Alors que le pays traverse une crise sociopolitique, Said Ahmed Said Abdillah, dans un entretien, appelle à la mobilisation de tous pour la paix et la stabilité. Il appelle ainsi la mouvance à se rassembler et agir pour le développement.
Il y a quelques mois, les hommes politiques proches du régime actuel gardent le silence. Qu’en dites-vous ?
Je ne suis pas surpris du silence de certains hommes politiques proches du régime et ceux qui sont au gouvernement. Aux Comores, nos hommes et femmes politiques, en général, confondent moyens et finalités. Dès qu’on a une poste politique, on croit qu’on est arrivé à l’objectif et on s’y croit pour l’éternité et pourtant rien n’éternel sauf Dieu. Une poste politique, c’est juste le moyen de se mettre en chantier pour accomplir les directives et les plans de développement socio-économique que le chef de l’Etat appelle émergence. Pour promouvoir l’émergence et le mener derrière le chef de l’Etat, on avait une alliance des partis politiques de la mouvance présidentielle le feu AMP. Mais dès qu’on a gagné les différentes élections fondamentales présidentielles et gouverneurs certains ont mi des sels dans le moteur afin de le tuer. Aujourd’hui, au niveau de la mouvance présidentielle et du gouvernement, on n’attend rien sauf le compte rendu du conseil des ministres qui ne dit pas grand-chose sur la politique qu’on mène vers l’émergence. Malgré les défis qui s’accumulent chaque jour, certains continuent à rêver or nous devons nous réveiller et nous mobiliser pour sauver et préserver cette paix et stabilité acquise. C’est pourquoi je lance un appel aux leaders politiques des partis de la mouvance présidentielle de rassembler et d’agir pour accompagner le chef de l’Etat et le peuple comorien.
Comme le pays traverse des crises sociale, éducative, économique et politique, croyez-vous que le pays tend à l’émergence prônée ?
Les différentes crises que vous citez, sont liées presque ou favorisées voire amplifiées par la venue de la pandémie du coronavirus. Maintenant, il faudra voir comment nous et surtout nos dirigeants actuels traitent ces différentes crises et sans oublier l’optique de l’émergence 2030. Nous devons éviter de nous focaliser sur une seule chose quoique la pandémie du coronavirus. L’un de nos problèmes de gestion des affaires de l’Etat est le manque d’initiative volontaire ou par crainte de faire des erreurs par nos ministres et directeurs généraux. Ce manque d’initiative entraine un suivisme très complaisant et improductif. Ils attendent tous du chef de l’Etat : idée, action et décision ou comme entraineur, joueur et arbitre. C’est pourquoi, nous voyons régulièrement d’engoulement des ministres, des responsables politiques à chaque mouvement du chef. Le chef de l’Etat se mobilise sur la Cpad, tout le monde oublie son travail et son ministère ou sa direction. Le chef se mobilise pour lutter contre le coronavirus, et tout le monde s’y met aussi au lieu de laisser une équipe technique de s’en occuper et lui de continuer à faire son travaille quotidien afin de s’approcher de l’objectif de l’émergence 2030. Le chef de l’Etat impulse une autre façon de faire pour le gouvernement. C’est en imposant une nouvelle manière de faire et de travail au sommet de l’Etat et de l’administration basé sur les résultats que le chef de l’Etat pourra espérer qu’on va vers la voie de l’émergence. Pour l’instant on est loin de l’objectif et parfois, même, on craint qu’il n’ait été prononcé juste comme un slogan.
Qu’en pensez vous des Anjouanais qui réclament la tournante en 2021 ?
Il y a problème de communication de notre part, nous qui se prétend, responsable politique qui soutient le régime et de nos dirigeants. Nos frères comoriens d’Anjouan ne ressentent aucun changement après la mise en place de la constitution et des nouvelles institutions de nature à les assurer pour leur avenir et ceux de leurs enfants. C’est cela qui a amené cette sorte de frénésie du 2021. Il faudra rassurer, par des actions concrètes qu’on a changé de cap et le rappeler qu’il nous a aussi changé de constitution et que les vendeurs de rêve n’ont pas leur place aux Comores. Ils veulent être rassurés par une politique courageuse qui créée de l’emploi et qui leur éloigne de la misère quotidienne. Il y a eu plusieurs licenciements à Anjouan et des réductions des salaires souvent non motivés. Ce sont ce genre des politiques, qui exclus, et appauvris qui créent l’instabilité et favorisent le camp adverse.
Et si le séparatisme fait son réapparition ?
Le séparatisme est toujours là et nous apprenons à vivre avec elle comme le diabétique vit avec sa maladie. Il faudra qu’on arrive à le maitriser afin qu’il ne déborde pas, dans nos villes et villages et dans nos îles. La situation, surtout, à Anjouan est très tendue et nous devons tous nous mobiliser pour apaiser et maintenir la paix et la stabilité de notre pays. Nous ne devons pas refaire l’erreur du régime du feu Mohamed Taki Abdoulkarim. Ne jouons pas avec le feu en essayant de minimiser les doléances des uns et des autres ou à trop croire à la force de nos armes. Une politique d’ouverture, de dialogue et de communication afin d’expliquer la politique qu’on mène et surtout en donnant gage à la jeunesse trop souvent délaissé. Nous sommes tous des comoriens mais, il y a juste une frange des gens qui profitent de l’Etat et la grande majorité pâtisse. Ce sont ce genre d’image, de misère quotidienne, et le chômage, surtout des jeunes diplômés qui font déborder le séparatisme de son courant normal. Le chef de l’Etat a le devoir d’y remédier le plus rapidement possible.
Comment expliquez-vous les interventions des Anjouanais du pouvoir sur la tournante ?
Vous êtes mieux placer pour le juger. Je crains uniquement qu’ils n’arrivent pas à rassurer mais au contraire à attiser la flamme. L’expérience nous montre que le chef de l’Etat qui avait misé sur les déclarations des leaders politiques de nos frères d’Anjouan a été le feu président Mohamed Taki Abdoulkarim. Vous connaissez le résultat.
Recueillis par KDBA