Ecœuré par l’attitude de la France à l’égard des comoriens des trois îles résidant sur l’île de Mayotte, le gouverneur de l’île d’Anjouan Anissi Chamsidine dénonce l’opération wuambushu et prend comme témoins les organisations internationales et régionales, sur les conséquences présentes et lointaines que cette opération peut en découler.
S’il y a des autorités qui préfèrent avaler leurs langues de peur de représailles, Anissi Chamsidine, le gouverneur de l’île d’Anjouan ne joue pas avec les mots afin de dénoncer l’opération wuambushu mise en œuvre sur l’île de Mayotte par la France.
Dans un communiqué publié, samedi dernier, la déclaration du locataire de Dar Nadjah est plus que formelle. « Les autorités d’occupation de l’île comorienne de Mayotte ont lancé l’opération wuambushu avec une grande détermination. Nous tenons à rappeler que l’île de Mayotte fait partie intégrante de l’Union des Comores, telle que reconnue par l’ONU, l’UA et d’autres organisations internationales. Nous n’entendons pas soulever ici la question de la souveraineté de l’Etat comorien sur cette île, car cela révèle de la compétence des autorités nationales de l’union des Comores », réagit le gouverneur d’Anjouan.
Renaissance de la violence coloniale et séisme à Anjouan
Alors que l’opération wuambushi a été enclenchée depuis presque dix jours marqués par la déportation des familles vers l’île d’Anjouan, le gouverneur Anissi Chamsidine se dit inquiet et craint un séisme sur Anjouan.
« Nous sommes préoccupés par les tragédies auxquelles sont confrontés les comoriens de Mayotte que la France qualifie de clandestins. Plus de 20.000 personnes ayant grandi à Mayotte vont être arrachées à leurs environnements pour satisfaire à des enjeux économiques et militaires qui les dépassent. Leur déportation en masse va provoquer un séisme sur l’île de Ndzuani. Est-ce le but recherché par l’Etat français ? », s’interroge le gouverneur.
Si les violences coloniales avaient pris fin après les indépendances en Afrique, Anissi Chamsidine redoute malgré tout, la renaissance de ces pratiques par l’Etat français contre les comoriens à Mayotte. « Nous pensions que la violence coloniale avait atteint ses limites, nous découvrons, aujourd’hui, qu’elle n’est pas encore finie d’imposer sa loi dans l’archipel. Mais les habitants de Mayotte sont-ils au courant des conséquences de cette décision pour leur propre quiétude ? Nous sommes persuadés que la France avait un peu de bonne volonté, a les moyens de juguler cette crise, de réguler ces événements, de réinsérer ces jeunes, d’assurer la sécurité de l’île, sans avoir à se livrer à des opérations des populations. L’opération en cours risque de nous coûter à tous », a-t-il fait savoir.
L’opération wuambushu viole le respect des droits humains
Dénoncée par les uns, critiquée par les autres, l’opération wuambushu ne compte pas à respecter aucun cadre légal des droits humains, selon le gouverneur de Ndzauani. « Face aux risques encourus dans le cadre d’une opération qui viole les principes universels des droits de l’homme, et étant donné l’impossibilité matérielle pour l’administration de faire face à une telle situation, le gouvernorat de l’ile autonome de Ndzuani, rejoignant la position exprimée par le porte-parole du gouvernement de l’Union des Comores par le ministre de l’intérieur et les représentants du peuple comorien, les députés, dans la résolution adoptée à Hamramba, s’oppose fermement au déversement des victimes de l’opération wuambushu, que ce soit au port de Mutsamudu ou ailleurs sur l’île de Ndzuauni », a crié Anissi Chamsidine.
Par ailleurs, le gouverneur de l’île autonome d’Anjouan exhorte les autorités nationales à lui prêter main forte en vue de préserver la sécurité de la population de l’île, la stabilité et la paix dans l’ensemble du pays.
Nassuf. M. Abdou