ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Abbas Mohamed Elhad : « En organisant les procès en urgence, on évitera toutes les manipulations des interprétations politiciennes »

Dès lors que l’Union Africaine à travers un rapport publié la semaine dernière sur la situation politique aux Comores, a appelé à la libération des prisonniers politiques, Abbas Mohamed Elhad, ancien ministre de la justice estime qu’en organisant les procès en urgence, on évitera toutes les manipulations des interprétations politiciennes.

Pendant que le président de la République rejette la présence des prisonniers politiques aux Comores, l’Union Africaine dans son dernier rapport sur les Comores appelle à la libération des détenus politiques. Quelle lecture faites-vous sur ce rapport et la déclaration du président de la République ?

Sur ce point précis concernant les prisonniers, l’Union Africaine a déclaré ceci : »Appelle le gouvernement des Comores à libérer tous les détenus politiques et à engager des procédures judiciaires pour ceux qui sont soupçonnés d’avoir commis des délits, conformément aux lois du pays ». Donc, sans entrer dans un jeu de ping-pong entre le pouvoir et l’opposition, le plus important est l’organisation des procédures judiciaires c’est à dire les procès. Et cela reviendra à la Justice de déterminer les qualifications des délits ou la relaxation. En organisant les procès en urgence, on évitera toutes les manipulations des interprétations politiciennes. 

Apparemment, l’opposition manifeste sa joie après la publication de ce rapport de l’Union Africaine sur la libération des détenus politiques. Quelle appréciation faites-vous ?

Comment l’opposition peut se réjouir ou s’auto satisfaire à un tel communiqué qui a entériné sans aucune ambiguïté la préparation des élections présidentielles de 2024. Or, dans sa logique, le communiqué s’accroche aux thèses de mai 2021. Au moment où l’Union Africaine portera son appui au gouvernement en vue de la préparation des prochaines élections présidentielles de 2024, cela veut dire que la révision constitutionnelle de 2018 ainsi que la configuration des institutions sont implicitement validées par cette organisation. D’ailleurs, ni la formation d’un gouvernement de transition ni l’ouverture du dialogue ne sont préconisés nulle part dans ce communiqué durant cette période. Il revient au Chef de l’État d’apprécier l’opportunité d’un autre cabinet gouvernemental.

Certains mouvements et partis politiques s’alignent au rang du pouvoir au sujet du dialogue national pendant que l’opposition se montre méfiante tant que leurs revendications ne sont pas prises en compte par le gouvernement. Comment expliquez-vous cela ?

Avant de répondre, il est important de rappeler que ce dialogue national est sollicité par le président de l’Union des Comores pour créer un climat d’apaisement afin de relever les défis multiples. Toutefois, nous constatons une crise de confiance persistante entre le pouvoir et l’opposition. Néanmoins, soyons optimistes et espérons qu’à travers les échanges enclenchés entre le président de l’Union des Comores et les forces vives de l’opposition vont aboutir à une entente pour amorcer un dialogue sincère et inclusif. Sinon, je crains que les partis politiques se divisent par rapport à la participation à ce dialogue national encouragé par l’Union Africaine. Il est communément approuvé que les absents ont toujours tort, c’est-à-dire la chaise vide ne paie pas à moins qu’on dispose d’autres moyens pour imposer un rapport de force.

Propos recueillis par Kamal Saïd Abdou

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