Sorry les Comores sont momentanément suspendues pour cause d’élections. Juillet 2018, semblant de référendum, mars-avril 2019, rocambolesques élections présidentielle et gubernatoriales en perspective, février 2020 élections législatives et municipales (au fait selon quelle Constitution?) et 2021 le retour aux accords de Fomboni et de la tournante à Anjouan.
Quelle idée de suspendre le droit à la création d’entreprises dans un tel contexte ? Qui d’abord a l’idée de créer une entreprise face à autant d’incertitudes à moins d’une start-up spécialisée en matériaux de propagande électorale et encore…
Quel pays magnifique! Ils veulent tous battre le président sortant, tous rétablir la tournante à Anjouan, se réclament tous des accords de Fomboni, mais pourquoi ont ils tous besoin de se présenter??? Ils ont tous boudé le référendum quand ils étaient tous unis derrière le Non sous prétexte que les conditions de sécurisation n’étaient pas réunies et croient remporter l’élection avec les mêmes trucages en allant en rangs séparés… J’avoue ne pas avoir tout compris.
Que dire du leader qui appelle à l’union et qui se présente vite avant que ses petits camarades n’en fassent autant? Que dire des candidats issus d’une même mouvance qui se présentent tous, malgré des primaires pour n’en retenir qu’un? Que dire des anciens alliés qui se découvrent des spécificités brusquement incompatibles, mais qui ne sont pas encore déclinées en opposition? Que dire des nouvelles vocations de sauveur de la nation ?
Encore une fois, on va voter village, voisinage, copinage, entourage, sabotage, quel dommage! On arrête de réclamer un programme parce que c’est un délire d’intello, pardon! Parlons plutôt de cohérence. Apparemment ce mot n’existe pas dans la langue locale… ça en dit long. Certains ont voulu des Assises pour faire un bilan et tirer des leçons pour l’avenir, ont considéré que les Assises n’ont pas répondu aux attentes, ont dénoncé son instrumentalisation, rejeté le référendum et vont aujourd’hui aux élections pour faire la révolution qu’ils n’ont pas pu faire dans la rue dans les urnes (parce que, quand même, la moto était assez dissuasive).
D’autres déçus des Assises ont condamné fortement la mainmise sur les institutions, ont subi la répression, ont rejeté le référendum, ont encensé leur détermination à sauver la république, tous unis contre le tyran et à la veille de l’assaut final développent des stratégies individuelles (allo?). D’autres, un pied dedans, un pied dehors, même pas peur de la contradiction, grands équilibristes devant l’éternel, investissent dans leur avenir professionnel (à l’aise!) 1% vaut mieux que 2 tu l’auras !
Et aussi les petits malins, les mêmes, qu’on voit arriver depuis toujours avec leurs grosses Weston, le verbe facile et les envolées lyriques, toujours prêts à saisir les opportunités sans souci de cohérence justement (à l’est, rien de nouveau). Et enfin des gens qu’on n’a jamais entendus, probablement issus de la majorité silencieuse, celle qui d’habitude consent en ne disant pas mot, qui se découvrent des héros qui vont venir croiser le fer avec ces apprentis politiciens qui nous ont plombés pendant toutes ces années (alleluia).
Face à cette troupe du cirque, le colosse aux pieds d’argile qui frôle le vertige à chaque avancée; tout était pourtant bien huilé! À quel moment le scénario nous a échappé ? Sous le soleil de l’IFERE? Sous les amphétamines d’une Cour un peu trop zélée ? Sous le poids du ridicule et du mauvais sens de l’à-propos cumulés ? Sous l’évidence de la troupe de fidèles qui ressemble de plus en plus à un panier de crabes ? Toute cette macédoine va se mélanger allègrement les prochaines semaines pour qu’au final la montagne accouche de la souris la plus inattendue.
Restez en ligne, votre correspondant prie pour ne pas être (de)coupé !
Nadia Tourqui