ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

La très attendue, la politique générale de l’Etat, a été présentée lors du conseil des ministres dirigé par le président de la République jeudi dernier à Iavoloha. Le document « donne les directives et les trajectoires pour l’atteinte des objectifs de l’émergence afin de bâtir une nation forte, prospère et solidaire », a déclaré Andry Rajoelina lors de sa présentation.

 

En quatre pages, il résume les grandes lignes du programme et donc les priorités du président malgache dans l’atteinte de ses promesses électorales et de ses grands défis de développer le pays.

Des hélicoptères pour les forces de l’ordre et « réforme de la justice »

 

L’instauration de la paix et de la sécurité figure en effet en tête de liste. Lors de sa campagne comme durant son investiture, Andry Rajoelina, a fait savoir que c’est « une priorité absolue » tout comme l’effectivité de l’Etat de droit d’ailleurs. « Notre objectif est de garantir la paix durable dans le pays », a lancé le président. Pour ce faire, il prévoit entre autres de doter d’hélicoptères les forces de l’ordre, d’arrêter immédiatement toute exportation de bovidé, de mettre en place un système de surveillance des bétails et de leurs mouvements, d’installer des brigades spéciales d’intervention tous les 150 km et surtout d’apporter des « réformes dans le milieu de la justice ».

 

Le deuxième point porte sur « L’énergie et l’eau pour tous » avec comme objectif de rendre deux fois plus important la production énergétique et de réduire le tarif de l’énergie sous 5 ans. Et ce n’est qu’au troisième point que figure la « lutte contre la corruption ». La tolérance zéro sera en effet de mise. « Tous les responsables doivent être des modèles d’intégrité et de droiture. Ceci est un gage de la restauration de la confiance envers l’Etat, garant de la paix sociale », a indiqué le président. Il évoque entre autres le renforcement de contrôle de la procédure des marchés publics, l’égalité des chances dans l’accès aux concours administratifs, des sanctions pénales exemplaires pour tout agent de l’Etat coupable de détournement de deniers publics…

 

Andry Rajoelina promet notamment l’« Education pour tous » dans le quatrième point du programme général de l’Etat. Sur ce, aucune mention sur une éducation gratuite, mais l’accès y est garanti par l’Etat et est obligatoire pour les jeunes. En guise de réforme, il mentionne toutefois « La mise en place des centres de formation et d’orientation dès la classe de 3ème. La création des universités dans chaque chef-lieu de région » lancé lors de la campagne ne semble pas figurer dans ce volet. Toutefois, le chef de l’Etat priorise la « modernisation des infrastructures et des outils de formation dans les établissements d’enseignement général, de formation professionnelle et dans les universités ».

Nouvelles villes et nouvelle région administrative spéciale

Concernant la santé, le président annonce l’instauration d’une « prise en charge des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes ainsi que les personnes âgées de plus de 65 ans ». Le régime envisage aussi d’augmenter le budget alloué à la santé publique. Cela sans aucune mention de la gratuité des soins dans les hôpitaux publics. Ce n’est qu’au 11ème point de ce programme qu’on retrouve « La promotion de l’habitat et la modernisation de Madagascar » avec la création de nouvelles villes « Tanamasoandro » pour Antananarivo qui « débutera dès cette année ». « De nouvelles villes seront créées dans les anciens chefs-lieux de province. Et en cinq ans, 50 000 logements seront créés. Toujours dans ce volet « Promotion de l’habitat et modernisation de Madagascar », le président Andry Rajoelina a évoqué de l’étude de « dotation de Nosy-Be Hell-Ville et de Sainte-Marie d’un nouveau statut de région administrative spéciale ».

 

Il y est également mentionné la construction et réhabilitation de quatre routes : la RN44, la RN13, la RN5a et la RN6 (tronçon Ambanja-Antsiranana). Le Chef de l’Etat a également mentionné la poursuite de la « distribution des « titres fonciers » que le régime Rajaonarimampianina a élaboré. Concernant « L’autonomie et la responsabilisation des collectivités territoriales décentralisées », le nouveau président malgache a confirmé « la mise en place d’un gouvernorat de région ». « Chaque gouvernorat pourra de manière autonome élaborer des projets de développement répondant aux réalités de sa région, mobiliser les ressources supplémentaires et rattraper son retard de développement dans tous les domaines : santé, infrastructure, éducation, économique et socio-culturel ».

Construction de Manjakamiadana et « centrale de l’or et des pierres précieuses »

Le Sport et la culture figurent aux derniers points des priorités du président de la République. Néanmoins, dans ce dernier volet, il réitère son objectif de terminer le projet de reconstruction et de réhabilitation du palais de la Reine avant le 26 juin 2020 et la création d’une « Académie nationale des arts et de la culture » pour revaloriser la culture, la tradition et les us et coutumes malgaches. Pour le petit bonheur de nos sportifs, il indique la construction d’une « académie nationale de sports de haut niveau » et la promotion des « athlètes et sportifs de haut niveau ».

La « gestion durable et la conservation de nos ressources naturelles », l’objectif d’atteindre une « autosuffisance alimentaire » ou encore la promotion de « l’industrie touristique » et « l’industrialisation » tout court ainsi que « L’emploi décent pour tous » ne sont pas en reste. Mais concernant notamment la « gestion de nos ressources minières », Andry Rajoelina a indiqué que « la mise en place de la centrale de l’or et des pierres précieuses » constitue, entre autres, les axes majeurs de son programme pour « une plus grande contribution du secteur minier dans la croissance du PIB du pays ».

Source : Tribune de Madagascar

 Pety Rakotoniana n’est pas prêt de sortir de prison. Le Tribunal de première instance d’Antananarivo a rendu son verdict hier quant à l’affaire impliquant ce président national du parti Tambatra et de son proche collaborateur, Félix Rajoharison alias Rainidina. L’ancien maire de Fianarantsoa a été condamné à un an de prison ferme pour atteinte à la sureté de l’Etat alors que son ami écope de 18 mois de prison avec sursis.

L’ancien bras droit du regretté Manandafy Rakotonirina, incarcéré depuis octobre 2018 devra ainsi voir son séjour prolongé à la maison d’arrêt d’Antanimora. Intention de création d’un Etat dans un Etat dans le concept de Fanjakana Gasy, telle était la principale charge contre lui.

Lors de son dernier procès, les représentants de la Primature qui ont porté plainte contre les deux membres du « Hetsika ho fanarenena ifotony » (HFI) n’ont pourtant pas pu fournir des preuves tangibles sur la réelle implication des mis en cause dans cette tentative de coup d’Etat. Pety Rakotoniaina pour sa part avait refusé les accusations contre lui. Le HFI qu’il dirigeait n’aurait rien à voir avec le concept Fanjakana Gasy, a-t-il soutenu.

Pety Rakotoniaina, n’en est pas à sa première condamnation. Sous le régime de Marc Ravalomanana, le président national du Tambatra a déjà été arrêté et condamné à un an d’emprisonnement pour troubles aux élections communales de 2005, interpellé par deux fois pour des tentatives de perturbation de la présidentielle de 2006. Condamné à dix ans d’emprisonnement pour vols de voitures administratives et sa participation à la tentative de coup d’Etat avorté à la Bani Ivato en 2008, il a été par la suite gracié sous le régime de Transition d’Andry Rajoelina.

Les partisans de Pety Rakotoniaina perçoivent pourtant ce verdict comme une condamnation à caractère politique. Ils rappellent qu’au mois d’août 2018, Pety Rakotoniaina s’est rendu auprès de la Haute Cour Constitutionnelle pour demander l’avis de cette dernière sur la juridiction devant laquelle l’on pourrait déposer une plainte contre Andry Rajoelina. L’ancien Maire de Fianarantsoa avait en effet accusé Andry Rajoelina de détournement et d’enrichissement illicite durant la Transition.


La Haute Cour de Justice a reçu quatorze dossiers en neuf mois

 

Quatorze (14) dossiers ont été reçus auprès de la Haute cour de justice (HCJ) depuis sa mise en place au mois de juin 2018, a déclaré René José Andriatinarivelo, procureur général près de la Cour suprême, représentant le ministère public au sein de cette institution.

Le dernier dossier reçu ne concerne pas le président de la République, élude-t-il, tout en gardant de dévoiler de quoi il s’agit pour garder la présomption d’innocence du mis en cause. La probabilité qu’il puisse s’agir du dossier de l’ancien vice-Premier ministre de la Transition, Julien Reboza est pourtant très élevée. Ce dernier est en effet cité dans le cadre de la vente de la villa Elisabeth à Ivandry vers le début de l’année 2014. Le dossier a récemment été déféré au tribunal en charge des affaires de corruption, le Pole anti-corruption (PAC) aux 67 Ha. Trois autres personnes sont déjà placées sous mandat de dépôt à Antanimora dans cette affaire. 

L’ancien premier ministre, Olivier Solonandrasana Mahafaly, qui a cumulé au ministère de l’Intérieur et de la décentralisation vient d’être également convoqué par le Bureau anti-corruption (Bianco) à Ambohibao pour une affaire de détournements de deniers publics dans le cadre de l’attribution des marchés publics dans des communes d’Antsiranana II. Deux personnes dont un ancien conseiller de cet ancien premier ministre seraient déjà en détention préventive. 

Les dossiers reçus auprès de la HCJ concerneraient pour la plupart des affaires de corruption, de détournements de deniers publics et de trafics de bois de rose qui impliqueraient les hauts responsables de l’Etat durant leur mandat. Cette juridiction reste d’ailleurs la seule instance judiciaire compétente en la matière.

René José Andriatinarivelo précise toutefois que conformément à la loi en vigueur régissant la HCJ, elle n’enregistre pas les requêtes de mise en cause du Chef de l’Etat. Celles-ci doivent être enregistrées directement auprès de l’Assemblée nationale où leur recevabilité est étudiée en commission. La HCJ reçoit par contre les requêtes contre les chefs d’institutions et les membres du gouvernement. Si ces dossiers ont rempli les critères de recevabilité, elle les transmet au niveau de l’Assemblée nationale pour une étude de mise en accusation. 

Selon toujours le procureur José Andriatinarivelo, la HCJ a déjà pris des décisions concernant quatre (4) dossiers. Deux d’entre eux ont été transmis au niveau du parlement. Le mandat des députés ayant expiré, ce sera au nouveau parlement élu de reprendre les dossiers.

Source : Tribune de Madagascar

Trois semaines après l’élection présidentielle, alors que Macky Sall invite à un « dialogue national sans exclusive », l’opposition sénégalaise observe le silence et mûrit sa stratégie en vue des prochaines échéances électorales.

 « Nous organisons la riposte », confiait à Jeune Afrique Malick Gakou (coalition Idy2019), le 27 février,  à la veille de la publication des résultats provisoires de la présidentielle, convaincu que ceux-ci seraient « tripatouillés » en faveur de Macky Sall. Le lendemain, la Commission nationale de recensement des votes (CRNV) annonçait la victoire du président sortant, avec 58,27% des suffrages exprimés. Des résultats immédiatement rejetés par l’opposition, qui ne les a pas pour autant contestés devant le Conseil constitutionnel. Mais depuis lors, ses principaux leaders observent le silence.

Idrissa Seck et Ousmane Sonko, arrivés respectivement deuxième et troisième de l’élection, ont fait de brèves déclarations afin de remercier leurs sympathisants, réitérant leur refus de reconnaître la transparence et la neutralité du scrutin.

Actuellement aux États-Unis, Issa Sall s’est contenté d’un message posté sur Twitter début mars, demandant « à tous d’avancer sans rancune ni déception. Une élection n’est qu’un moment dans la vie de la République. Le devoir a été fait avec une exemplarité dans le militantisme et des convictions. De belles pages sont encore à écrire avec vous ». Madické Niang, arrivé bon dernier avec 1,48 % des voix, a rencontré son « fan club », annoncé son départ du Parti démocratique sénégalais (PDS) et démissionné de son poste de député. Quant aux proches de Khalifa Sall et de Karim Wade, empêchés de se présenter et dont l’avenir politique est encore incertain, ils ne se sont pas exprimés publiquement.

 

Source : Jeune Afrique

Les Algériens rivalisent d’humour pour braver Bouteflika et le « système » Dans les manifestations et sur les réseaux sociaux, les bons mots qui rythment la contestation sont truffés de références internationales.

People gather during a protest over President Abdelaziz Bouteflika’s decision to postpone elections and extend his fourth term in office, in Algiers, Algeria March 15, 2019. REUTERS/Zohra Bensemra – RC147CDBD100

Depuis le vendredi 22 février, le caractère pacifique des rassemblements contre le président Abdelaziz Bouteflika en Algérie est largement applaudi. Un peu moins l’humour dont font pourtant preuve les manifestants. Abondamment relayés sur les réseaux sociaux, les slogans et chants témoignent d’une dérision très ancrée dans l’histoire du pays mais aussi très ouverte sur l’étranger.

Si le dernier vendredi de protestation a été très prolixe en matière de slogans, le 4 mars déjà, soit moins de deux semaines après le début du mouvement, El Manchar titrait un audacieux « Bouteflika s’engage à mourir en cas de victoire ». C’était au lendemain du dépôt de candidature du président Bouteflika et de sa lettre au peuple algérien annonçant son intention de ne pas aller au bout de son mandat s’il était élu… Si ce site qui se positionne comme un équivalent du Gorafi, fait de l’humour son fond de commerce, ce même esprit est désormais descendu dans la rue.

Chaque vendredi, le florilège est un peu plus nourri. Le 8 mars, par exemple, le slogan « Black Friday : 100 % de remise immédiate. Le peuple solde : 1 cadre + des ministres incapables (sans garantie) » a fait mouche, en écho à un autre écriteau « Nous ne voulons ni du cadre ni des clous qui le fixent » ; référence aux cérémonies organisées autour du portrait du président pour compenser son absence physique depuis son AVC de 2013. L’humour moque ce président absent et omniprésent, tandis que la référence aux clous tourne en ridicule ses laudateurs, rebaptisé « Abdel-Cadre Bouteflika » par les internautes.

Le clan qui entoure le président cristallise aussi largement les blagues. A une pancarte arborant un « ce camembert pue moins que votre système », répond sur d’autres panneaux repris sur Twitter, le détournement du titre d’un célèbre film américain : « Catchir me if you can » ; en allusion à ce saucisson algérien présenté comme le symbole de la corruption du régime. Dans les manifestations de soutien de la diaspora, à Paris, ce même humour était à l’œuvre début mars, parodiant une célèbre marque de cigarette d’un laconique « Vous êtes mal barrés. Votre système nuit gravement à la santé ».

« En Algérie, l’humour a toujours été utilisé pour taquiner le pouvoir, en particulier dans les moments difficiles. Il a pris différentes formes au cours des dernières décennies et s’est adapté au contexte », explique l’historienne Elizabeth Perego, qui publie prochainement un ouvrage sur le sujet. Pour elle, « l’humour est un sport national », une forme de résistance, tant face aux gouvernants qu’au quotidien. Durant la colonisation et la guerre d’indépendance, l’autodérision était utilisée pour éviter la censure. Rire de soi était un moyen détourné de critiquer le colon et avec le temps, l’humour, s’est débarrassé de sa pudeur, devenant plus direct, plus frontal.

 

 « Le président Chadli Bendjedid [1979-1992] a été la cible par excellence des blagues populaires, observe l’historienne. Il était en permanence moqué et comparé à son prédécesseur, Boumédiène. » Lors des grandes manifestations d’octobre 1988, pour moquer sa prétendue incompétence, les manifestants scandaient : « Djazaïr biladuna, Chadli himaruna » (« Algérie notre pays, Chadli notre âne »). Et suite à cela, une certaine ouverture démocratique a permis « aux caricaturistes d’utiliser leur stylo pour ridiculiser les présidents et les caciques du régime », estime Mme Perego.

Canular téléphonique

Depuis le 22 février, en tout cas, les contestataires ont encore franchi un cap dans le maniement de ce que Bachir Dahak (auteur des Algériens : le Rire et la Politique de 1962 à nos jours), estime lui aussi être « une partie du patrimoine culturel algérien ».

Et quand l’afficher en slogans ne suffit plus, l’humour devient action, comme en témoigne cet épisode où un internaute a appelé le standard de l’hôpital genevois où le chef de l’Etat est resté du 24 février au 10 mars. « Mon livreur est coincé au huitième étage. Là-haut, ils ont commandé une cinquième pizza. Mais ils doivent payer les quatre autres, sinon il n’y aura pas de cinquième pizza ! », a-t-il plaisanté pour rappeler le mécontentement du peuple algérien s’estimant spolié par le régime.

Source : le Monde

« Au Sénégal, on avait rarement vu un tel capharnaüm autour de résultats électoraux, relève Jeune AfriqueAu lendemain du vote, aucun résultat officiel, même provisoire, n’a été rendu public, ouvrant la voie à une « guerre des chiffres » entre l’opposition et le président sortant. D’un côté, Idrissa Seck et Ousmane Sonko, qui clament avoir contraint Macky Sall à un « inévitable » second tour. De l’autre, le Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne, qui annonçait dimanche soir à ses militants que Macky Sall était réélu avec un minimum de 57 % des voix. […] À l’heure qu’il est, difficile de déterminer qui a raison et qui a tort, constate Jeune Afrique, faute de chiffres officiels. »

En tout cas, mise au point de Demba Kandji : « le président de la Commission de recensement des votes est monté au créneau hier pour rappeler les principesrapporte notamment Seneweb: « personne n’a le droit, a-t-il dit, de proclamer des résultats provisoires, sauf la commission nationale et définitivement le Conseil constitutionnel ». La proclamation des résultats, elle, est prévue entre jeudi et vendredi au plus tard. »

Coup KO ou second tour ?

En attendant, les commentaires et les avis tranchés vont bon train…

Pour le site d’information Seneplus, il est clair que « le peuple sénégalais a imposé, par les urnes, les conditions d’un second tour inéluctable. Sous ce rapport, le respect de la volonté populaire devient un impératif et, toute déclaration, qui ramerait à contre-courant de celle-ci, porterait en elle-même les germes d’une violence inouïe qui mettrait en danger la stabilité du pays […]. Que Macky sache qu’il n’est qu’un simple usufruitier, s’exclame encore Seneplus. Il n’a aucunement le droit de saborder les fondamentaux de la République en confisquant le verdict des urnes. »

Pour le quotidien Enquête, prudence…

« Présentement, sous réserve d’une confirmation des tendances lourdes qui se dessinent, il est fort probable que le candidat Macky Sall a remporté l’élection au premier tour, même avec un score très étriqué, estime le quotidien dakarois. Mais, poursuit-il, il ne faut pas écarter la possibilité d’un second tour, toujours dans l’air du temps. Les prochaines heures, voire les prochains jours nous édifieront. Au total, ce fut une élection très disputée, constate Enquête,avec un taux de participation de plus de 60%, ce qui montre une grande maturité des électeurs, conscients de leur devoir civique, mais aussi un engagement sans équivoque des Sénégalais de s’impliquer dans le choix de la personne qui va présider à leurs destinées pour les cinq prochaines années. Un autre enseignement de cette élection, pointe encore Enquêteest aussi de reconnaître que le temps de l’hégémonie et de la suprématie arrogante du candidat sortant à l’élection présidentielle au Sénégal est révolu. Ce qui signifie aussi que la victoire dès le premier tour du président-candidat n’est plus acquise à l’avance car ce dernier a désormais fort à faire pour se départir de la rude concurrence d’une opposition ragaillardie, mieux organisée aujourd’hui et qui joue crânement sa chance pour mettre en ballotage le président sortant et le pousser à un second tour fatidique. »

Un tchep à quelle sauce ?

Dans la presse de la sous-région, on appelle à l’apaisement, à l’instar de L’Observateur Paalgaau Burkina : « tous les acteurs (de la vie politique sénégalaise) gagneraient à jouer balle à terre et à prendre leur mal en patience en attendant la publication des résultats provisoires qui devrait intervenir entre mercredi et vendredi. »

Le Pays renchérit : « maintenant que la polémique est lancée, il revient à la Commission électorale de travailler à la transparence des résultats, pour ôter tout argument de contestation aux différentes parties. »

« Que ce soit du tchep avec du poisson ou du poisson au tchep qui sera servi à l’issue de la proclamation des résultatss’exclame Aujourd’huiil est primordial que le Sénégal sache raison garder et ne retombe plus dans l’âge de la pierre taillée de la démocratie. Le pays de la Teranga nous a, du reste, habitué à ses joutes chahutées, mais est toujours resté dans le giron de la démocratie. »

Et Ledjely en Guinée de conclure : « rien ne saurait justifier que la paix et la tranquillité que beaucoup envient au Sénégal soient sacrifiées sur l’autel des intérêts égoïstes des politiciens. »

Source : Rfi

A l’heure de la mondialisation, la planète communique principalement en mandarin, en espagnol et en anglais. Cependant, chaque être humain possède une langue maternelle, un élément essentiel de l’identité. Un thème mis à l’honneur par l’ONU afin « d’encourager la conservation et la défense de toutes les langues parlées par les peuples du monde entier ».

« A la maison, on parlait pular, dehors avec les copains, je parlais wolof, et à l’école on parlait français », se souvient Mbaye Sow, un Sénégalais qui partage sa vie entre son pays natal et la France. Comme lui, ils sont des millions à détenir une langue maternelle (aussi appelée langue première) autre que celle qu’ils utilisent au quotidien.

« La langue maternelle est un facteur d’identité primordial, c’est la langue de la petite enfance et de la famille », analyse la linguiste Marina Yaguello. « La langue maternelle est, au fond, la première analyse du monde dont dispose l’être humain », explique de son côté le linguiste Louis-Jean Calvet. En effet, on peut passer sa vie professionnelle en parlant le français ou l’anglais par exemple, mais en même temps « voir le monde à travers la langue qu’on a apprise en premier ».

En France, la majorité de la population est unilingue, c’est-à-dire que le français est non seulement leur langue maternelle mais aussi leur langue du quotidien, du travail, etc. Ce qui est bien différent dans d’autres régions du globe. Dans les pays francophones africains, le français est une seconde langue, voire une troisième. En Inde, où plusieurs centaines de langues maternelles se côtoient, l’hindi et l’anglais sont les langues majoritairement parlées.

Cependant, la majorité des personnes bilingues, voire trilingues, confient souvent penser, exprimer des sentiments, rêver, dans leur langue maternelle même si elles ne l’utilisent que très peu. « Quand je retourne dans mon village natal au Sénégal, raconte Mbaye Sow, on se moque de moi parce que je parle le pular avec un accent français ou entrecoupé de mots en wolof. Mais je suis extrêmement attaché à ma langue maternelle et à sa culture, c’est elle qui m’a élevé. »

Parce qu’entretenir la langue maternelle est une richesse, quelle que soit cette langue (il en existe environ 5 000). C’est grâce à la maîtrise de sa première langue ou langue maternelle que les compétences de base en lecture, écriture et calcul pourraient être acquises.

La scolarisation dans la langue maternelle, un atout ou un inconvénient ?

Le débat alimente nombre de discussions entre linguistes : être scolarisé dans sa langue maternelle permettrait de mieux apprendre et d’éviter les échecs. De nombreuses enquêtes ont été menées sur le sujet. Louis-Jean Calvet en a lui-même effectué une il y a une vingtaine d’années, au Mali, dans les écoles primaires : certaines classes commençaient en français, et d’autres classes expérimentales débutaient uniquement en bambara, puis le français y était introduit petit à petit. Résultat : arrivés à la fin du cycle primaire, les élèves qui avaient commencé en bambara étaient meilleurs dans toutes les matières, y compris en français, que ceux qui avaient commencé en français.

Quid de l’arabe littéraire (ou arabe standard) qui n’est la langue maternelle de personne ? La langue maternelle d’un Tunisien est le tunisien, d’un Syrien le syrien, etc., preuve en est qu’un Libanais ne comprend pas le parler d’un Marocain par exemple. « C’est un vrai problème de politique linguistique pour les pays arabes, pour leur développement, note Louis-Jean Calvet, parce que l’école est le premier facteur de développement et que l’on perd beaucoup de temps à essayer d’apprendre aux gens une langue qu’ils ne parlent pas dans le pays. »

Marina Yaguello rejette totalement cette idée selon laquelle il est préférable d’être scolarisé dans sa langue maternelle. Pour elle, c’est même le contraire : c’est un avantage car cela permet beaucoup plus de plasticité dans l’apprentissage des langues. « Je suis née dans une famille de l’immigration russe, le russe est donc ma langue maternelle. Mais je suis allée à l’école maternelle en français, et je considère cette langue comme étant donc aussi ma langue maternelle… »

Deux langues maternelles, une richesse que possèdent Maya, 4 ans, et son frère Sohan, 7 ans, qui ont le français et le hindi comme langues maternelles. « Depuis leur naissance,témoigne leur mère Fanny Godara, une Française mariée à un Indien, je leur parle en français et leur père en hindi. » Sohan et Maya, qui maîtrisent donc au même niveau le français et l’hindi, ont pour troisième langue l’anglais, une langue apprise en écoutant communiquer leurs parents à Pondichéry, ville du sud-est de l’Inde où ils résident …et où on parle tamoul. Quand leurs grands-parents indiens leur rendent visite, le rajasthani (une déclinaison locale de l’hindi) s’invite dans les conversations… « C’est une ouverture exceptionnelle sur le monde qu’il faut entretenir », confie Fanny Godara.

Les langues maternelles en péril

La date du 21 février n’a pas été choisie au hasard pour devenir la Journée internationale de la langue maternelle : ce jour-là en 1952, des étudiants ont été tués par la police à Dacca (aujourd’hui capitale du Bangladesh) alors qu’ils manifestaient pour que leur langue maternelle, le bengali, soit déclarée deuxième langue nationale du Pakistan de l’époque.

Selon l’ONU, toutes les deux semaines une langue disparaît, emportant avec elle tout un patrimoine culturel et intellectuel. « Ce sont des langues parlées par un tout petit nombre de locuteurs, analyse Marina Yaguello, qui sont politiquement, étatiquement, incorporées dans des groupes plus importants parlant une langue de plus grande diffusion et la résistance est très difficile. » En effet, une langue nationale va forcément exercer une pression sur les langues parlées localement, des langues maternelles qui vont donc être fortement concurrencées. « Elles ne vont pas obligatoirement disparaître, poursuit la linguiste, mais ne pourront plus assurer toutes les fonctions de la langue. »

Le cas du berbère est intéressant à plus d’un titre : il demeure plus que jamais ancré dans les pays du Maghreb, pourtant arabisés depuis plusieurs siècles (au moins 35% d’Algériens et plus de 50% de Marocains ont le berbère pour langue première). Au point que cette langue est devenue officielle dans certains pays aux côtés de l’arabe.

Ainsi, non seulement certaines langues parviennent à se maintenir mais de nouvelles apparaissent. « On voit à travers le monde, du point de vue géopolitique, de nouveaux Etats apparaître ; s’en suit généralement la reconnaissance d’une langue qui n’existait pas », analyse Louis-Jean Calvet. C’est le cas du serbo-croate devenu le serbe et le croate, le tchécoslovaque devenu le tchèque et le slovaque, mais aussi de l’hindoustani devenu le hindi et l’ourdou lors de la création du Pakistan. Une note d’optimisme donc, même si les langues qui s’éteignent sont bien plus nombreuses que celles qui naissent.

Source : RFI

Lieutenant au sein des garde-côtes, l’homme de 49 ans, proche de la mouvance néonazie, planifiait des meurtres «à une échelle rarement vue dans ce pays», selon les procureurs.

L’arsenal saisi chez lui par le FBI est à la mesure du massacre que le suspect, Christopher Paul Hasson, semblait vouloir perpétrer. Quinze armes (dont trois fusils d’assaut et six revolvers), plus d’un millier de cartouches et plusieurs gilets pare-balles ont notamment été retrouvés à son domicile, un appartement en sous-sol situé à Silver Spring (Maryland), à une dizaine de kilomètres au nord de Washington.

 

Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité

«L’accusé a l’intention de tuer des civils innocents à une échelle rarement vue dans ce pays», soulignent les procureurs dans une requête demandant le maintien en détention, jusqu’à son procès, de Christopher Hasson, qualifié de «terroriste intérieur». Arrêté le 15 février, le suspect doit comparaître ce jeudi devant un tribunal fédéral de Greenbelt (Maryland).

Inspiré de Breivik

Dans leur requête de 15 pages, les procureurs dressent le portrait d’un homme tourmenté, ancien Marine se décrivant lui-même comme un «skinhead» et un «nationaliste blanc» de longue date, partisan d’une «violence ciblée pour établir une patrie blanche». Il était fortement inspiré par le manifeste délirant du Norvégien Anders Behring Breivik, l’auteur de la tuerie d’Utoya et de l’attentat d’Oslo (77 morts en juillet 2011, dont une majorité d’adolescents participant à un camp d’été du Parti travailliste).

En examinant l’ordinateur de l’accusé, les enquêteurs ont retrouvé la trace d’un email du 2 juin 2017, adressé à ses «chers amis» mais jamais envoyé. Dans ce courriel, reproduit intégralement dans le document des procureurs, Hasson écrit notamment ceci : «L’idéologie libérale/mondialiste est en train de détruire les peuples traditionnels, en particulier les Blancs. Pas moyen de s’opposer sans violence.» Dans ce message, le lieutenant des garde-côtes évoque également la «racaille musulmane» et «la dégénérescence de l’Occident libéral».

D’après les autorités, en s’inspirant des «instructions de Breivik», qui recommandait dans son manifeste de s’en prendre en priorité aux leaders politiques, médiatiques, culturels ou industriels, Christopher Paul Hasson a compilé le 19 janvier une liste de «traîtres et de cibles pour une attaque», sous forme d’un tableur Excel, retrouvé par les enquêteurs.

Quatre candidats aux primaires démocrates ciblés

Parmi les 22 noms y figurant, on trouve de nombreux élus démocrates, dont les leaders du parti à la Chambre (Nancy Pelosi) et au Sénat (Chuck Schumer), deux députées emblématiques récemment élues (Alexandria Ocasio-Cortez et Ilhan Omar) et pas moins de quatre candidats aux primaires démocrates de 2020, tous sénateurs (Kirsten Gillibrand, Elizabeth Warren, Cory Booker, Kamala Harris). DSA, la principale organisation socialiste du pays, est aussi mentionnée. Tout comme de nombreux journalistes et commentateurs connus, dont plusieurs figures de la chaîne CNN (Chris Cuomo, Don Lemon, Van Jones), l’une des bêtes noires de Donald Trump, qui ne cesse de qualifier les médias «d’ennemis du peuple».

 

Si cette liste de personnalités s’inspire des méthodes de Breivik, l’atmosphère politique détestable qui règne aux Etats-Unis depuis l’élection de Donald Trump semble avoir également contribué à la radicalisation du suspect. Parmi les recherches qu’il a effectuées sur Google, plusieurs semblent indiquer son inquiétude d’une possible destitution du Président : «What if Trump is illegally impeached» («que faire si Trump est destitué illégalement») et «civil war if Trump impeached» («guerre civile si Trump destitué»). Il avait également fait des recherches sur Google concernant la protection policière des sénateurs ou «le meilleur endroit à Washington» pour croiser des élus du Congrès.

Record de groupes haineux aux Etats-Unis

Outre son arsenal, les enquêteurs ont retrouvé chez Christopher Paul Hasson d’importantes quantités de Tramadol, un antalgique à base d’opiacés. S’inspirant là aussi du manifeste de Breivik, écrivent les procureurs, le suspect avait commencé à «prendre des narcotiques pour augmenter sa capacité à conduire des attaques». Au cours de la perquisition, les agents ont découvert des documents indiquant que le lieutenant Hasson avait commandé «au moins 4 200 pilules de Tramadol» depuis 2016. A son bureau, situé au siège des garde-côtes américains à Washington, les enquêteurs ont en outre découvert une centaine de pilules et une trentaine de flacons d’hormone de croissance.

Hasard du calendrier, l’organisation Southern Poverty Law Center, qui traque les extrémistes aux Etats-Unis depuis les années 80, a publié mercredi son rapport annuel. En 2018, le SPLC a dénombré 1 020 groupes haineux actifs dans le pays, un record. Depuis quatre ans, l’organisation a recensé une hausse de 30%, qu’elle attribue en grande partie à l’émergence politique puis l’élection de Donald Trump.

«Les chiffres racontent une histoire saisissante : que ce président n’est pas simplement une figure polarisante mais une figure qui radicalise, a commenté Heidi Beirich, la directrice du projet de la SPLCAu lieu d’essayer d’atténuer la haine, comme les présidents des deux partis l’ont fait, le président Trump l’attise, avec sa rhétorique et ses politiques. Ce faisant, il a donné à certains à travers l’Amérique le feu vert pour agir sur la base de leurs pires instincts.» Le lieutenant Hasson, arrêté avant de passer à l’acte, était visiblement l’un de ceux-là.

Source : Libération

 

Le général Benny Gantz et l’ex-ministre Yaïr Lapid ont annoncé la fusion de leurs partis jeudi. Une alliance en mesure d’inquiéter Benyamin Nétanyahou, qui a scellé un accord avec l’extrême droite la plus radicale pour préserver ses chances d’obtenir un cinquième mandat.

La nuit porte conseil, veut l’adage. C’est donc à l’aube que Benny Gantz et Yaïr Lapid, les deux rivaux centristes du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, ont annoncé la fusion de leurs partis dans un communiqué lapidaire, citant «un profond sens de la responsabilité nationale». Le temps pressait, à quelques heures du dépôt des listes pour les législatives anticipées du 9 avril.

Le tandem est en fait un quatuor, où certains sont plus égaux que d’autres. Aux côtés de Gantz, l’ex-chef d’Etat-major, et de Lapid, animateur de talk-shows politiques et furtif ex-ministre des Finances de Nétanyahou, s’affichent deux autres anciens chefs de Tsahal. Le faucon Moshe Ya’alon et le tout aussi raide Gabi Ashkenazi, en poste sous le travailliste Ehud Barak. C’est lui qui serait l’artisan de ce rapprochement. Ce front anti-Nétanyahou s’appellera Kachol Lavan, «Bleu et Blanc», les couleurs du drapeau.

Bérets et testostérone

Formule patriotique classique : des bérets et de la testostérone, à l’image du très viril cliché posté sur les réseaux sociaux par la triplette de militaires et l’ex-journaliste baraqué. Ils posent, les traits tirés sans cravate et en jeans, devant des fauteuils en cuir, où, l’on imagine, les palabres se sont déroulés et les ego ont été remisés.

C’est Yaïr Lapid qui a dû lâcher du lest. Depuis la création de son parti Yesh Atid en 2012, ce dernier s’est attelé à construire une alternative centriste crédible, devenant même la deuxième force politique du pays en 2013. Mais son image s’est dégradée après plusieurs retournements de veste. Lapid n’en a pas moins construit une machine électorale huilée, avec un maillage territorial substantiel et des militants acquis à sa défense de la laïcité, notamment son combat pour forcer les ultraorthodoxes à servir dans l’armée.

Gantz apporte de son côté son aura de militaire et sa raideur old school,qui lui ont permis de grimper dans les sondages en s’exprimant le moins possible. Le général ayant phagocyté l’électorat de Lapid, ce dernier n’avait d’autre choix que de lui laisser les clés.

«Cockpit»

Comme l’a résumé le très rencardé éditorialiste Ben Caspit dans Ma’ariv, qui décrivait déjà les termes de cette alliance au début du mois, il fallait trouver un deal qui fasse «descendre Lapid de l’arbre qu’il a planté et arrosé ces sept dernières années». La solution s’appelle «rotation». En cas de victoire, Gantz serait Premier ministre d’abord, pour deux ans et demi, avant de céder le fauteuil à Lapid. Et toutes les décisions seraient prises dans le «cockpit» constitué des quatre hommes, mais où Gantz aurait la primauté en cas de désaccord.

Les galons des généraux et le sourire de l’ex-présentateur télé : un cocktail électoral redouté par Nétanyahou. Sentant la menace poindre, celui-ci avait annulé sa visite à Moscou mercredi (une audience auprès de Vladimir Poutine qu’il réclamait pourtant depuis des mois) afin de peaufiner sa contre-attaque.

Elle consiste en une généreuse main tendue à la frange la plus extrémiste du nationalisme religieux. Inquiet de voir ses alliés du Foyer Juif (un parti pro-colons dont les charismatiques leaders Naftali Bennett et Ayelet Shaked ont fait défection pour se distancer des éléments les plus toxiques) incapables de passer le seuil de représentation à la Knesset, le Premier ministre a poussé pour que ces derniers englobent Otzma Yehudit (Puissance Juive), surnommé le «Ku Klux Klan juif». Soit les derniers «kahanistes», disciples faussement repentis du rabbin Meir Kahane, dont le parti a été interdit en Israël en 1988 pour «incitation à la haine». Pour forcer cette alliance, «Bibi» est allé jusqu’à promettre le ministère de l’Education au leader du Foyer Juif, Bezalel Smotrich, qui se définit comme un «fier homophobe».

Les blocs ainsi constitués, tout le monde y voit plus clair. L’ex-premier ministre Ehud Barak parle d’un choix entre «un gouvernement corrompu qui s’est enchaîné aux racistes et aux kahanistes, et un gouvernement qui restaurera un Israël fort et fidèle à la Déclaration d’Indépendance». Nétanyahou, lui, agite la menace d’une «coalition de gauche avec le soutien des partis arabes».

Pour Amir Oren, chroniqueur sur le site Walla, le plus lu du pays, c’est le«D-Day de la politique israélienne». Yohanan Plesner, président de l’Institut de la démocratie israélienne, reste mesuré : «La campagne devient enfin compétitive». Mais Nétanyahou garde la main, insiste le politologue : «Ce qui compte en Israël, ce sont les blocs. Et pour le moment, dans les sondages, la droite et les partis religieux recueillent toujours autour de 63-64 sièges, contre 57-58 pour le centre allié à la gauche.» Tout dépendra de l’impact qu’aurait une procédure d’inculpation de Nétanyahou, visé dans trois affaires de corruption, laquelle pourrait être enclenchée dès la semaine prochaine.

Pour Gantz, Lapid et consorts, reste à définir un programme. Ou ne serait-ce qu’une idéologie claire, au-delà de la détestation commune de Nétanyahou. En début de semaine, Gantz a ramené son mano à manoavec «Bibi» à un concours d’états de services, accusant le Premier ministre, «Monsieur Sécurité» autoproclamé, d’avoir couru les cocktails pendant que lui «rampait avec des soldats en hiver dans des trous boueux». Après les grandes manœuvres, les gants sont désormais enlevés. «C’est de la boxe thaï, il n’y a plus de règles», a résumé l’analyste politique Hanan Kristal à la radio.

 

Source : Libération 

Les autorités catholiques ont publié une feuille de route d’une vingtaine de points qui ne satisfait qu’à moitié les associations de victimes. Elles veulent un engagement clair pour que l’Eglise signale systématiquement les cas à la justice civile.

Comme pour un début de conclave, ils ont chanté ensemble un vieil hymne en latin, le Veni Creator, implorant Dieu de leur apporter sa lumière. Plus 200 évêques et cardinaux catholiques du monde entier sont réunis au Vatican jusqu’à dimanche pour un sommet historique sur la pédophilie dans l’Eglise, convoqué en septembre par le pape François. Ferme et grave, le chef de l’Eglise catholique a signifié, ce jeudi matin, au début des travaux, que c’était «des mesures concrètes» qui étaient désormais attendues. En préambule, les prélats ont écouté des témoignages préenregistrés de victimes. «Les participants ont été bouleversés. Même ceux qui déjà avaient rencontré des personnes ayant subi des abus», assure la porte-parole francophone du Vatican, Romilda Ferrauto.

L’un des messages forts que veut envoyer, ces jours-ci, le Vatican, c’est bien que l’Eglise catholique prend désormais totalement en compte les victimes. Ce qui n’a pas été le cas, loin de là, par le passé. Les travaux devraient aussi, selon des sources au Vatican, porter sur la manière de mettre fin au système d’omerta qui a prévalu, depuis plus d’une cinquantaine d’années, dans la gestion des affaires d’abus sexuels dans l’Eglise.

Base de réflexion

«Nous percevons la volonté de s’attaquer à la question», commente, à Libération Jacques Nuoffer, président de Sapec, une association de victimes en Suisse et membre de l’ONG international ECA (Ending Clergy Abuse), présente à Rome pendant le sommet.

Le Vatican a diffusé, jeudi après-midi, une feuille de route en 21 points qui sert de base de réflexion aux travaux. «C’est la méthode de travail de l’Eglise catholique, explique le prêtre français Pierre Vignon, spécialiste de la question des abus et des dérives sectaires. Ce qui est déjà satisfaisant, c’est que les 21 points balaient l’ensemble du problème

La feuille de route, voulue par le pape François, évoque, de fait, beaucoup de pistes, trop sans doute pour que cela ne soit, à ce stade, véritablement concret. Parmi les propositions figurent : une sélection plus stricte des candidats à la prêtrise, la nécessité de mettre en place des normes et des procédures lorsque des affaires éclatent, l’établissement de protocoles quand des évêques sont mis en cause pour leur gestion de ces affaires etc.

Conflits d’intérêts

«Ce que nous regrettons, c’est qu’il n’y ait pas encore de prise de position claire sur la nécessité d’une dénonciation systématique aux autorités judiciaires civiles», remarque Jacques Nuoffer. Pour Pierre Vignon, la feuille de route laisse encore trop de place à l’évêque dans la gestion des cas de pédophilie.

De plus en plus de responsables catholiques plaident pourtant pour une délocalisation des affaires afin que l’évêque concerné ne soit pas pris dans des conflits d’intérêts. «Le rôle que pourraient jouer les associations de victimes nous paraît encore très marginal dans les propositions du Vatican», pointe, pour sa part, Jacques Nuoffer.

L’une des difficultés du sommet au Vatican tient notamment à la diversité des situations à travers le monde. Les épiscopats ne marchent pas à la même vitesse concernant la question des abus sexuels. En Afrique ou en Asie, les responsables catholiques considèrent généralement que c’est un problème qui concerne exclusivement l’Occident.

Pas de mesures votées

«Il y a des facteurs culturels qui expliquent les différences d’approches, explique le prêtre Stéphane Joulain, l’un des meilleurs experts catholiques de ces questions de pédocriminalité. Les abus sexuels sont un problème, bien sûr. Mais les enfants en Afrique sont confrontés à beaucoup d’autres violences comme l’enrôlement forcé pour faire la guerre.»

Selon le Vatican, il n’y aura pas de mesures votées à la fin de ce sommet. En revanche, le pape François devrait prononcer, dimanche, après la messe prévue à la basilique Saint-Pierre. Un discours important en conclusion des travaux.

Source : Libération

Silhouette mondialement connue, le créateur de mode est mort mardi. L’inventeur des défilés-spectacles démesurés était aussi dessinateur, photographe et éditeur.

Karl Lagerfeld (c) Patrick Swirc

Avec Karl Lagerfeld, mort mardi 19 février, disparaît un personnage doublement public : le « kaiser » élitiste de mode et « Karl » l’icône pop et planétaire. Karl Lagerfeld, l’homme, lui, a disparu il y a bien longtemps, car son grand œuvre, ce ne sont pas ses collections de mode mais le (ou les) personnage(s) qu’il a bâti(s) au fil du temps. Forme de protection ou de politesse ? Propension à réécrire l’histoire selon ses propres termes ? En tout cas, ce sens de l’invention, de la ré-invention perpétuelle lui aura assuré la plus longue carrière de l’histoire de la mode.

La vie de Karl Lagerfeld est une marche en avant qui ne supporte pas la nostalgie. Le mystère qui entoure son année de naissance (1933, 1935 ?) est, à ce titre, autant un signe de vanité qu’un refus de se retourner. Son goût des aphorismes (dits aussi « karlismes ») est l’ultime écran de fumée, des esquives qui amusent ou qui choquent, c’est encore mieux. Quand on pense à lui, on pense à des objets : un éventail à une certaine époque, des lunettes fumées, un catogan, des mitaines, des diamants sur la cravate et des bagues en argent… les attributs d’un personnage qui a beaucoup joué à être son propre pygmalion.

Dans ce jeu de construction, l’enfance apparaît par fragments dans ses interviews, et d’anecdote en anecdote, on finit par pouvoir esquisser un certain portrait de l’enfant Lagerfeld. Ses parents sont comme des personnages de roman. D’origine suédoise, son père est un entrepreneur-bourlingueur, dont la passion des affaires triomphera de toutes les vicissitudes de l’histoire : ruiné trois fois, il finira par acheter un vaste domaine agricole près de Hambourg et fera fortune en important en Europe le lait condensé Gloria. Sa mère est une sorte d’héroïne élégante et glaciale que l’on verrait davantage poser pour un portrait de John Singer Sargent que cajoler un enfant : musicienne, folle de haute couture, elle écume les salons parisiens de Piguet, Doucet et Vionnet.

Source : Le Monde