ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Délestages récurrents/Hamidou Mhoma : « Le tissu productif a été mis à terre et paie un lourd tribut »

Dans une interview accordée à Al-fajr, Hamidou Mhoma, patron de la maison Graphica et opérateur économique est revenu sur les délestages récurrents de ces derniers temps. Selon lui, le tissu productif a été mis à terre et paie un lourd tribut. « Dans notre zone Graphica /Club des amis, du matin au soir entre 6h et 18h, l’électricité devient une denrée rare. Toutes les petites unités de production dans cette zone sont au ralenti pour ne pas dire sont mortes. »

De 2016 jusqu’à nos jours, le gouvernement a investi un montant conséquent dans l’achat des groupes électrogènes. Malgré ces efforts, le pays continue à plonger dans le noir. Comment expliquez- vous cela ?

Je n’ai pas d’explications particulières. Le constat est simple et amer. Les investissements réalisés par le gouvernement n’ont pas donné les résultats escomptés. Le pays continue à vivre dans le noir. D’ailleurs, nous devons arrêter de parler de délestage puisque le pays vit plus de temps dans le noir que dans la lumière. Et c’est un fait incontestable. Si notre pays était habitué aux enquêtes d’opinion de la population, on aurait découvert que plus de 90% de cette population considèreraient la distribution de l’électricité 24h sur 24h comme la quête du graal.

Vous êtes un opérateur économique et en même temps un imprimeur des journaux, pourriez-vous nous parler en chiffre le préjudice causé par les délestages ?

Je n’ai pas de chiffres exacts. Cependant je peux affirmer que le tissu productif a été mis à terre et paie un lourd tribut. Et se relever risque d’être difficile. L’énergie est la clef de voute de l’économie. Dans notre zone Graphica /Club des amis, du matin au soir entre 6h et 18h, l’électricité devient une denrée rare. Toutes les petites unités de production dans cette zone sont au ralenti pour ne pas dire sont mortes. Comment payer les salaires, les loyers et autres charges si on ne produit rien. La situation est chaotique qu’il convient d’y apporter des réponses durables et pérennes.

Il n’y a pas eu la version papier des journaux mardi dernier, pensez-vous que cela est lié aux coupures du courant ou seulement un problème technique de votre part ?

   Les journaux sont imprimés la nuit. Le mardi dernier, les journaux n’étaient pas dans les kiosques. La Sonelec a fait fort ce jour-là puisque le courant a disparu plus de 24 h d’affilées dans notre quartier. Il nous était impossible de satisfaire notre client Al-watwan comme tant d’autres qui voient leurs travaux retardés à cause de cette situation. Le plus désolant, c’est l’absence de communication de la Sonelec. Les clients ignorent ce qui se passe et aucune information sur un délai probable de retour à la normale. Par ailleurs, des gens peuvent se demander pourquoi nous n’avons pas de générateur pour pallier cette absence d’électricité. Nos clients savent que nous en avions un.  Malheureusement, ce groupe de secours sollicité tous les jours finit par s’esquinter. Quand le groupe de secours devient la règle et la Sonelec l’exception, la durée de vie du générateur est plus que réduite.

Votre solution pour mettre fin la crise énergétique aux Comores.

Je n’ai pas de solutions miracles, surtout que je ne suis pas un spécialiste en énergie. Mais à mon humble avis, il faut déconstruire la manière d’appréhender la problématique de l’énergie dans notre pays. Les mêmes causent produisent les mêmes effets, malgré l’engagement du Président de la République et de son gouvernement d’injecter des fonds colossaux dans le secteur. Le pays a besoin plus de centrale électrique que de groupes électrogènes. Il y a une différence énorme entre les deux. Ensuite, la culture du résultat doit prévaloir dans la gestion des sociétés publiques. Des objectifs clairs et chiffrés doivent être imposés aux dirigeants de ces sociétés. Il est inadmissible d’apprendre qu’une partie du pays pour ne pas dire la totalité est plongée dans le noir parce que les moteurs sont en révision. Comment font les autres pays pour maintenir l’électricité 24h sur 24h. Vous pensez que les centrales ne sont jamais revissées ? Et bien que si, mais des solutions de sauvegarde sont toujours prévues dans pareilles circonstances. Nous encourageons l’installation des centrales photovoltaïques mais leur efficacité dépendra de notre capacité à maitriser les centrales thermiques. Notre pays est certes ensoleillé mais ne pourra jamais  satisfaire ses besoins énergétiques par le solaire seulement. C’est pour cela, nous pensons que nous pouvons concentrer nos efforts quitte à endetter le pays pour exploiter la géothermie, capable d’assurer notre indépendance énergétique pour les générations actuelles et futures.

Propos recueillis par Kamal Said Abdou

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