L’eau est devenue une denrée rare à Moroni. Les robinets sont à sec. Les camions-citernes et les bus n’arrivent pas à satisfaire la demande qui explose en cette période de grande chaleur. Une situation qui prend au dépourvue des quartiers reculés de la capitale. A cela, s’ajoute la spéculation sur le prix de l’eau. Sur place, la population citadine dénonce la gestion calamiteuse de la SONEDE.
Moroni est à sec. La capitale de l’archipel subit de plein fouet une pénurie d’eau sans précédent. Les habitants peuvent aligner des semaines entières sans qu’une goutte d’eau sorte du robinet.
Une situation qui n’est pas sans risque pour une population exposée à des maladies d’origine hydrique. « C’est ubuesque. Nous n’avons même pas d’eau pour aller aux toilettes », témoigne un jeune homme.
A Moroni, se procurer de l’eau est devenu un parcours de combattant. Les camions-citernes et les bus remplis des jerricans ne sont disponibles qu’un jour sur trois.
Du Sud au Nord de la capitale, le manque d’eau se fait ressentir. « La situation dans nos quartiers est invivable. L’eau est la source de la vie. Sans eau, on ne peut rien y faire. Bien qu’il ait de la nourriture à la maison, l’eau y manque. C’est triste. On peut passer deux jours à trois jours sans que les camions-citernes et les bus nous ravitaillent », a souligné Ahmed Abdou, résidant de Moroni-Caltex.
A Oasis, c’est la même rengaine. M’madi Elamine craint que cette pénurie n’emmène pas des maladies et porte un doigt accusateur, à la société chargée de l’exploitation et de la commercialisation de l’eau.
« La SONEDE a failli à sa mission. Comment se fait-il que Moroni manque d’eau ? La gestion calamiteuse de cette société, nous a conduit à cette situation de paralysie totale », a-t-il lâché. Frustrée par cette situation, une brave femme sonne l’alarme.
« Je lance un cri d’alarme car la situation est très critique : ça va faire plus d’un mois, nous n’avons pas vu d’eau coulée dans nos robinets. Auparavant, ils nous envoyaient quelques gouttes une ou deux fois par semaine le matin, qui arrivaient à peine à remplir un bidon de 20 litres. Actuellement, même les vendeurs de bidons d’eau qui passaient nous vendre ne viennent plus. On ignore ce qu’ils se sont entendus avec la SONEDE lors de leur grève, la semaine dernière », crie une femme sur les réseaux sociaux.
Et d’ajouter : « nous sommes arrivés à un stade où même nos besoins élémentaires, on n’arrive pas à les satisfaire, et je doute fort que le lavage mortuaire pourrait se faire. Dans tout ça, la SONEDE reste indifférente. Tout ce qu’on peut faire, c’est de nous remettre à Dieu. »
Kamal Said Abdou