Avocat de l’ex-président Ahmed Abdallah Sambi, Mahamoud Ahamada a été désigné comme le candidat officiel du parti Juwa, qui fera face aux douze autres personnalités en lice à la présidentielle du 24 mars, dont le président Azali Assoumani.
Après plusieurs rebondissements, le nom du candidat officiel de Juwa pour la présidentielle du 24 mars est enfin connu. Il s’agit de Mahamoud Ahamada, âgé de 49 ans et surtout remarqué dans le premier parti d’opposition pour être l’avocat de son leader, l’ex-président Ahmed Abdallah Sambi, placé en détention provisoire depuis plus de six mois. À charge pour cet inconnu du grand public de fédérer sur son nom, alors que deux autres membres de Juwa se sont également lancés dans la course présidentielle. « À la fin, il n’en restera qu’un », rappelle Mahamoud Ahamada, en espérant parler de lui.
Jeune Afrique : Votre désignation semble loin de faire l’unanimité au sein du parti Juwa. Pensez-vous pouvoir rassembler votre camp ?
Mahamoud Ahamada : Je n’ai aucune inquiétude. Le parti me soutient à bout de bras depuis que j’ai été confirmé candidat par ses plus hautes instances. Les démonstrations de force que nous avons organisées ces dernières semaines dans les différentes îles ont montré la mobilisation de nos militants et la confiance qu’ils m’accordent. Et je sais aussi bénéficier du support d’Ahmed Abdallah Sambi, même si je ne lui ai pas demandé.
Vous avez passé une bonne partie de votre campagne sur Anjouan. Pensez-vous que celui qui remportera l’île sera élu ?
Toutes les îles sont importantes dans cette campagne, car le principal enjeu de cette élection est bien de réinstituer le principe d’une seule tournante de cinq ans, pour permettre à Anjouan de prendre la présidence dès 2021 comme le prévoyait l’ancienne Constitution. L’actuelle ne semble avoir pour but que de disloquer le pays. Et de profiter au pouvoir en place qui s’est taillé un texte sur-mesure.
Que reprochez-vous au président Azali Assoumani, élu en 2016 grâce au soutien de Juwa ?
Dès son arrivée au pouvoir, il n’a pas respecté le mandat pour lequel il a été élu. Il n’a pas écouté les volontés de la population comorienne, ni son désarroi. Azali Assoumani utilise aujourd’hui des méthodes non démocratiques auxquelles nous sommes décidés à mettre fin. C’est pour cela que nous avons créé cette plateforme de l’opposition, pour barrer la route à Azali Assoumani, derrière un candidat unique au second tour.
S’il y a un second tour… Ne craignez-vous pas une victoire du président sortant dès le soir du premier tour ?
Il ne bénéficie pas des soutiens qui lui permettraient un tel résultat. Au contraire, je pense même qu’il ne gagnera pas au soir du second tour. À moins de tenter de passer en force comme lorsqu’il refuse de fournir les accréditations aux observateurs qu’il a lui-même demandé à la communauté internationale. Leur présence est pourtant indispensable aux yeux de l’opposition.
Redoutez-vous des débordements lors de ces scrutins ?
Il faudra être vigilant si nous voulons éviter toute tentative de manipulation des résultats, toute pression exercée par les forces de l’ordre sur les électeurs, comme cela a pu être constaté à certains endroits lors du référendum de 2018. Tout le monde doit rester dans son rôle pour que l’ensemble du processus puisse se dérouler en toute transparence. À commencer par le président lui-même.
Source : Jeune Afrique