ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Agriculture /Cocotier : Une espèce en voie d’extinction  

Les agriculteurs constatent une diminution progressive des cocotiers dans certaines régions du pays. C’est ce que confirme Mze Hamadi au cours d’un entretien accordé à Al-fajr vendredi dernier. Ce cultivateur de son Etat regrette le manque d’une politique nationale pour promouvoir l’autosuffisance alimentaire aux Comores. Il pointe du doigt le ministère de l’agriculture.

Le prix des cocos s’envole. Cela s’explique pour certains par la raréfaction du produit dans certaines régions de Ngazidja et presque dans tout le territoire national. Beaucoup de comoriens importent des pays voisins comme Madagascar ou la Tanzanie des cocos. C’est ce qui est inimaginable, il y a quelques décennies où le pays était parmi les grands exportateurs du copra dans la région. Depuis peu, le cocotier devient une espèce en voie de disparition dans beaucoup des régions. La cause, la vétusté de l’arbre et son non renouvellement.  

« Ces cocotiers comptent plusieurs années. Certains sont devenus vieux et d’autres sont décimés par une maladie du charbon. Il faut les renouveler», explique Mze Hamadi, un agriculteur.  

L’agriculteur regrette le fait que la plantation des cocotiers ne demande pas grand-chose et que l’on reste sans rien faire pour éviter son extinction.

« Nous avons une terre fertile, les plantes poussent rapidement. Contrairement à d’autres pays où l’agriculture demande beaucoup de mécanismes techniques et d’énergie. Mais le manque d’une politique nationale appuyant le secteur dans notre pays fait défaut. Aujourd’hui, tout dépend de l’extérieur en termes de denrées alimentaires. On importe même la noix de coco, c’est une honte», déplore-t-il.

A l’entendre, l’émergence déclarée par le gouvernement doit commencer par l’autosuffisance alimentaire. « Il faut que notre pays soit indépendant en termes de denrées alimentaires. Si cela n’est pas possible, alors comment le pays peut espérer l’émergence ? », s’interroge-t-il.

Mze Hamadi précise que les produits importés n’ont pas le même goût que les produits locaux. Il a cité entre autres, les tarots, pommes de terre. Selon lui, les tomates en provenance, soit de Madagascar, soit de Dar es Salam n’ont pas le même goût que ceux cultivés aux Comores. « Nous avons des produits qui poussent naturellement sans utilisation d’engrais chimiques.  Je pense que la consommation d’aliments importés est à l’origine de la plupart des maladies qui ont touché les Comores», suppose-t-il.  

M. Hamadi est nostalgique de l’époque, des Cader et Cefader dans les régions. Des structures agricoles abandonnées au dépend des CRDE. « Et il semble que ces nouvelles structures n’ont aucun impact dans l’agriculture du pays ni dans la politique de lutte pour l’autosuffisance alimentaire. Le ministère de l’agriculture ne joue pas son rôle qu’il devait jouer. Par le fait que les techniciens qui y travaillent son beaucoup plus bureaucrates que pratiques », fustige-t-il.

Et de préciser : « l’agriculture ne se pratique pas au bureau. Il se pratique au champ. L’on ne doit pas s’étonner si notre agriculture a fait une chute dégressive par rapport aux années précédentes. Si nous voulons développer l’agriculture, il faut appuyer le secteur et donner les moyens à ceux qui y travaillent ».

Les cocotiers pourraient disparaître totalement du pays dans les prochaines années, prévient Mze Hamadi qui déplore l’absence d’initiatives de replantage de cette plante aux multiples usages.

Kamal Said Abdou

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