ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Femme enceinte décédée : Quand aimer devient fatal

À travers les réseaux sociaux, Dr Ben Djabir Mbaé a raconté une histoire tragique d’une femme enceinte décédée après avoir refusée la transfusion sanguine. Selon docteur Ben Djabir Mbaé, la femme enceinte a refusé de faire la transfusion sanguine parce qu’elle a peur de son mari. 

Une femme enceinte a refusé de faire une transfusion sanguine sous prétexte que son mari lui a interdit. Une histoire choquante qui inquiète plus d’un. « Une femme enceinte est venue à l’hôpital. Après examen et analyse, on a constaté qu’elle était en état d’anémie sévère et nécessite urgemment une transfusion sanguine sinon le pire peut arriver à tout moment. J’explique à la patiente le problème, ce qu’elle a très bien compris la nécessité de la transfusion sanguine et acceptera l’acte si son mari accepte. J’appelle son mari et l’explique la situation de sa femme mais, malheureusement, il refuse catégoriquement que sa femme soit transfusée. J’essaie de le convaincre. En vain. Je retourne expliquer à la femme les conséquences en cas de refus de prise en charge. Malgré tout, elle a refusé par peur de son mari car il la menace de divorcer si elle accepte la transfusion sanguine. Le lendemain, on m’informe que la femme est décédée », a raconté Dr Ben Djabir Mbaé, sur sa page Facebook.

Après ce post, plusieurs les critiques frôlent la toile et nombreux pointent du doigt au mari. Selon plusieurs réactions, la femme doit obéir à son mari mais, il y’ a des limites, surtout, en cas d’une question de vie. La ministre de la santé, Loub Yakouti Athoumane a réagi face à cet acte et conseille aux femmes de dire non aux caprices d’ancien temps de son époux. « Ce genre de drame doit interpeller plus qu’un ! Plus jamais une telle injustice ! La femme doit savoir dire non aux caprices d’ancien temps de son époux », a posté la ministre de la santé.

Que dit le code de la santé ?

Selon le code de la santé de l’Union des Comores, l’article 214 dispose que « le médecin est tenu de (…) respecter l’avis et la personne humaine. Et l’article 217 précise que « le praticien qui, dans son domaine de compétence reçoit une personne en danger, est tenu de lui apporter les soins d’urgence sans exiger le paiement préalable de ses honoraires. » La divergence d’idées dans cette affaire. Pour le juriste Yhoulam Athoumani, il s’interroge si le médecin a respecté le code de la santé. « Je crois que le médecin Djabir aurait dû soigner cette dame malgré le refus de son mari. Il aurait pu invoquer à la fois cet article 2017 même s’il ne précise pas cette question d’avis du patient et l’article 214 qui impose le respect de la personne humaine. Car sauver une vie c’est aussi respecter la personne humaine », s’explique-t-il.

Pour Me Moudjahidi Abdoulbastoi, avocat au barreau de Moroni,  « Tout d’abord, je pense que le code de la santé a consacré le principe du libre consentement du patient au traitement médical (article 611 du code de la santé). La loi pose au médecin l’obligation de respecter la volonté du patient, au même titre que son obligation d’informer ce dernier des conséquences de ses choix », explique l’avocat. « Le patient est libre de refuser ou d’interrompre un traitement, même si cela met en danger sa vie. Dans ce cas de figure, le médecin n’a qu’une obligation de moyen : tout mettre en œuvre pour convaincre le patient d’accepter les soins indispensables. Et si malgré tout cela, le patient persiste dans son refus, la loi comorienne autorise le médecin à accomplir, sans le consentement, des actes indispensables à sa survie et proportionnés à son état », poursuit-il. Et de préciser, « sur la base des éléments avancés par le docteur Ben Djabir dans son post, on peut engager la responsabilité pénale du mari pour abus de faiblesse. Par contre, la responsabilité du médecin ne peut être retenue s’il prouve qu’il a mis tous les moyens à sa disposition pour convaincre la dame. »

Abdoulandhum Ahamada

 

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