ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Crise aux Comores : Des jeunes se tournent vers l’Europe et le golfe

Crise socioéconomique, crise politique, des jeunes comoriens risquent leurs vies et se tournent vers l’Europe. Ils traversent la méditerranée pour s’installer en France ou dans d’autres pays européens, et nombreux sont en provenance de la Tunisie ou le Maroc. Bien que d’autres jeunes quittent le pays pour s’installer dans le golfe.

La crise sans précédent que traverse l’Union des Comores est sans merci. Crise économique, sanitaire, éducative, énergétique… Face à cette situation, difficile de compter les comoriens ayant quitté le pays. Une chose est sûre, le phénomène n’est pas nouveau. Les jeunes quittent les Comores et s’installent dans le continent européen et/ou asiatique.

Ce sont des jeunes diplômés, étudiants et élèves. Ils perdent de l’espoir dans leur pays natal. Ils rêvaient de devenir des enseignants, des ingénieurs mais certains parmi eux, leurs rêves n’ont abouti à rien. Ils ont abandonné l’école et travaillent dans des pays occidentaux. Ils dépensent plusieurs millions depuis le Maroc ou la Tunisie. Puisque selon eux, « la vie aux Comores est intenable. »

La Tunisie et le Maroc, des lieux de départs vers l’Europe

« Quand j’ai eu mon bac A4 à Moroni, j’ai commencé mes études universitaires à l’université des Comores dans le département  d’Histoire. Un an plus tard, je me suis inscrit dans une université en Tunisie. Une fois sur le territoire tunisien, j’ai changé d’avis et je me suis décidé d’aller en France en traversant la méditerranée. J’ai contacté ma famille aux Comores et ils m’ont soutenu. C’était un risque pour moi mais c’était le seul moyen de sauver ma vie car ma famille n’attendait que moi. Certes, j’ai des frères et sœurs, mais je suis l’aîné. Heureusement je suis arrivé sain et sauf en Italie avant d’être installé à Paris », a expliqué Moustafa Said.

Et lui de témoigner, « Nous étions une cinquantaine de passagers dans un bateau. Nous avons passé six jours à la mer et traversait plusieurs kilomètres. La peur animait mon cœur. Nous n’avons pas rencontré de problèmes. Je suis en France depuis 2016 après une semaine en Italie. Pour l’heure, je travaille et j’arrive à me nourrir et nourrir ma famille. J’ai marié, j’ai une enfant », a-t-il témoigné.

Aux Comores, l’espoir de l’Europe passe par la Tunisie ou le Maroc. Des flux des migrants comoriens. Des comoriens passent par d’autres pays et rejoignent l’Europe. Certains sont victimes d’arrestations et tortures. Et Ils sont prêts à y reprendre jusqu’à énième fois pour passer la France.

« Je peux faire ma vie sans des études en France »

Toutefois, des jeunes sont en France pour des études. Diplômés ou non en Union des Comores, des comoriens continuent leurs aventures dans la scolarité. Chaque année, ils quittent les Comores pour des études en France métropolitaine. Comme d’autres abandonnent les études pour le travail. « Je suis diplômé à l’université des Comores, après des années de stages sans rémunérations, j’ai tout de suite commencé à m’inscrire dans des écoles académiques en France. On m’a accepté et j’ai reçu le visa. En France, je travaille. Avoir une meilleure vie ne demande pas des diplômes donc, je peux faire ma vie sans des études en France. Mais si je me suis inscrit dans une école en France, c’est pour venir en France », a souligné Hadadi Mohamed.

L’Europe, un eldorado des comoriens ?

Un pari réussi pour ce jeune ? La vulnérabilité et la précarité de la communauté comorienne ne laisse pas la jeunesse à venir à bout de leurs rêves. Ils sortent du gouffre en quittant le pays. L’Europe, un eldorado des comoriens ? Les Comores constituent l’une des fortes diasporas en France.

Pour Samir Chamsidine, « j’ai quitté l’école en classe de 2nde quand je me suis rendu compte que la France est le paradis terrestre des comoriens. Avec ma famille, nous avons réussi à discuter avec une autorité politique afin de m’introduire dans une liste des agents d’une société d’Etat pour une formation en France. On lui a donné 3 millions de francs comoriens. Mon visa a été délivré. Quand je suis arrivé, c’est mon oncle qui venait me chercher à l’aéroport. J’ai huit ans en France. Le pays où rêvent les comoriens », raconte-t-il.

Vers le golfe également

Les yeux des jeunes comoriens ne se tournent pas seulement vers l’Europe. Vers le golfe également pour y travailler. Des jeunes femmes et hommes sont installés dans des pays du golfe. Au Qatar, à Dubaï, au Yémen, l’on compte des comoriens travaillant dans des usines et magasins. Des femmes travaillent dans des foyers. « J’ai presque trois ans au Yémen. J’ai quitté l’école et je me suis tournée vers le Yémen à l’insu d’une amie à moi », a dit une jeune femme.

Elle dit avoir sollicité sa sœur de quitter les Comores pour le Yémen afin de changer leur vie familiale « vulnérable ». Même son de cloche pour Halifa Soulé depuis Qatar. « Il faut toujours rêver et se battre à tout jamais. Je n’ai pas de diplôme, je ne suis pas allé loin dans mes études, mais je suis un homme de conviction et d’ambition », précise Halifa Soulé. Ce jeune comorien refuse de donner le nombre des comoriens au Qatar. « Je ne peux pas vous donner un chiffre exacte car j’en doute », confie-t-il. Face à cette situation « désastreuse », l’Etat ne réussit pas à trouver un stratège de sauver la jeunesse comorienne.

Kamaldine B. A

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