Les jeunes étudiants sont de plus en plus nombreux à sécher les cours un jour par semaine pour demander davantage d’action pour le climat. En initiant le mouvement dans leur pays, quelques lycéennes et collégiennes sont devenues des figures mobilisatrices.
Partie de Suède à la rentrée, la mobilisation des écoliers a essaimé en Australie, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse (où le mouvement veut rester horizontal, sans meneur), en Belgique, au Canada, aux Etats-Unis, en Irlande et au Royaume-Uni. Motivée par l’essor des marches pour le climat, la jeune génération mène sa propre action face à l’urgence climatique. Ils sont de plus en plus nombreux à faire la grève de l’école un jour par semaine pour tenter de sauver leur avenir. Aux yeux de beaucoup, les adultes n’ont pas pris la mesure de la catastrophe qui s’annonce et sont donc incapables de prendre les mesures parfois radicales qui s’imposent. Les foules sont assez mixtes mais la fronde est menée par des filles. Revue des principales initiatrices.
En Suède, la pionnière Greta Thunberg
Les écoliers grévistes ont tous son nom aux lèvres. La Suédoise Greta Thunberg a été la première à manifester à Stockholm, toute seule, devant le Parlement de son pays au lieu d’aller en cours. Elle s’y est rendue tous les jours pendant trois semaines avant les élections de septembre 2018, pour demander au Premier ministre de se conformer à l’Accord de Paris. Elle a ensuite décidé de renouveler son action chaque vendredi, en twittant avec le hashtag #ClimateStrike.
L’adolescente de 15 ans, dont le pays s’est engagé à être neutre en carbone en 2045, une première mondiale, estime que la date butoir est trop lointaine et que les gouvernements doivent agir plus vite. Elle intime les dirigeants mondiaux à mettre en œuvre les mesures nécessaires à limiter le réchauffement à +2°C, idéalement +1,5°C, par rapport à l’ère préindustrielle. Elle est devenue vegan, n’achète plus de produits neufs, a convaincu sa mère, chanteuse lyrique, de renoncer à prendre l’avion et son père d’acheter une voiture électrique plutôt que le gros 4×4 dont il rêvait.
Ses parents ont tenté de la dissuader de continuer sa grève, sans succès. D’autres manifestants se sont progressivement joints à elle. Un texte, écrit par cette autiste Asperger pour détailler ses motivations, est devenu viral. La médiatisation a suivi.
Début décembre, Greta Thunberg a impressionné par un discours argumenté lors de la 24e conférence des Nations unies sur le climat à Katowice, en Pologne. Elle appelle à une grève mondiale des écoliers le 15 mars.
Invitée au forum de Davos, elle a préféré faire 32 heures de train plutôt que de prendre l’avion, trop polluant. Question de cohérence. «J’estime qu’il est insensé que des personnes qui discutent notamment ici du dérèglement du climat, arrivent en jet privé», a-t-elle tancé d’entrée, allusion aux quelques centaines d’avions spécialement affrétés pour l’occasion. Les responsables économiques et politiques «savent exactement quelles valeurs inestimables ils ont sacrifiées afin de continuer à gagner des sommes d’argent inimaginables», a-t-elle déclaré à l’AFP.
Trois Australiennes lui emboîtent le pas
Harriet O’Shea Carre et Milou Albrecht, 14 ans, étudient dans un collège à 1 h 30 au nord de Melbourne. Elles ont voulu organiser une première «Climate strike» en Australie le 30 janvier, dans une ville de leur Etat, la Virginie. Dans une tribune publiée sur le site du Guardian, elles témoignent de leur quotidien dans une zone rurale, où elles ont fait l’expérience des événements climatiques extrêmes. «Notre gouvernement est censé nous protéger, pas détruire nos chances d’avoir un futur sans danger», regrettent-elles, alors que les émissions de CO2 en Australie repartent à la hausse. Et d’interpeller les politiciens : «Il est temps de nous écouté ». La mère de Milou, psychologue, les a sensibilisées aux conséquences du changement climatique sur la santé mentale, sujet encore peu abordé.
La troisième signataire est Jean Hinchliffe. A 14 ans, cette collégienne s’est rapprochée de Milou et Harriet pour organiser une manifestation le même jour à Sydney. La jeune activiste a déclaré au magazine The Bragavoir été appuyée par ses enseignants. Elle n’en est pas à son coup d’essai puisqu’elle était déjà militante écolo pour le mouvement progressiste GETUP. Des milliers d’écoliers, collégiens et lycéens ont finalement fait grève simultanément dans plus de vingt villes le vendredi 30 novembre. La mobilisation n’était pas au goût du Premier ministre conservateur Scott Morrison, qui avait au préalable déclaré vouloir «moins d’activisme dans les écoles». Des commentaires qui ont galvanisé les foules, venues avec des pancartes «Stop Adani» pour contester un projet d’exploitation de mine à charbon par la firme australienne Adani et demander au pays de se tourner vers les énergies renouvelables. Le vendredi suivant, le 7 décembre, rebelote. Jean Hinchliffe était au premier rang, porte-voix à la main.
Source : Libération