« … Celui qui fera des bêtises, nous ne le punirons pas seul. Il sera puni avec toute sa famille. ». Ces mots du président suppléant Moustadrane Abdou ont l’audace d’annoncer la couleur. Que la mascarade commence.
Welcome in the Jungle. Rien de surprenant !
Qui aurait fait mieux ? Surement pas le ministre Souef El-Amine, qui essaie malgré tout de garder une stature digne, sans jamais remettre en cause directement – sauf en off, parait-il – son gouvernement. Le président Azali a finalement pris congé et a choisi de confier les rênes de la république à Moustadrane. Drôle de choix pour le président, qui demande à la France, un dialogue franc. Pour l’ancien vice-président, Mayotte n’est pas une île comorienne, mais appartiendrait à un autre pays. En tout cas, c’est ce qui est ressorti de sa déclaration en août 2018, quand il a demandé aux opposants anjouanais mécontents, de « quitter le pays en kwassa kwassa vers un autre pays. Mayotte ». Telle est la personnalité que le chef a choisi pour sa suppléance. Loin d’unir ou de chercher l’apaisement, ce dernier est adepte des petites phrases stigmatisant, à l’endroit des concitoyens de l’autre bord. Son approche est brute et sans filtre.
Mais à y voir clair, il s’agit d’un choix stratégique. Dicté par la nécessité d’installer la peur dans le subconscient des candidats et leurs soutiens, le colonel a fait le choix de durcir la trajectoire des élections, en les confiant au tandem Moustadrane/Mohamed Daoudou. Le seul capable d’assurer la mission. Un duo de choc à la manette. On ne peut mieux faire. Le ministre a l’art de se faire passer pour le maître du temps et de l’espace. Affirmant sans sourciller, faire ce qu’il veut et n’en avoir que faire de la loi. Le président suppléant, s’est quant à lui, spécialisé dans les attaques directes contre les citoyens.
Tant pis pour le ministre des affaires étrangères, qui se voyait peut-être déjà à Beit-Salam.
Par la suite, il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que Moustadrane lance les hostilités. Le 21 février, une journée après l’ouverture de la campagne électorale, il a encore une fois dérapé. Menaçant, dans une allocution officielle, de « punir » les familles de tous ceux qui feront « des bêtises ». Mais à qui et à quoi fait-il allusion ? Et quelle punition leur réserve-t-il ? Jamais nous n’aurions imaginé, entendre ceci de la plus haute autorité du pays. La parole du président ne devrait jamais se mettre en dehors de la loi. Mais à force de partir en freestyle, nos représentants ne mesurent que tardivement, l’impact de leur propos et leur prise de position. Parce que j’aime à croire que cette phrase de Moustadrane, ne lui a pas été écrite dans un discours. Mais on ne pouvait pas rêver mieux s’agissant de l’ancien vice-président. On se rappelle encore de ces paroles glaçantes, quand il disait en direction des Anjouanais, dans un meeting public en juillet 2018 : « … Celui qui sera rattrapé par la patrouille n’aura même pas la visite de sa femme. »
La couleur est ainsi annoncée et rien ne nous surprend. Mais nous ne manquerons de rappeler à monsieur le président suppléant, vu qu’il a sûrement oublié, qu’il est là pour un temps court. La nation ne devrait pas se rappeler de lui, comme du président de la haine. Les petites phrases qu’il a l’habitude de balancer ne sont pas dignes de sa stature. Nous lui rappelons aussi, qu’il travaille pour les citoyens comoriens et représente notre nation. Nous lui demandons de respecter cette haute institution qui est la présidence de la République. La stigmatisation des plus faibles est un honneur pour personne. Moustadrane a avant tout, la mission d’organiser des élections dans la paix. Il a donc un devoir de neutralité. La nation comorienne est entre ses mains. Puisse-t-il ne pas nous conduire vers une guerre ou des affrontements fratricides. En attendant, soyons intègres, soyons citoyens, soyons Comoriens, et le meilleur suivra.
Khaled SIMBA