ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Analyse : Le scrutin du second tour passionne-t-il les comoriens?

Les résultats définitifs des présidentielles et des gubernatoriales sont proclamés par la Cour suprême statuant en matière électorale. A Ngazidja et à Mwali, les électeurs sont attendus à nouveau aux urnes le 21 avril prochain pour le scrutin du second tour comme l’a précisé le décret portant convocation du collège électoral.

Le scrutin du second tour passionne-t-il les comoriens surtout les mohéliens et grand-comoriens ? Une seule certitude : au lendemain de l’élection présidentielle et des gouverneurs qui se déroulait le dimanche 24 mars dernier, c’est bien un mouvement riche et puissant qui lutte toujours contre les résultats et qui dénonce un coup d’état électoral, un hold-up électoral, une mascarade électorale. Un mouvement aux commandes d’un conseil national de transition veillant à la paix, la stabilité, la sécurité post-électorale.

Alors que plus de la moitié des électeurs s’opposent au régime en place et que  4 candidats sont en lice, le vrai match se joue à Ngazidja (Mhoudine Sitti Farouata contre Aboudou Soefo) et à Mwali (Said Baco Attoumane contre Mohamed Said Fazul). Des mascarades électorales, des saccages d’urnes, des bourrages d’urnes entre autres sont dénoncés par la quasi-totalité des comoriens. Les candidats de l’opposition, des femmes de différentes associations ont descendu dans les rues mais, tous, ont été dispersés par les forces de l’ordre.

Dans ces conditions, le scrutin ne semble guère passionner l’ensemble des électeurs des deux îles, pourtant confronté à des défis immenses. A commencer par les arrestations « arbitraires », le non-respect de la liberté d’expression, le hold-up électoral, la fusillade militaire à Kandani laissant derrière elle des morts et des blessés. Dans cet archipel moins peuplé, la richesse la plus indécente côtoie une misère terrible. D’où, la paix s’en va.

Les Comores, un des pays riches en matière de paix et de sécurité, détiennent désormais le triste extrême d’insécurité et d’instabilité. Une misère absolue qui touche l’ensemble du territoire national. A Mohéli, déversement des clous sur le tarmac de l’aéroport, à Anjouan, insurrection dans la médina, à Grande-Comores, coup d’état déjoué, affrontements militaires…

La réélection du président Azali Assoumani renforce pour certains le climat de terreur et de peur.  Lors de son élection en 2016, Azali avait promis de relancer une politique devant construire le pays et de lutter contre les actions qui gangrènent toutes les structures du pays. Certes, l’ancien militaire, a eu la chance de faire son mieux pendant deux ans et demi, mais la montée brutale des taxes douanières, le licenciement des jeunes et autres actions, font de lui, le président mal aimé de tout un peuple.

Très vite, le chômage atteint des records, touchant officiellement plus de 40 % de la population, et l’inflation se maintient contraignant à la survie une masse croissante de jeunes comoriens. Malgré une forte reprise depuis son arrivée au pouvoir, les réformes ont été trop lentes et les mesures de lutte contre la corruption ont déçu. En s’attaquant en priorité à ses adversaires politiques, le président a donné l’impression d’utiliser l’arsenal judiciaire pour juger les politiques, « sans traiter le fond. »

 Azali peut-il faire mieux ? En tout cas, il se recompose en permanence autour d’alliances. Les Comores ont connu le théâtre d’un duel électoral. Cette fois-ci, l’élection se joue entre 4 candidats issus du pouvoir et de l’opposition. Mais le second tour impressionne moins d’électeurs comoriens, dit-on.

Kamal dine Bacar Ali

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