La récente réforme du Code de l’information et de la communication suscite une vive polémique aux Comores. Plusieurs voix du secteur médiatique privé dénoncent leur exclusion du processus de révision, pointant du doigt le Conseil national de la presse et de l’audiovisuel (CNPA), accusé de ne pas représenter équitablement l’ensemble des acteurs du paysage médiatique.
Parmi les critiques les plus virulentes, celle de Moustafi Sambaouma, journaliste à Fbk FM, qui regrette une réforme « menée à huis clos », sans consultation des principaux concernés :
« Cette réforme, bien que nécessaire, ne devrait laisser personne de côté. L’exclusion des médias privés traduit un mépris envers le Syndicat national des journalistes comoriens et les médias indépendants. »
Selon M. Sambaouma, le texte en cours de révision s’applique à l’ensemble des médias, qu’ils soient publics, privés ou numériques. Il estime que les médias en ligne, aujourd’hui incontournables, auraient dû être pleinement intégrés au processus :
« Malheureusement, ils n’ont même pas été invités à la table. C’est une erreur grave. Ces plateformes jouent pourtant un rôle essentiel dans la diffusion de l’information et la vitalité démocratique. »
Une manœuvre politique déguisée ?
D’autres journalistes vont plus loin, évoquant une volonté délibérée de marginaliser les voix indépendantes. Pour Ali Abdou Mkouboi, également de Fbk FM, cette démarche s’apparente à une stratégie d’affaiblissement du pluralisme médiatique :
« C’est une forme de dictature déguisée destinée à faire taire les médias privés. Si l’intention était vraiment inclusive, ils auraient été conviés, surtout que les décisions prises auront des conséquences pour tout le secteur. »
Face à cette situation, les professionnels de l’information appellent le CNPA à reconsidérer sa position et à engager un dialogue ouvert et transparent avec l’ensemble des parties prenantes, notamment les médias privés, les journalistes indépendants et les représentants des médias en ligne.
Pour eux, une réforme crédible du Code de l’information ne peut se faire sans une concertation élargie. Elle doit refléter la diversité du paysage médiatique comorien et garantir la liberté de la presse, déjà fragilisée dans un contexte marqué par des tensions politiques et sociales.
Kamal Saïd Abdou









