Dans le paysage artistique comorien, Bacar Nawiya, slameuse talentueuse, s’impose avec ses mots percutants et son style unique. Nous avons eu l’honneur dans cet entretien de discuter avec elle sur son parcours, ses inspirations, et la manière dont elle utilise l’art du slam pour exprimer des réalités parfois oubliées. Découvrez ses réflexions à travers cette interview exclusive, où chaque réponse dévoile un peu plus l’âme de cette artiste en pleine ascension.
Quand avez-vous débuté le slam. Et Qu’est-ce qui vous inspire le plus dans cet art ?
J’ai commencé le slam quand j’étais en classe de seconde, il y a 13 ans. Et ce qui m’a vraiment plu, c’est le fait de pouvoir donner des émotions à travers des mots
Le slam pour vous est plus un métier que passion ou l’inverse ?
C’est une passion qui génère des fois de l’argent, mais pas forcément un métier.
Comment décririez-vous l’évolution de la scène slam dans votre pays ?
Il y a de plus en plus de jeunes slameurs, de très talentueux et qui persévèrent. Ça fait plaisir de voir le slam se vulgariser.
Sur votre dernier opus, vous abordez des thèmes concentrés sur la femme entre autres violences des droits de femmes, mal de vivre de la femme Comorienne etc… Pourquoi le choix de ce sujet ?
C’est une cause qui me tient beaucoup à cœur, c’est également une succession d’autres projets précédents notamment des témoignages et des sensibilisations. Sortir un EP sur ces thématiques-là me semble être là une suite logique.
En tant que femme, issue d’une société peu tolérante sur le rôle et l’implication de la femme au-devant de la société, n’avez-vous pas peur des regards, critiques ou jugements à votre égard ?
Les jugements il y en a eu, il y en a et il y en aura toujours. J’avoue qu’il faut vraiment un mental d’acier pour faire face à cela, mais quand on adhère un choix, il faut savoir assumer les aspects positifs ainsi que les négatifs.
Dans ce même album vous parlez sur l’un des titres de l’octobre rose, une histoire en particulier. Qu’avez-vous à dire de plus à ce sujet aux femmes surtout la Femme Comorienne ?
Non c’est totalement fictif. Mais je suis convaincue qu’ici ou ailleurs, au moins une femme vit la même histoire. Je sais que le Cancer du sein fait des ravages et personne n’est épargnée, j’en profite pour sensibiliser et encourager les femmes comoriennes à se faire dépister, et à écouter leur corps.
Pensez-vous que le slam a un rôle social à jouer ? Si oui, comment ?
Je pense que toute action a un impact dans la société. Aussi petit soit-il. Toutefois, je ne veux pas attribuer au slam ce rôle, au risque de le coincer dans une cage. Nous aimons être libres. Le slam « peut » jouer un rôle social et il le fait avec brios. Qu’on le veuille ou non le Slam peut se faufiler partout, et il est donc très facile de l’utiliser comme canal afin de véhiculer des messages et sensibiliser sur certains sujet. Cependant il ne se limite pas à cela, ça reste un art avec des artistes passionnés derrière.
En tant que l’une des rares femmes aux Comores à poursuivre et progresser dans cet art, Comment gérez-vous la pression de se produire devant un public tout en restant fidèle à vos émotions et vos idées ?
Tout dépend du texte si je le maitrise ou pas ou du nombre de textes etc… Et puis je suis une passionnée, tout ce que je veux c’est faire ma prestation, partager ce que j’ai à dire et m’en aller. Je le fais souvent pour moi. Il y a plusieurs genres de public, il faut savoir prendre du recul et agir en fonction de ces derniers. C’est comme ça que j’arrive à gérer.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent se lancer dans le slam ou la poésie ?
Je leur dirai, de ne pas faire du slam par effet de mode, ou par option, d’y mettre le cœur et de persévérer.
Quels sont vos projets futurs ? Avez-vous des collaborations ou des performances à venir ?
Oui je suis en train d’écrire mon prochain recueil, il y aura des titres qui vont sortir ici et là, je l’espère, il y a des scènes prévues également, et dans l’associatif Kam’art Culture, nous préparons la prochaine édition de Slam à l’Ecole.
Propos recueillis par Inmadoudine Bacar