Mutsamudu se donne au Streets-art. Deux fresques murales marquantes, deux grands géants voient le jour au bâtiment colonial en face du port et à l’Alliance Française. C’est une équipe de l’île de la Réunion qui travaille et s’inspire, dans les croyances et la culture de l’Océan Indien.

Nés en 1984 et en 1983, à Saint-Denis, Jean-Sébastien Clain et Yannis Nanguet se rencontrent et décident de former le duo Kid Kréol & Boogie en 2008. Le travail de ces derniers consiste à faire des graffitis format XXL.
« Nous n’avons pas pu partir pendant 2 ans à cause du COVID-19. Nous sommes d’abord passés à un festival de Musique sur la scénographie, l’habillage de scène, avec l’Association Mlezi Maoré et nous sommes venus. À Moroni, nous étions partis avec Iconitech qui est l’historique de l’Océan indien. Nous avons fait une fresque au Ccac Mavouna » rappelle la chargée de Production, Morgane CARTRON et fait savoir que « C’est une invitation de la part de l’Alliance Française de Mutsamudu », dit-elle.
« Les dessins ne sont pas forcément préparés en amont. Pour gagner du temps, parce que le mur est très grand, nous avons fait des photos sans rien d’abord. Les artistes ont dessiné sur la tablette pour savoir comment ça se composait un peu et pour que ça couvre tout le mur », explique-t-elle et confie que « Il y a eu un soir, nous sommes venu de nuit et avec un petit projecteur, ils ont projeté leur dessin du mur pour que ça soit proportionnel. Pour la couleur, ils sont là depuis 2 jours sans savoir ce qu’il peut faire et là, ils ont décidé de mettre un peu de couleur. C’est sans préparation », dit-elle. Elle-même explique que « dans le street-art, c’est aussi faire quelque chose dans la rue, et le risque qu’il y a quelque chose qui se passe derrière. Après, quand ce sont de beaux dessins, bien fait, les gens sont assez respectueux et n’y vont pas. Si c’est un artiste qui vient compléter le dessin, pourquoi pas, mais si c’est pour marquer des insultes, je pense que c’est tout le monde qui est choqué », nous apprend-on. Pour leur part, les artistes, Kid Kreol et Boogie sont actifs dans le milieu du street-art et consacre leur temps à manipuler 5 couleurs pastel à part le rouge et le blanc.
Il explique que « il y a une étape avant l’idée. Par exemple, pour ce mur, c’est l’Alliance Française en collaboration avec la commune qui a trouvé le mur et nous a envoyé les photos. Nous n’avons pas forcément réalisé la dimension. Nous sommes arrivés pour voir le mur. À chaque fois, on s’adapte à la surface. Nous sommes plus sur la poétique du paysage. Nous avons décidé de faire une île comme un géant dormant », confient les artistes et expliquent que « pour nous, pour la culture réunionnaise, la mer, dans l’imaginaire, c’est un danger. L’île la plus proche est Maurice et pour y aller, tu passes une nuit dans la mer. Dans le quotidien des gens depuis le début, depuis 300 ans, les gens n’ont pas l’habitude de prendre la mer pour communiquer avec les autres îles. Pendant l’esclavage, l’espace de la liberté, c’était la montagne », disent-ils. C’est une fresque murale, en face du port, de 20 mètres sur 4 mètres donnant sur la mer. Un beau mur en fond et noir et un coucher du soleil coloré.
À Mutsamudu, on dit qu’ « On a l’impression de s’immerger dans les détails des montagnes ». Et pour eux, ces dessins ont une influence culturelle. « Nos dessins sont influencés par notre culture, notre génétique. Notre projet, Kid Kreol et Boogie a débuté en 2008. Pendant presque 10 ans, nous avons utilisé que du noir et blanc, quelques fois du rouge et du doré parce que ce sont les couleurs proches du sacré. Après les gens sont venus nous demander pourquoi ne vous faites pas de la couleur, etc. Il fallait que la couleur ait du sens dans la peinture. Il ne faut pas mettre de la couleur juste pour mettre de la couleur. Maintenant, il y a comme une avancée dans notre recherche », confient-ils.
Ahmed Zaidou