Le front uni pour la défense d’Anjouan ou FUDA se définit comme un rassemblement de tous les Anjouanais(es), quelles que soient leurs opinions politiques pour une réconciliation et pour la défense des intérêts de l’île, et pour le respect de sa population « contre laquelle Azali n’a jamais caché sa haine (Sic) ». Pro 2021, son président Chaher Ben Massonde nous livre ici sa stratégie.
Pensez-vous que le programme d’Azali pour l’émergence à l’horizon 2030 est réalisable ?
« Émergence à l’horizon 2030 !» Pour nous, ce slogan a toujours paru une coquille vide. Un tel projet en effet n’est possible que dans un pays où les libertés et la justice sont garanties. Ce qui n’est pas le cas dans notre pays où « tout est sous contrôle » comme ils disent eux-mêmes. On n’est pas dès lors étonnés qu’aujourd’hui, les promesses de Paris restent toujours des paroles en l’air.
Vous avez pris part au mouvement « Dawula ya Haki » au niveau de la diaspora de France. Comment expliqueriez-vous son effritement prématuré ?
Jusqu’au Majlis de Marseille le FUDA a activement participé, avec confiance et dévouement, à l’union des forces vives comoriennes opposée à la dictature, pour aboutir à une convergence programmatique nationale. Malheureusement il s’est avéré que certaines personnes avaient d’autres ambitions bassement intéressées. Des sommes d’argent ont disparu et avec elles, la confiance envers ces gens. Heureusement, les vrais patriotes sont toujours là et continuent la lutte pour libérer notre pays. Le FUDA travaille avec eux.
Vous n’êtes pas sans savoir le regain de tension qui a lieu en ce moment à Anjouan. Quelle lecture faites-vous de cette situation, vous qui militez pour la Tournante d’Anjouan en 2021 ?
En réalité, il n’y a pas « regain de tension à Anjouan ». Depuis le rejet et du pseudo référendum et de la mascarade électorale présidentielle, Azali qui croyait l’île par lui acquise, a mis Anjouan sous pression milicienne. Sa stratégie est, 2021 approchant, de terroriser les Anjouanais pour qu’ils n’osent pas manifester leur revendication pour le respect de l’Accord de Fomboni et donc pour la Tournante en 2021 à Anjouan. Mais en s’imposant ainsi par la force des armes, Azali reconnaît ainsi publiquement que le peuple n’adhère pas à sa politique.
Comment comptez-vous vous y prendre pour avoir cette Tournante en 2021 ?
La Tournante à Anjouan en 2021 et à Moili en 2026 est une condition sine qua non de la sauvegarde de la paix et de l’unité dans notre pays (…) Notre stratégie ne peut être avant tout que de conscientiser les comoriens en général, les anjouanais en la circonstance, pour qu’ils comprennent qu’il leur revient d’évacuer ce mal national que représente Azali et son clan.
La communauté internationale, l’UA en tête, s’est frottée les mains depuis la participation de l’opposition à la présidentielle de 2019 parce que, et c’est le cas de le dire, ils en ont assez de gérer des crises. Croyez-vous pouvoir mobiliser cette même CI pour votre cause ou leur soutien vous importerait peu ?
Nous ne croyons pas que la CI se fera complice de la répression qu’Azali amplifiera contre un peuple qui se mettra à réclamer par les moyens à sa disposition, le respect des accords que les forces politiques nationales et la CI lui a fait accepter après les négociations de Fomboni.
La non réaction du peuple suite à l’emprisonnement des charismatiques Sambi et Salami laisse dubitative l’opinion quant à un possible soulèvement populaire en 2021. Quelle serait votre formule magique pour mobiliser ?
Il est vrai que le peuple comorien est réputé non violent, crédule et naïf disent même certains. Mais il a su aussi se montrer, surtout à Anjouan, d’une détermination extrême. C’est dit qu’il n’aura pas besoin d’une « formule magique » pour dire, au moment qu’il choisira, son ras-le-bol et pour mettre fin à une oppression quand elle lui paraîtra insupportable.
Recueillis par Abdoulandhum Ahamada