Présent partout dans les portes anciennes des maisons à Anjouan à l’instar des maisons princières ou palais comme Ujumbé, le Nackchi est devenu une mode, la star des maisons. Sa valeur culturelle et patrimoniale reste, à ce jour, sous-estimée. Les portes sculptées représentent un talent artistique ancien à découvrir et à protéger.
Un décor à valeur universelle. Les mêmes sculptures et écritures sont retrouvées dans les portes des pays du Maghreb dont le Maroc. Le collectif du patrimoine des Comores a tant restauré, rénové et réinstallé des nackchi partout au palais Ujumbé. « Je suis parmi les anciens artisans de l’île. Mon mentor a un handicap. Il ne parle pas. Il m’a appris depuis mon jeune âge. J’ai peiné à travailler les dessins et aujourd’hui, je suis capable de réaliser les travaux les plus difficiles », raconte Ankili Silahi originaire de Ouani. « Je suis capable de travailler sur des motifs aussi anciens que modérés. La fabrication d’une porte dépend de plusieurs facteurs. Ce sont, les motifs du client, la face, et la disponibilité du client à fournir le nécessaire pour le travail. Les anciens modèles sont plus complexes et donc plus difficiles à réaliser. Les motifs modernes sont plus simples à réaliser et précisément un mois de travail. Tout cela dépend des caprices du client », avance l’artisan sculpteur.
La valeur du bois sculpté reste indifférente pour d’autres. Le peu de personnes qui s’intéresse en tire bon profit par sa beauté exceptionnelle, sa durabilité et sa carrure. Les portes sculptées durent des siècles à l’instar de ceux qui sont au palais Ujumbé et pleins d’autres. « J’ai à ma collection des portes et fenêtres dans différents palais de l’île. Au palais Ujumbé, j’ai travaillé sur des portes et fenêtres. C’est une collection avec une valeur inestimable à ce jour. Il faut la découvrir, la protéger et la promouvoir », lancé-t-il.
Les bois locaux sont résistants
Cet artisan parle d’un phénomène d’importation qui engendre la chute de la valeur du nackchi. « Ce qui tue l’économie, ce sont les importations massives des produits. Nous pouvons importer les matières premières. Par exemple, les portes importées ont un temps de vie déterminé. Le bois des îles sont plus résistants et s’ils sont bien entretenus ils peuvent durer le temps d’une vie », a confié Ankili Silahi. Ce sculpteur donne un second souffle au patrimoine culturel laissé au détriment des portes occidentales.
Saoudat Binti Mouawiyat, propriétaire d’une porte sculptée datant du 19 ème siècle parle d’un trésor qu’elle a hérité depuis 4 générations. « Voyez l’ancienneté de cette porte et voyez donc sa valeur. Je suis fière de cette porte que mon arrière-grand-père a sculptée. C’est un chef-d’œuvre. Un talent. Un travail minutieux fait à la main. Quand je vois l’état de certaines portes sculptées, j’ai de la peine. Ils n’ont pas de valeur pour ces générations qui ne comprennent pas le sens de ce bois, de ces écritures. Certains mêmes sont abandonnés ou jeter. C’est regrettable », a-t-elle exprimé.
Des projets en cours
Pour le directeur régional du Cndrs et coordinateur du collectif du patrimoine des Comores, Musbahudine Ben Ahmed, les portes en bois sculptées de l’Ujumbe font partie de l’ensemble du projet de restauration des monuments historiques dont le CPC s’est engagé à préserver, restaurer et promouvoir. « Pour les portes dans lesquelles les bois ne sont plus récupérables, nous produirons de nouvelles en reprenant les mêmes motifs de décor. Celles qui sont en état récupérables, feront objet d’un traitement adéquat pour leur conservation », a fait savoir Musbahuddine Ben Ahmed.
Ahmed Zaidou