Le secteur avicole est devenu un refuge pour plusieurs jeunes entrepreneurs. Nombreux sont ceux qui affluent vers ce secteur où l’accompagnement de l’Etat est quasiment inexistant. Mais avec peu de moyen, les aviculteurs arrivent à développer leurs activités. Rouchdi Affane, un entrepreneur de son Etat, s’est lancé dans l’aviculture. Il y a un an, il s’est installé à Nioumadzaha Bambao. Dans un entretien exclusif à Al-fajr, cet aviculteur a évoqué son expérience et les démarches poursuivies pour démarrer son activité. Selon lui, sa ferme avicole peut produire 2000 à 2100 poules par jour. Son ambition est d’élargir l’activité d’élevage. Interview.
Qu’est-ce qui vous a motivé à investir dans l’aviculture ?
J’ai passé ma vie en France dans le domaine de l’élevage en tant que technicien en aviculture. J’ai eu une formation de technicien vétérinaire. Je suis retourné aux Comores pour m’investir. Ma passion est toujours l’élevage. Donc, j’ai fondé une entreprise d’élevage, à Anjouan, après avoir obtenu l’appui de la banque de développement. A l’époque du séparatisme à Anjouan, tout était saccagé et détruit. J’ai pris la fuite pour l’île de Mayotte où j’ai reçu une subvention du gouvernement français et j’ai créé une entreprise de 2004 à 2016. En 2016, j’ai repris mes activités à Anjouan pour l’entreprise la Stafer, qui employé deux salariés. Finalement, j’ai vécu une expérience en aviculture.
Pourquoi avez-vous choisi de vous installer à Nioumadzaha Bambao ?
Depuis un an, j’ai décidé de m’investir à Ngazidja parce que le secteur de l’aviculture est promoteur, car dans l’île, la demande est très forte. Il y a également moins de problèmes administratifs par rapport à Anjouan. En plus, je voudrais rester tout près des autorités gouvernementales. J’ai donc choisi la ville de Nioumadzaha Bambao puisque mon grand frère possède un terrain inexploité et une source d’eau à proximité. Le choix de la ville c’est fait par sa proximité avec la capitale, Moroni.
Pouvez-vous nous dire comment fonctionne votre entreprise. Quelle est la capacité de production de cette ferme ?
Normalement, je possède deux salariés qui y travaillent durement. J’ai investi de mes fonds propres. L’élevage n’est pas un métier de bricolage. Il faut une maitrise sur l’approvisionnement de la provende. Les personnes qui importent de la provende doivent faire en sorte de réduire le délai de livraison car s’elle passe deux mois dans la mer, elle sera périmée. L’élevage a toujours des problèmes. Il faut un plan de profilexie. Techniquement, les trois premières semaines, les poussins ont besoin de l’électricité continue pour être chauffé. Je chauffe mes poussins à partir du charbon. Après les premières semaines, ils n’ont pas besoin de chauffage. Cependant, mon entreprise possède 2400 pondeuses. Je ramasse 2000 à 2100 poules par jour. Statistiquement, les comoriens consomment 11 à 12 œufs par habitat et par an. L’année prochaine, espérons que le taux de consommation s’élèvera au nombre de 15.
Vous n’avez pas peur de la concurrence des autres aviculteurs ?
Réellement, j’admets que je ne peux pas avancer les choses, moi seul. J’ai besoin d’être concurrencé par un nombre d’éleveurs comoriens pour assurer une quantité suffisante de production et d’alimentation. Mon intention c’est d’aller de l’avant. Mais, il faut admettre que le pays, le manque de compétence dans le domaine de l’élevage des poules se fait sentir. Pour répondre à votre question, je n’ai pas peur de la concurrence. Par contre, les autorités gouvernementales et les institutions qui financent les projets d’élevage doivent vérifier les capacités des éleveurs puisque le pays a besoin des hommes compétents et dévoués pour nourrir le peuple comorien. Et les comoriens préfèrent consommer locale. Les importations des poulets détruisent la production locale. Les poulets passent des jours en mer et peuvent être détériorés avant d’arriver aux Comores. Nous devons encourager la production et la consommation locale.
Propos recueillis par Abdoulandhum Ahamada