Des femmes et des hommes de la place qui s’investissent dans l’agriculture peinent à croire à la politique du gouvernement consistant à la lutte contre la famine. Pour eux, l’absence d’une volonté réelle des autorités à développer le secteur agricole est perceptible. Alors que le pays dispose d’un potentiel énorme, dans un secteur primaire, s’il est mieux exploité peut assurer à l’Etat sa souveraineté alimentaire et en même temps contribuer fortement à la hausse du PIB.
Dans le contexte de la crise générale qui frappe le monde, les agriculteurs appellent à faire preuve de vigilance et à tirer les leçons pour promouvoir l’agriculture locale. Avec des terres fertiles, les agriculteurs de la place rassurent que le pays peut au bout de cinq ans arriver se faire passer de l’importation des produits agricoles pour consommer local.
« Notre agriculture connaît des opportunités à développer. L’Etat doit débloquer des moyens financiers voire techniques pour développer ce secteur afin de pouvoir garantir une autosuffisance alimentaire et une sécurité alimentaire », a fait savoir Machouhouli Ahamada, un cultivateur de légumes. Et d’ajouter : « Notre pays requiert une agriculture performante et pérenne. Personnellement, j’ai accompli d’énormes réalisations dans le domaine agricole et je me fixe encore des objectifs. Sachant que je n’ai reçu aucun don. Avec l’agriculture, je me nourris et je nourris ma famille, elle me permet d’enseigner mes enfants et je fais des économies. Mais si le secteur est structuré, nous pouvons mieux faire et contribuer de plus à l’économie du pays. »
Pour un cultivateur des produits vivriers plus précisément des taros, le secteur agricole regorge d’énormes potentiels malgré l’absence d’accompagnement des autorités.
« Une coopérative agricole à Pomoni Anjouan possède une parcelle de terrain de 32 hectares et 3 marécages. Ces terres ont commencé à être exploité par une seule famille et compte actuellement plus de 415 femmes agricultrices. Certaines récoltent plus de 3 tonnes de taros par an et d’autres récoltent chacune plus de 500 kg. Mais malgré leurs efforts, elles n’ont jamais reçu un quelconque soutien de la part du gouvernement », fustige Ali Abdou Chadhouli. Selon cet agriculteur des taros, la culture des produits vivriers ou de rente peut apporter une part importante au produit intérieur brut.
C’est la responsabilité de l’Etat qui est de mobiliser les ressources nécessaires pour aider les agriculteurs à réussir un véritable décollage de l’agriculture. L’Union des Comores est peu intensifié et dépend des importations. La priorité est d’obtenir des gains de productivité avec les méthodes disponibles pour nourrir la population.
A noter que la BAD a débloqué près de 6 millions d’euros pour stimuler la production alimentaire aux Comores. Le don va notamment servir à mettre en œuvre le projet d’urgence d’appui à la production agricole aux Comores. Selon la BAD, le pays va pouvoir acquérir 270 tonnes de semences en maïs, de pommes de terre, et 300 000 lianes de patates douces qui seront distribuées aux producteurs.
Les agriculteurs appellent à des projets prioritaires et des projets ambitieux. « Investir dans le domaine agricole permettrait de créer des emplois et générer des revenus. Il faut agir sur les facteurs de production en élargissant l’assiette des terres agricoles, mettre en place un fonds de garantie au secteur agricole, engager tous les acteurs pour une agriculture créatrice de valeurs et encourager la population à consommer local sont des programmes devant faciliter les agriculteurs à beaucoup produire et assurer une autosuffisance alimentaire », préconise l’agriculteur Ali Abdou Chadhouli.
Le secteur agricole manque d’infrastructures de base. Les agriculteurs ont du mal à se rendre dans les champs. Pour rappel, le secteur primaire représente plus de 50% des femmes agricultrices.
KDBA