ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Economie : Le rebond des prix agace la population

A un mois du ramadan, tout n’est pas revenu à la normale. Les prix continuent à s’envoler. Le rebond des prix s’explique pour certains demi-grossistes, par la hausse des prix au niveau mondial. L’on constate une légère hausse des prix des produits carnés. A contrario, les prix des produits alimentaires s’envolent.

La même rengaine. Hausse des prix ! Bien que le gouvernement a mis la main dans la poche pour mobiliser 5 milliards de francs comoriens de prêt de garantie aux commerçants. Certes, des commerçants commencent à importer des produits alimentaires, mais les prix sont exorbitants.  L’année 2022 a débuté avec une nouvelle hausse des prix des produits alimentaires dans le pays. Le sucre, la farine, l’huile, le lait, les sardines et autres produits importés se tirent vers le haut. Et le gouvernement reste passif, alors que la grogne sociale monte.

Le dialogue des sourds

Selon un économiste de la place, la crise sanitaire liée au covid-19 a entraîné des fortes excentricités entre l’offre et la demande, et de tensions de chaînes logistiques. Mais, « le gouvernement devrait avoir son mot à dire. Rester muet face à cette inflation est inquiétant. Depuis 2020, l’économie du pays est impactée par la covid-19 et des mesures ont été prises pour une croissance économique. Et face à l’inflation non passagère, le gouvernement doit briser le silence et arrêter de nous chanter des cinq milliards de prêt de garantie », a-t-il expliqué. « La population manifeste la colère et dénonce via les réseaux sociaux cette vie chère que nous traversions. Mais notre gouvernement plus particulièrement les autorités compétentes font le dialogue des sourds », a-t-il renchéri.

Il s’agit de l’inflation la plus élevée depuis la covid-19, selon l’économiste. Il pointe du doigt le chef de l’Etat et au ministre de l’économie qui, selon lui, n’écoutent pas la voix du peuple. Depuis plusieurs mois, les citoyens font face à une hausse soutenue des prix alimentaires. Importée en masse, la farine varie entre 9 000 à 9 500 francs le sac de 25 kg. Le prix du kilogramme est de 850 francs. La sardine passe de 350 à 500 francs la boite, l’huile végétale passe de 750 à 1100 francs la bouteille, le lait (OKI) passe de 350 à 500 francs la boite, le sucre passe de 400 à 750 francs le kilogramme. Et le sac de sucre de 25 kg coûte 13 500 francs et celui de 50 kg coûte 22 500 francs. Le lait melody varie entre 125 à 150 francs le sachet. « Chacun fixe le prix à son gré. Certains boutiquiers vendent l’huile à 1 000 francs et d’autres à 1 100 francs. C’est du gâchis. Je pense que les boutiquiers doivent être dans le même diapason. Les demi-grossistes aussi. Le service des prix doit jouer son rôle car la situation n’est pas sous contrôle. Le peuple est exaspéré », a indiqué Saïd Abdoulmadjid.

Prix d’achat et prix de vente

Au grand dam des demi-grossistes, il n’y a aucune raison de leur pointer du doigt. Puisque, selon Abbas Ismaël, « si les prix ont progressé chez nous c’est parce que nous achetons à des prix exorbitants. Si on achète un sac de farine à 8 750 francs, je le vends à 9 000 francs ou 9 250 francs. Le prix de vente est le résultat du prix d’achat. Je peux vendre un sac de sucre à 13 000 francs mais, un autre peut le vendre à 13 500 francs voire 14 000 francs. Les fournisseurs ne sont pas les mêmes et nous sommes également sur un marché concurrentiel. Ne soyons pas dupes. Les taxes douanières ont tout chamboulé. Avant, le citoyen lambda ne manifestait pas son désarroi face à un rebond des prix. Mais, si aujourd’hui tout le monde chante la hausse des prix, c’est parce que le gouvernement ne facilite pas (de leur côté) la vie de tout le monde », a expliqué Abbas Ismaël, un commerçant.

Et les produits locaux ?

La hausse des prix ne concerne pas les produits alimentaires importés. Les produits locaux connaissent aussi une flambée des prix : la patate douce, le manioc, la banane… Le kilogramme de la patate douce est de 1 750 francs. Le panier de courses familial ne se remplit pas au marché. Pour cause, les prix sont en hausse. « Je dois acheter de la banane, des tomates, des oignons et des ailes. Je dois avoir 15 mille francs. Tous les produits locaux sont en hausse », témoigne Hadidja Moussa, une acheteuse des produits vivriers, rencontrée au grand marché de la capitale, ce dimanche à 11 heures. Furieuse, elle dit avoir contacté sa famille pour un changement de plat.

Pour Maman Tidjara, une vendeuse des produits vivriers, « nous ne vendons pas nos produits à des prix exorbitants. Les prix sont abordables. Et même si on vend à des prix élevés c’est pour pouvoir acheter un sac de sucre, de farine et d’autres produits importés. Ces produits connaissent une flambée des prix », dixit-elle.

KDBA

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