L’Union des Comores est soucieuse d’atteindre les objectifs de développement social, mais les progrès sont minimes. Le coût considérable de la réalisation des objectifs de développement social, soit 18,8 % du PIB de 2030, tient au point de départ très bas du pays et aux difficultés inhérentes liées à sa petite taille qui limite les économies d’échelle en matière de prestation des services publics.
L’insuffisance persistante des ressources intérieures est une autre cause du coût important de la réalisation des objectifs de développement durable. Les engagements en cours des autorités dans le programme de la FEC, dont la priorité est d’améliorer le recouvrement des recettes intérieures, sont essentiels à l’obtention de meilleurs résultats dans ce domaine. L’espace budgétaire dégagé par le programme pourrait servir à restaurer la viabilité de la dette et à accélérer la réalisation des ODD aux Comores.
Dans son rapport annuel, le Fmi indique que l’Union des Comores est soucieuse d’atteindre les objectifs de développement durable, mais les progrès sont minimes. « Dans l’évaluation des ODD de 2023, l’Union des Comores est 154ème sur 166 pays et elle est la moins bien classée parmi les petits pays en développement. L’évaluation révèle des progrès modestes dans 60 % des ODD et une régression dans 26,7 % d’entre eux. L’espérance de vie, qui s’élève à 67,4 ans, est en deçà du seuil rouge des ODD2 (qui est de 70 ans), positionnant les Comores parmi les pays où l’espérance de vie est la plus basse du monde », explique le Fmi dans son rapport.
« L’accès à des ressources en eau améliorées est limité, 25 % de la population n’en bénéficiant pas, et ce chiffre n’a pas progressé depuis 2007. Les Comores éprouvent de grandes difficultés à établir un système efficace de gestion des déchets solides, menaçant la viabilité écologique et la santé publique », ajoute le rapport.
Selon le Fmi, le coût d’atteindre le niveau des ODD des pays pairs très performants est d’environ 18,8 % du PIB de 2030. Si les autorités tentaient d’atteindre les ODD avant 2040, on estime que le coût annuel additionnel oscillerait entre 5,7 et 7,6 % du PIB par an, selon le scénario retenu.
La méthode de calcul des coûts consiste à comparer les Comores à des pays pairs. Les coûts par habitant des biens publics ont tendance à être plus élevés dans les petits pays, où un nombre réduit de contribuables doivent couvrir ces dépenses. Ainsi, les petits États en développement consacrent en moyenne une part plus élevée de leur PIB à l’éducation et la santé, soit respectivement 9,8 % et 7,2 %, contre une moyenne mondiale de 6,5 % et 6,9 %. Devant ce constat, la présente étude considère comme pays pair des Comores, les petits États en développement (PED) les plus performants, pour produire une évaluation plus rigoureuse des coûts de réalisation des ODD4.
Les progrès en matière d’éducation restent limités. L’évaluation des ODD de 2023 n’inclut pas l’évaluation de l’ODD4 (éducation de qualité) en raison du manque de données. Il ressort des données les plus récentes, qui vont jusqu’en 2018, que parmi les PED les Comores sont avant-derniers pour ce qui concerne l’accès à la maternelle et le taux net de scolarisation primaire. « Ces données ne tiennent pas compte des incidences du cyclone Kenneth en 2019 (qui a totalement ou partiellement détruit 38 % des salles de classe du pays) et des fermetures des établissements scolaires durant la pandémie de la Covid-19. De fait, après la pandémie, le ministère de l’éducation nationale a fait état d’une chute des taux de scolarisation aux niveaux de l’enseignement préélémentaire et primaire, en phase avec les mises en garde de l’UNICEF concernant les fermetures prolongées des écoles », rappelle le Fmi.
Pour la santé, les indicateurs se sont améliorés mais restent bien en deçà de leurs seuils respectifs. L’espérance de vie a augmenté de cinq ans entre 2000 et 2019, mais à 67 ans, elle reste bien inférieure au seuil vert de 80 ans et, malgré une amélioration, tous les indicateurs de santé maternelle et infantile dépassent toujours le seuil vert. Si la pandémie de la Covid-19 a fait relativement peu de victimes aux Comores, il reste à voir s’il y aura des conséquences à long terme liés au faible taux de vaccination.
« Pour atteindre les objectifs de l’ODD 3 (bonne santé et bien-être), il faudrait multiplier le nombre de médecins par dix. Il faudrait aussi que les autres membres du personnel médical, actuellement en nombre bien inférieur aux pays très performants, passe du simple au triple », a-t-on préconisé.
Le seul facteur qui réduira les coûts est le salaire des médecins qui pourrait être limité à 7,3 % au lieu de 9,6 % du PIB par habitant, comme dans les pays très performants. Cela dit, « le dernier rapport de la Banque mondiale sur les dépenses publiques fait état d’une très faible productivité comme en atteste l’utilisation on ne peut plus faible des services. La résolution de cette question pourrait être le facteur le plus important qui réduira les coûts », lit-on dans le rapport.
Zena Nailane