ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Retour des expulsés/Zilé Soilihi : « Le maître ordonne et (…) le laquais s’exécute »

Zile Soilihi, un des fervents opposant du régime en place dans une interview accordée à Al-fajr, lance un appel à la population pour soutenir Anissi Chamsidine, gouverneur d’Anjouan face à son opposition à la reconduite aux frontières des comoriens résidents à Mayotte. En bon opposant, il en profite pour tirer sans sommation au président Azali Assoumani.

Dans une déclaration récente sur les médias français, le président Azali Assoumani demande une pause sur l’opération Wuambushu. Il a aussi demandé la suspension du visa Balladur, comment expliquez-vous cette déclaration ?

Azali demande une pause c’est un minimum  mais la détermination eut voulu qu’il demande l’annulation pure et simple de cette opération qui est une véritable négation de notre souveraineté sur Mayotte. Etant président en exercice de l’Union africaine, cette intransigeance aurait eu un résonnement important et aurait rehaussé sa stature au niveau international. Il a préféré adopter cette attitude qui est conforme à ce qu’il a toujours été dans le passé : recevoir des coups du maître et courber l’échine. 

Au lendemain de cette déclaration, une rencontre discrète a eu lieu entre Macron et Azali à l’Élysée. Une autre rencontre entre les ministres comoriens et ses homologues français, a eu lieu mais aucune information n’a été communiquée sur ce qui a été décidé dans ces rencontres, quel sentiment exprimez-vous ?

Dans ces rencontres la logique eut voulu que ce soit d’abord l’ambassadeur des Comores en France qui soit  convoqué par le gouvernement français tout comme il eut fallu que ce soit l’ambassadeur de France aux Comores qui soit convoqué par le gouvernement comorien au début de l’annonce de l’opération Wuambushu. Comme à chaque fois dans nos relations avec la France, c’est le maître qui ordonne et le laquais qui s’exécute. Il n’est point besoin d’être devin pour connaître la teneur des échanges : il est demandé à Azali de laisser l’opération wuambushu se poursuivre et pour cela l’argent va être utilisé comme moyen de pression. On va ressortir les 150 millions promis par la France : or, on sait aujourd’hui que seulement une portion infime de cet argent est arrivée dans les caisses du gouvernement comorien. Nous sommes un pays qu’on achète hélas et  Azali obéissant a dû promettre de faire  marche  arrière. J’ose espérer que le gouverneur Anissi Chamsidine va tenir bon dans sa décision de ne pas se faire le complice d’une violation du droit international. J’invite les comoriens à le soutenir car les pressions du gouvernement de l’Union sur sa personne vont être fortes. Des rumeurs circulent sur une possible arrestation de lui qui irait rejoindre Salami dans son sort,  nous ne  devons pas laisser passer cela. Il faut dénoncer une telle éventualité par anticipation. Il faut sauver le soldat Chamsidine. Il faut sauver celui qui nous rend un peu notre fierté. Je ne juge pas son passé ni son passif, je parle de ce qu’il est en train de faire  hic et nunc : il résiste ! Alors tous ensembles, résistons avec lui !

L’agence Maria Galanta a annoncé la reprise des rotations entre Anjouan et Mayotte au lendemain de la rencontre entre Azali et Macron, selon vous, s’agit-il d’une capitulation, cession ou haute trahison ?

 

Il s’agit bien entendu d’une capitulation sans combattre ! Cela est cohérent avec l’histoire d’Azali lorsque notre pays fut attaqué par les mercenaires, il ne veut rien faire, rien risquer pour sa personne et son clan en déplaisant à la  France et mettre en danger sa place sur le siège qu’il a conquis de manière  illégale. Il s’agit aussi d’une haute trahison pour laquelle, j’espère qu’il paiera un jour le juste prix. Il ne défend pas la souveraineté de son pays comme l’exigent, la constitution et le serment qu’il a jurés sur le divin coran. Le peuple comorien doit maintenant comprendre qu’il est sans défense  et qu’il doit de lui-même prendre son destin en mains. Il doit faire comprendre à Azali que trop c’est trop. Et qu’il est non seulement incapable de développer notre pays mais surtout de le protéger et de défendre notre souveraineté.

Le gouvernement d’Anjouan est interdit l’accès au port de Mutsamudu. La raison, les autorités portuaires n’étaient pas au courant d’une telle visite, pensez-vous qu’Anissi Chamisidine est trahi par Azali ?

 La raison invoquée par les autorités portuaires est certainement un ordre d’Azali  qui a donc de ce fait trahir Chamsidine sans aucun doute. Nous sommes en dictature et c’est le dictateur qui commande ; personne ne doit contrecarrer ses décisions. Anissi est chez lui à Anjouan, une île autonome dont il  est gouverneur. Il peut résister à une telle manipulation et en tant que citoyen comorien, je prie pour qu’il entre en résistance et qu’il demande pour cela l’appui du peuple qui à mon avis n’attend que le moment où un de ses fils montrera son courage devant l’oppression qui écrase notre pauvre pays.

Sur le communiqué conjoint France-Comorien, les deux parties ont évoqué des liens d’amitié et de coopération, s’agit-il d’une manipulation de la France poussant les Comores à renoncer sa position ?

On invoque l’amitié franco-comorienne pour inciter Azali à avaler des couleuvres et à obéir à Macron qui est confronté à des gros problèmes de politique intérieure avec une forte impopularité due à sa réforme sur les retraités et une opposition grandissante à sa réforme sur l’immigration que conduit Darmanin qui rêve de Matignon et à une inflation qu’il n’arrive pas à maitriser. Le gouvernement  comorien ne comprend pas que la France n’a pas d’amis mais  seulement des intérêts? Un ami qui passe son temps à vous déstabiliser, vous   vole une partie de votre terre et qui maintenant  veut avoir un droit de regard sur vos ressources naturelles est-ce un ami?  Il est temps  de nous réveiller comoriens!  Et de mieux  choisir nos amis.

Propos recueillis par Kamal Said Abdou

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