer leur cuisine, mode, danse, musique et bien d’autres lors des événements culturels. 

« Nous sommes heureux à tous nos festivités et événements où l’art et la culture sont célébrés. Nous serions contents d’assister à vos événements culturels aux Comores comme en Ouganda », a indiqué Opio Okaka avant de s’engager à soutenir toutes les activités artistiques et culturelles organisées par les Comores et l’Ouganda. « Il faut consolider cette relation naissante », a-t-il soutenu.

Il est à retenir que lundi dernier, accompagné de Soilhiya Achirafi et Mme Abkariat Moindjie, respectivement directrice de l’entrepreneuriat féminin et directrice régionale de l’emploi et du travail, le ministre de l’emploi et du travail, Djaanfar Salim Allaoui a honoré de sa présence à la cérémonie de lancement du programme « réécrire son destin ». Le ministre a souligné l’engagement des Comores en faveur de l’autonomisation des femmes, affirmant que « la formation dispensée, contribuera grandement à cet objectif. »

Nassuf. M. Abdou

De retour aux Comores après une tournée effectuée dans des Salles européennes, entre la France et la Belgique, l’artiste slameur Rahim Elhad connu dans la scène sous le pseudonyme du « Parolier du Karthala »  revient sur les moments vécus dans les scènes pendant cette tournée et qui combine entre sa passion et son amour  envers le slam. Interview.

Que pouvez-vous nous dire  de votre tournée en Europe? Comment  s’est-elle déroulée par rapport à d’autres que vous avez déjà eus auparavant ?

D’abord j’étais invité dans l’AJC (Agora des Jeunes Citoyens), un festival organisé par le BIJ (bureau internationale jeunesse) en Bruxelles en Belgique. On postulait aussi pour des projets d’engagement citoyen et donc j’y étais présenter un projet culturel intitulé ‹‹Festival International Bangwe de l’Oralité››. En plus de cela,  j’y étais aussi en tant qu’artiste slameur donc à la fois jeune acteur de changement mais aussi artiste slameur. Pendant ce temps, il y a eu un autre événement qui mavait des liens avec AJC qu’on appelait ‹‹la Conférence européenne de la jeunesse››, et dans celle-là,  j’étais invité en tant qu’artiste pour aller prester. Entre temps, il y a eu d’autres dates mais en dehors de ces événements que j’ai aussi participé. En gros, j’avais quatre dates en Belgique, deux en France. J’en ai profité aussi pour faire des prestations qui n’étaient pas prévues comme celui du Salon du livre Africain de Paris. Et  j’ai profité de l’occasion pour présenter mon album prévu de sortir bientôt.

Alors à titre de comparaison, c’est vrai que j’ai participé à pas mal d’évènements un peu partout dans le monde mais on ne peut pas les comparer car, chaque événement, chaque festival à sa nature, son objectif et son âme. Ce qui est certain, et dans l’organisation de mon accueil et mes performances à moi sur scène tout ça s’est bien déroulé.

S’agit-il d’une invitation en tant qu’artiste international ou une compétition avec plusieurs autres artistes ?

Alors il y’avait  d’une part un appel à projet que j’avais postulé donc j’étais là pour présenter le mien, et d’autre part, il s’agissait d’une invitation en tant qu’artiste et j’étais le seul, c’était un peu mélangé des deux. Donc pour les évènements j’étais l’unique artiste  présent et les autres c’étaient des jeunes acteurs et détenteurs de projets. Par contre en dehors de ces événements il y avait le « Cabaret fait son cinéma » où j’ai dû prester aussi il y avait d’autres artistes.

Pour vous le slam est plus un métier, une passion ou juste du loisir ?

Le slam avant tout  c’est une passion qui m’anime depuis toujours. Et là avec le temps il est devenu un second métier dans le sens où je gagne de l’argent avec. Même si je ne le fais pas pleinement aussi.

Certains artistes slament pour la liberté, d’autres pour le moral ou la conscientisation d’un peule. Avez-vous un style particulier auquel vous suivez ?

Disons que je fais un peu de tous, ça dépend de l’inspiration. Mais en général, j’insiste sur l’identité culturelle, c’est-à-dire, que je slame pour me présenter en parlant de moi, mes rencontres et mes expériences même mon projet à venir qui s’appelle « Selebeyoon ». Je parle de moi, de mes rencontres. On peut dire que je suis dans pas mal de thématiques aussi entre autres les viols, les enfants de la rue, l’engagement des jeunes mais au dépit de tous cela, je reste focus beaucoup plus sur mon identité culturelle par exemple,  de l’identité Africaine etc.

Le slam n’étant toujours pas promu dans la scène nationale en tant que tel.  Que pouvez-vous nous dire face à cela ?

Le slam il est promu dans la scène nationale aujourd’hui  par rapport aux années précédentes. Moi je connais des slameurs de la place qui se sont déjà faits des noms dans le milieu et continuent encore jusqu’aujourd’hui. Maintenant par contre on peut dire qu’il y a un manque d’encadrement et de cohésion, c’est-à-dire, que chacun bosse dans son coin contrairement à mes débuts à moi par exemple où il y avait une scène qui rassemblait presque tout le monde et on savait comment les choses évoluaient, on apprenait ensemble aussi. Donc je dirai plutôt qu’il s’agit d’un manque de ce que l’on peut appeler l’esprit d’équipe voilà mais sinon y’en a plusieurs qui slament aussi.

À l’échelle internationale, vous représentez les Comores, quelles sont vos relations avec le public que ce soit ici ou ailleurs ? Et pour finir que pouvez-vous donner comme conseil à tous les passionnés de cet art ?

À l’extérieur comme ici dans le pays, mes relations avec le public sont toujours bonnes. Chaque prestation, je prends un moment, j’échange avec tout le monde que ce soit ici ou ailleurs et ça va, je m’entends avec tout le monde.

En matière de conseil, je dirais qu’une fois passionné par le slam, il faut l’être à 100% parce que ça demande énormément de temps, de la patience et beaucoup de sacrifice aussi après voilà quoi…

Propos recueillis par Inmadoudine Bacar

Étoile brillante du moment dans le slam, Rahim El-Had dit le parolier du Karthala est l’invité d’honneur à la conférence européenne de la jeunesse à Bruxelles et à l’Agora en Belgique. Une invitation qui permettrait «   le parolier du Karthala »   de faire encore une fois preuve de son talent artistique  devant les  60 autres jeunes invités.

Au sommet de son art sur le  slam, Rahim El-Had connu par son pseudonyme « le parolier du Karthala », est  en tournée en Europe depuis le début du mois de mars en marge de la conférence européenne de la jeunesse.

Il est invité  à Bruxelles et à l’Agora  jeune citoyen  international. Une opportunité pour cet artiste d’échanger, de collaborer et se former avec les autres délégations composées de 60 jeunes du monde qui ont reçu également l’invitation.

Le jeune slameur qui a ébloui des grands jurys  internationaux résume sans détour les résultats attendus de sa participation à cet événement international. « Ces événements offriront une plateforme unique pour partager mon art, mes idées et notre identité culturelle comorienne avec un public international diversifié. Certes, c’est une opportunité pour moi mais aussi pour le pays »,  laisse entendre le parolier du Karthala.

Rahim El-had, un jeune slameur d’origine comorienne a un carnet d’adresse bien fourni après ses multiples tournées en Europe dans les grandes compétitions internationales avec lesquelles, il a participé  en honorant le drapeau comorien.

Il promet dès son retour au pays d’apporter des nouvelles aspirations et perspectives à son art, tout en renforçant des liens.

Il y a lieu de rappeler que l’engagement pour la promotion de la culture comorienne et artistique  vaut  à ce jeune natif de Mbeni sa méritocratie reconnue partout dans le monde.

Nassuf.M.Abdou