Dès l’entame, le président du CNT remercie Dieu de le laisser en vie jusqu’à ce jour. On peut penser que cela va de soi. Mais la vérité il s’agit d’une allusion au fait qu’il a échappé au pire suite à la célébration de la fête nationale dans la ville de Ntsoudjini, le 6 juillet 2020.
Cette expédition punitive a, pour la énième fois, dévoilé la nature du régime. Puisque des lieux sacrés (comme les cimetières), protégés par notre religion, ont été transformés en lieux de jouissance , et les mosquées vandalisées, selon les dires de l’ancien gouverneur. Pour le régime, le sacré n’existe pas.
Par ailleurs, le président du CNT est conscient que le combat n’est pas sans risque compte tenu de la situation, mais son engagement est ferme. Ici, nous pouvons lire une réponse à ceux qui l’accusent d’avoir négocié avec le régime. En effet, d’aucuns pensent que la réapparition en public est le résultat d’un compromis entre le régime et l’ancien douanier.
Sur le plan économique, il a dénoncé la gestion chaotique qui a entraîné, selon lui, la faillite des sociétés d’État. Il a aussi pointé du doigt la pression fiscale qui empêche les opérateurs économiques de travailler avec sérénité. Certains magasins n’hésitent pas à fermer les portes à l’approche des agents du Fisc. Le dépôt de bilan de l’homme d’affaires Omar Mhoussini en est une parfaite illustration de cette situation catastrophique.
L’ancien chef de l’exécutif de Ngazidja a mis à nu l’incapacité du régime, en 5 ans de mandat, à rétablir les services publics de base : l’eau et l’électricité. Rappelons que 6 milliards sont investis pour résoudre le problème de l’énergie. Et malgré cela somme faramineuse, le problème de l’électricité reste entier.Le juriste Yhoulam Athoumani, ne dira pas le contraire. Lui , qui a été longtemps un défenseur infatigable du régime, a pris ses distances et n’ a pas caché sa déception car, ne sachant pas comment le pouvoir pourrait défendre son bilan en 2024 s’il a échoué à assurer de l’énergie ( colonne vertébrale du développement) en permanence.
Au plan éducatif, le président du CNT a déploré l’abandon de l’école publique. Ce qui a entraîné la prolifération des écoles privées au détriment de la qualité de l’enseignement. Plus de 700 enseignants ne sont pas affectés un mois après la rentrée. Sans oublier le chaos qui a régné dans l’organisation des examens nationaux de l’année dernière suite aux fraudes massives. Quel gâchis !
En ce qui concerne le domaine sanitaire, Mouigni Baraka a rappelé que l’hôpital de référence est devenu un cimetière où les gens meurent faute d’oxygène. Et l’hôpital de Hombo est paralysé faute de personnel et d’équipements non-entretenus. Ici, le président du CNT rejoint l’ancien ministre et avocat au barreau de Moroni, Fahami Said Ibrahim qui pense également que ce ne sont pas les jolis murs qui font un bon hôpital. C’est plutôt la qualité du personnel soignant et l’équipement.
Enfin, sur le plan politique, Mouigni Baraka accuse Azali de ne pas être sincère dans ses interminables mains tendues à l’opposition. S’il est animé de bonne foi, il devrait faire des gestes d’ouverture: libération des prisonniers politiques et retour des exilés forcés. Mais surtout saisir la SADC et l’Union africaine. Dans le cas contraire, c’est de la poudre aux yeux. D’ailleurs, qui peut le croire ?
Abdoulfatah Ali, ancien sg du commissariat aux Finances