Accueil / POLITIQUE / Ahmed Mohamed Ben : « Le régime porte l’entière responsabilité de la crise actuelle…»

Ahmed Mohamed Ben : « Le régime porte l’entière responsabilité de la crise actuelle…»

Ahmed Mohamed Ben, conseiller privé du président du parti RDCE, analyse la crise politique qui secoue actuellement le pays. Selon lui, le régime en place porte l’entière responsabilité de cette situation. Seule une réconciliation authentique, fondée sur la justice et la transparence, pourrait ramener la confiance et l’unité nationale.

Monsieur le Conseiller, comment réagissez-vous à la récente déclaration de M. Houmed Msaidié, conseiller privé du président Azali Assoumani, sur la crise politique actuelle ?

Comme le disait feu le président Ahmed Abdallah Abdérémane : « La langue n’a pas d’os. » Ce que nous vivons aujourd’hui est l’expression d’un échec flagrant du régime en place. Le peuple est inquiet, désabusé, et cette peur ne vient pas de l’opposition, mais bien de l’autoritarisme et de l’isolement du pouvoir.

Le climat de tension actuel est le résultat direct d’une gouvernance autoritaire, de l’affaiblissement des institutions, et d’un déficit généralisé de confiance. Quand la parole publique perd toute valeur et que les institutions sont instrumentalisées, c’est l’espoir même d’un avenir meilleur qui disparaît.

Le président Azali Assoumani propose la tenue d’assises pour une “réconciliation nationale”. Pourquoi n’y croyez-vous pas ?

Soyons clairs : une réconciliation ne se décrète pas, elle se construit. Organiser des assises pour donner l’illusion d’un dialogue, sans volonté réelle d’inclusivité, sans reconnaissance des fautes commises, et sans engagements concrets pour des réformes institutionnelles sérieuses, ne mène nulle part. C’est une manœuvre de diversion.

On ne peut parler de réconciliation quand des opposants croupissent en prison, que des citoyens sont persécutés pour leurs opinions, que les élections sont truquées, et que le pays fonctionne comme une prison à ciel ouvert. La réconciliation exige avant tout la vérité, la justice et des actes concrets. Sinon, ce n’est qu’un slogan vide.

Certains estiment que le pays est au bord de l’éclatement. Partagez-vous ce constat ?

Absolument. La tension est palpable. Les Comores sont profondément divisées : entre les îles, entre le pouvoir et le peuple, entre ceux qui bénéficient du système et ceux qui le subissent. Les institutions sont fragilisées, et la confiance entre gouvernants et citoyens est rompue.

Le véritable danger vient non pas du peuple, mais du régime lui-même, qui persiste dans la répression, le mépris, et l’arrogance. Si rien n’est fait pour restaurer la confiance, nous risquons une implosion politique et sociale.

Houmed Msaidié affirme que l’opposition n’est pas crédible pour assurer l’alternance, faute de projet sociétal. Que lui répondez-vous ?

C’est une affirmation mensongère et profondément malhonnête. Le RDCE porte un projet politique clair : instaurer un véritable État de droit, une gouvernance démocratique et un développement équitable entre les îles.

Contrairement au régime actuel, fondé sur l’improvisation, le clientélisme et la répression, notre parti propose une vision structurée, réaliste et tournée vers l’avenir. Le manque de projet, il est de leur côté. Le RDCE veut rendre leur dignité aux Comoriens et bâtir un avenir juste et durable.

Pouvez-vous détailler les axes principaux de ce projet ?

Avec plaisir. Notre projet repose sur quatre piliers fondamentaux :

La restauration de la démocratie et des institutions : retour au respect de la Constitution de 2001, indépendance de la justice, organisation d’élections libres et transparentes.

La justice sociale : accès équitable à l’éducation, à la santé, à l’emploi, et lutte contre les inégalités.

Le développement économique durable : valorisation des ressources locales, soutien aux jeunes, aux femmes, à la diaspora, et promotion d’investissements étrangers dans la transparence.

L’unité nationale et la réconciliation réelle : fin des divisions entretenues par le régime, et construction d’une nation solidaire, où chaque île est respectée et écoutée.

Le RDCE est donc prêt à gouverner ?

Absolument. Ce qui nous manque, ce n’est pas un projet, mais un véritable espace démocratique pour le mettre en œuvre. Le peuple connaît nos positions et nos propositions. Si des élections libres et équitables avaient lieu demain, je n’ai aucun doute que le RDCE comme d’autres forces de l’opposition  incarnerait une alternance crédible et constructive.

Quel message adressez-vous aujourd’hui aux Comoriens ?

Mon message est simple et sincère : restons unis, confiants et mobilisés. L’avenir des Comores ne se construira pas dans la peur ou les artifices politiques, mais dans un véritable processus de réconciliation, fondé sur la justice, la démocratie et la transparence. C’est ce chemin que nous traçons pour notre nation.

Propos recueillis par Kamal Saïd Abdou

Répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!