ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Citoyenneté économique : Sambi plaide son innocence

Deux ans déjà depuis que l’ancien président de l’Union des Comores, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi est placé en détention provisoire. Accusé de faux, usage de faux et forfaiture sur l’enquête de la citoyenneté économique, Sambi a adressé une lettre à l’actuel président Azali Assoumani et lui prend à témoin de sa séquestration.

La lettre date du 16 mai dernier. Cela fait deux ans que l’ancien président Sambi est détenu dans sa résidence, devenue une annexe de la prison de Moroni. 24 mois, 104 semaines, 728 jours et 17.500 heures de détention provisoire. « Je vous écris cette lettre afin de vous prendre à témoin sur ce que je subis et que je continue à subir, car par-dessus tout, je ne le souhaite à personne d’autre sur cette terre. En outre, la détérioration inquiétante de ma santé ces dix derniers mois conjuguée à l’arrivée de la pandémie mondiale du covid-19 me poussent à vous écrire cette lettre. En effet, nul ne sait ce que l’avenir nous réserve et par conséquent nous ignorons lequel d’entre nous, simples âmes mortelles, survivra à toutes ces péripéties », a expliqué l’ancien raïs Sambi.

Placé en résidence surveillée depuis le 19 mai 2018 par le secrétaire général du ministère de l’intérieur, Sambi dit ignorer les motifs de cette « décision liberticide », car « de nombreuses requêtes de mes avocats, nous n’avons jamais réussi à avoir des réponses concrètes permettant de justifier cette décision », indique-t-il. Et lui d’avancer, « alors que cet emprisonnement n’était ni justifié ni légal, car ne s’appuyant sur aucune décision officielle de justice, les nombreuses saisines de la justice comorienne par mes trois avocats ne m’ont jamais permises de retrouver ma liberté. » La résidence surveillée de l’ancien président Sambi a été trop critiquée.

Est-il innocent ?

Lit-on qu’après le débarquement d’Anjouan, le pays avait comme urgence le renforcement des relations bilatérales. La crise séparatiste qu’a connue le pays, il (le pays) se devait, selon Sambi, de trouver des moyens financiers conséquents pour construire les infrastructures nécessaires à son développement. « C’est pour cette raison que j’ai accepté la requête formulée par les Emirats Arabes Unies, me demandant de saisir les représentants du peuple comorien afin qu’ils autorisent l’octroi de passeports économiques comoriens aux ressortissants bédouins de ce pays », se justifie-t-il.

Après que la loi est votée, elle a été promulguée le 16 décembre 2008, et mise en vigueur. L’ancien président rappelle dans sa lettre adressée au président Azali que la cour constitutionnelle avait été saisie par certains députés afin d’annuler son adoption. Une requête rejetée par la haute cour de justice en déclarant que la « loi est conforme. »

Azali trompé par le rapport de l’enquête parlementaire ?

« J’étais enthousiaste, comme bon nombre de nos concitoyens à l’idée qu’une commission parlementaire puisse réellement enquêter sur l’exécution de ce projet et aider à son amélioration, tout en sanctionnant ceux et celles qui auraient trahi notre pays en le détournant de son objectif. Malheureusement, ce qui semblait être une idée merveilleuse, s’est transformée en une insulte à notre intelligence. Le rapport que je surnomme rapport Dhoulkamal, du nom de son signataire, à priori signé le 08 décembre 2017, est une succession de mensonges, de diffamations et de contre vérités écrites dans le seul but de nuire à la réputation d’un certain nombre d’entre nous », a souligné l’ancien président Sambi.

Plus de 100 millions de dollars détournés selon le rapport. « Comme tout le monde le sait, cette loi a bel et bien été adoptée, promulguée, et elle reste toujours en vigueur à l’instant où je vous écris. Ici, Dhoulkamal joue, avec dix ans de retard, le rôle de la cour constitutionnelle en déclarant invalide une loi votée par les représentants du peuple comorien, et validée par les éminents membres de la cour constitutionnelle, avant que je ne la promulgue en ma qualité de chef de l’Etat. Une loi qui est, souvenons-nous, restée en vigueur sans discontinuité depuis 11 ans et sous trois gouvernements successifs dont le vôtre », se défend-t-il. L’homme au turban affirme que le président Azali a été trompé par ce rapport.

Détournement des deniers publics

Le 20 août 2018, le juge d’instruction chargé du dossier lui a placé en détention provisoire en lui suspectant d’avoir détourné l’argent de la citoyenneté économique. Selon l’enquête judiciaire, à la fin du mois de février 2009, un compte bancaire intitulé « citoyenneté économique », a été ouvert à la banque centrale des Comores par l’ancien ministre Mamadou. Et depuis le 03 mai, le compte a commencé à être alimenté par l’argent de la citoyenneté économique. « Pour permettre une meilleure visibilité de la gestion des fonds issus de ce programme de citoyenneté économique, mon avocat et moi-même durant les premières auditions avions formulé trois requêtes au juge d’instruction pour demande des détails du compte bancaire de la citoyenneté économique, des informations sur le nombre des passeports économiques octroyés aux bédouins entre le mois de mars 2009 et le 26 mai 2011, puis du 27 mai 2011 au 26 mai 2016 et du 27 mai 2016 jusqu’au jour de notre requête couvrant ainsi votre présidence, des moyens financiers lui permettant de se rendre aux EAU pour enquêter sur les allégations de versement d’un pot-de-vin par des autorités émiraties. Le juge n’a répondu qu’à une seule de ces trois requêtes. Il ne nous a fourni qu’un document de la banque centrale des Comores, portant sur l’historique du compte bancaire de la citoyenneté économique entre la date de son premier versement le 03 mars 2009 et le 01 septembre 2015 », a expliqué Sambi. « Je ne suis pas voleur ni un malfrat et que je n’ai rien détourné car je n’ai jamais été corrompu », conclut-t-il.

KDBA

 

 

 

 

 

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