ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Agressions sexuelles sur mineures : Justice et parents pointés du doigt de la montée en flèche des viols

Organisée par le mouvement jeunesse force de la République, une conférence débat a eu lieu dimanche dernier à Mitsamiouli, en présence du ministre de la justice, des parlementaires et des associations qui militent pour la protection de l’enfant. La lutte contre les viols a été l’ordre du jour de ces échanges. « Si on parle d’une justice corrompue, la population est  corruptrice, et la responsabilité est partagée », selon député Baco.

Des organisations et personnalités du pays se mobilisent pour en finir avec les agressions sexuelles en Union des Comores. Dimanche dernier à Mitsamiouli, une conférence débat sous le thème  « la lutte contre  les agressions  sexuelles », par le mouvement Jeunesse force de la République, en présence du ministre de la justice, des élus de la nation et des membres des  associations qui militent pour la protection de l’enfant et aux droits humains. Toutes les interventions ont pointé du doigt  la justice pour la recrudescence  des viols sexuels sur les  mineurs. Zainaba Ahmed, artiste et représentante de la voix des femmes, sort ses griffes et prend  la justice comme seule responsable. « Notre justice contribue à la montée en flèche des agressions sexuelles. Etant donné  que le prix pour la vie d’une victime s’offre  d’une somme de caution pour pardonner le violeur criminel,  c’est une honte », a-t-elle crié.

L’artiste ne s’est pas seulement limitée sur la responsabilité de  la justice. Selon elle, les parents ont donc pareillement  une part de responsabilité pour la protection de  leurs enfants. « Nos enfants doivent être surveillés avec assistance parentale et ce, de façon permanente. Chacune d’entre nous doit avoir l’emploi du temps scolaire de son enfant, coranique ou moderne. Ensemble nous pouvons relever le défis », insiste Zainaba Ahmed.

Recours à la loi Mourad

Cheikh Abdallah Daroueche, prédicateur à Mitsamiouli, préconise de faire recours aux règles des lois musulmanes. « En l’absence d’une justice digne de son nom, la sharia doit être mise en exergue avec une intolérance zéro aux agresseurs », dit-il avant de poursuivre que « nous ne pouvons plus se dire qu’on est  un Etat islamique tout en ignorant les lois décrétées par la religion surtout dans un contexte où l’avenir de nos enfant est menacé. »

Chouraibi Bacar, représentant de la société civile et membre de la Jeunesse force de la République, approuve la mise en application de l’article 222 du code pénal qui ordonne de condamner à mort l’agresseur sexuel si toutes les preuves concrètes justifiants l’acte sont bien réunies. « On est assez fatigué des lois non appliquées aux Comores, nous devons faire recours à la loi Mourad si c’est vrai  notre souhait est de mettre fin ce fléau qui menace la vie de nos enfants », appelle-t-il.

Convaincu que la justice est sous le viseur des critiques du peuple, Mohamed Oussein Djamalilaili, ministre de la justice en charge des affaires islamiques se lave de toute tâche qui décrédibilise la justice. Le garde sceau du pays affirme qu’aucun agresseur sexuel n’a pu échapper la prison depuis mars 2018. A en croire le ministre, 173 prisonniers purgent leur peine en prison et personne d’entre eux n’a pu échapper. « Depuis mars 2018, nous enregistrons 173 détenus dans les prisons dont 100 prisonniers d’agressions sexuelles et 73 inculpés pour d’autre affaires courantes. Je vous assure au nom d’Allah qu’aucun détenu d’entre eux n’a réussi à s’évader », a rassuré le ministre de la justice. « J’ai remis moi-même à l’Assemblée une proposition de loi visant à châtier un juge qui serait impliqué dans une corruption au bénéfice d’un inculpé  »,  a-t-il ajouté.

« Si on parle d’une justice corrompue, la  population est le corrupteur »

Pour Ahamada Baco, vice-président à l’Assemblée nationale défend la justice et rejette qu’elle (la justice) n’est pas seule  responsable. Selon lui, la responsabilité est partagée. « Si on parle d’une justice corrompue, la  population est le corrupteur. Cette responsabilité est partagée. Quand des médecins font des fausses attestations médicales, les chefs des états civiles font des faux actes de naissance afin d’endosser  la culpabilité au présumé », conclut-il.

Nassuf. M. Abdou

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