De retour aux Comores après une tournée effectuée dans des Salles européennes, entre la France et la Belgique, l’artiste slameur Rahim Elhad connu dans la scène sous le pseudonyme du « Parolier du Karthala » revient sur les moments vécus dans les scènes pendant cette tournée et qui combine entre sa passion et son amour envers le slam. Interview.
Que pouvez-vous nous dire de votre tournée en Europe? Comment s’est-elle déroulée par rapport à d’autres que vous avez déjà eus auparavant ?
D’abord j’étais invité dans l’AJC (Agora des Jeunes Citoyens), un festival organisé par le BIJ (bureau internationale jeunesse) en Bruxelles en Belgique. On postulait aussi pour des projets d’engagement citoyen et donc j’y étais présenter un projet culturel intitulé ‹‹Festival International Bangwe de l’Oralité››. En plus de cela, j’y étais aussi en tant qu’artiste slameur donc à la fois jeune acteur de changement mais aussi artiste slameur. Pendant ce temps, il y a eu un autre événement qui mavait des liens avec AJC qu’on appelait ‹‹la Conférence européenne de la jeunesse››, et dans celle-là, j’étais invité en tant qu’artiste pour aller prester. Entre temps, il y a eu d’autres dates mais en dehors de ces événements que j’ai aussi participé. En gros, j’avais quatre dates en Belgique, deux en France. J’en ai profité aussi pour faire des prestations qui n’étaient pas prévues comme celui du Salon du livre Africain de Paris. Et j’ai profité de l’occasion pour présenter mon album prévu de sortir bientôt.
Alors à titre de comparaison, c’est vrai que j’ai participé à pas mal d’évènements un peu partout dans le monde mais on ne peut pas les comparer car, chaque événement, chaque festival à sa nature, son objectif et son âme. Ce qui est certain, et dans l’organisation de mon accueil et mes performances à moi sur scène tout ça s’est bien déroulé.
S’agit-il d’une invitation en tant qu’artiste international ou une compétition avec plusieurs autres artistes ?
Alors il y’avait d’une part un appel à projet que j’avais postulé donc j’étais là pour présenter le mien, et d’autre part, il s’agissait d’une invitation en tant qu’artiste et j’étais le seul, c’était un peu mélangé des deux. Donc pour les évènements j’étais l’unique artiste présent et les autres c’étaient des jeunes acteurs et détenteurs de projets. Par contre en dehors de ces événements il y avait le « Cabaret fait son cinéma » où j’ai dû prester aussi il y avait d’autres artistes.
Pour vous le slam est plus un métier, une passion ou juste du loisir ?
Le slam avant tout c’est une passion qui m’anime depuis toujours. Et là avec le temps il est devenu un second métier dans le sens où je gagne de l’argent avec. Même si je ne le fais pas pleinement aussi.
Certains artistes slament pour la liberté, d’autres pour le moral ou la conscientisation d’un peule. Avez-vous un style particulier auquel vous suivez ?
Disons que je fais un peu de tous, ça dépend de l’inspiration. Mais en général, j’insiste sur l’identité culturelle, c’est-à-dire, que je slame pour me présenter en parlant de moi, mes rencontres et mes expériences même mon projet à venir qui s’appelle « Selebeyoon ». Je parle de moi, de mes rencontres. On peut dire que je suis dans pas mal de thématiques aussi entre autres les viols, les enfants de la rue, l’engagement des jeunes mais au dépit de tous cela, je reste focus beaucoup plus sur mon identité culturelle par exemple, de l’identité Africaine etc.
Le slam n’étant toujours pas promu dans la scène nationale en tant que tel. Que pouvez-vous nous dire face à cela ?
Le slam il est promu dans la scène nationale aujourd’hui par rapport aux années précédentes. Moi je connais des slameurs de la place qui se sont déjà faits des noms dans le milieu et continuent encore jusqu’aujourd’hui. Maintenant par contre on peut dire qu’il y a un manque d’encadrement et de cohésion, c’est-à-dire, que chacun bosse dans son coin contrairement à mes débuts à moi par exemple où il y avait une scène qui rassemblait presque tout le monde et on savait comment les choses évoluaient, on apprenait ensemble aussi. Donc je dirai plutôt qu’il s’agit d’un manque de ce que l’on peut appeler l’esprit d’équipe voilà mais sinon y’en a plusieurs qui slament aussi.
À l’échelle internationale, vous représentez les Comores, quelles sont vos relations avec le public que ce soit ici ou ailleurs ? Et pour finir que pouvez-vous donner comme conseil à tous les passionnés de cet art ?
À l’extérieur comme ici dans le pays, mes relations avec le public sont toujours bonnes. Chaque prestation, je prends un moment, j’échange avec tout le monde que ce soit ici ou ailleurs et ça va, je m’entends avec tout le monde.
En matière de conseil, je dirais qu’une fois passionné par le slam, il faut l’être à 100% parce que ça demande énormément de temps, de la patience et beaucoup de sacrifice aussi après voilà quoi…
Propos recueillis par Inmadoudine Bacar