ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Grand mariage : Une culture à l’arrêt

C’est la période de haute saison où les « je viens » viennent en masse aux Comores pour la vacance, le grand mariage notamment. Une culture comorienne qui date de nombreuses années et qui contribue au développement socio-économique du pays. Cette année, cette manifestation culturelle ne se célèbre pas pour des raisons sanitaires liées au coronavirus. Les frontières aériennes et maritimes sont fermées, le rassemblement d’une centaine de personnes est interdit.

Nous sommes le mois d’août. Un mois souvent marqué par la célébration du grand mariage sur l’ensemble du territoire. Cette manifestation démarre dès le mois de juillet et prend fin le mois de décembre en général. Mais cette année, tout est basculé. Le grand mariage est à l’arrêt. Le festin ne se tient pas. Les cas du coronavirus s’intensifient. L’interdiction des « mashuhuli » oblige. Au grand dam de l’Etat, la célébration du grand mariage dans les villes et villages des Comores est un risque de contamination du virus.

Le grand mariage et le développement

Alors que les localités multiplient leurs activités pour le développement local en cette période de haute saison ou après les célébrations des grands mariages, cette année les comptes villageois sont au rouge. Rien ne se verse. Les activités se font à travers les fonds récoltés dernièrement. « Nous sommes habitués à célébrer les grands mariages dans cette période. Mais la crise sanitaire actuelle ne le permet pas. C’est pour sauver nos vies. Mais, notre économie est au ralenti, nos activités traditionnelles sont à l’arrêt. Les villes et villages récoltent des fonds colossaux dans la période des mashuhuli pour le développement local, ce qui n’est pas le cas dans cette période de covid-19. Puisque le président de la République a interdit les rassemblements. Espérons que cette crise soit vaincue pour célébrer les grands mariages », a expliqué Said Abdallah, un natif de la région de Hamahamet.

Selon lui, la construction des routes, des écoles, des foyers associatifs dans les villes et villages du pays, se fait par l’argent des mashuhuli. « Nos villes et villages n’attendent pas le gouvernement à les bâtir. Avec l’argent des grands mariages, le développement local est garanti. Tous les villages construisent des routes, des écoles, des centres hospitaliers, des centres de loisirs pour ne citer que ceux-là », a-t-il avancé.

« C’est le développement qui est affecté »

Dans cette période où le monde est menacé par le coronavirus, certains villages se réunissent pour le « anda ». Elle se fait avec une ambiance morose. Pourtant, de coutume, l’ambiance est au rendez-vous à chaque célébration du « mashuhuli ». Les djaliko, madjilisi, twarab, lelemama, shigoma, ukumbi… animent les mashuhuli. Des activités de la culture comorienne. « Le grand mariage est impacté par le coronavirus. Nous attendons le feu vert du gouvernement pour la célébration des grands mariages. Des comoriens en France et aux Comores ont promis de célébrer leurs grands mariages dans cette période. Mais le coronavirus a tout renversé. C’est le développement qui est affecté car nous ne sommes pas sans savoir o combien les mashuhuli contribuent au développement social, économique de notre pays en général », se plaint Ibrahim Hadji, un notable et cadre de la région d’Itsandra.

A Oichili, c’est le grand mariage qui anime de plus la région. C’est surtout le chef-lieu de la région qui célèbre beaucoup de mashuhuli. Des foyers associatifs sont construits. Tout comme dans d’autres villages de ladite région, le développement villageois avance et les communautaires attendent que la situation revienne à la normale pour célébrer les grands mariages.

Le « harusi », une culture considérable dans le Hamahamet

A retenir qu’il ne passait pas un week-end sans que les villes et villages célèbrent les grands mariages. Deux, trois ou quatre « boinaharusi », en un seul dimanche dans une localité. C’est surtout les villes de Mbeni, Nvuni, Mkazi, Ivembeni, Iconi, Fumbuni, entre autres. Ce sont les villes qui accueillent beaucoup des « je viens ». Il y a aussi Mnungu et Bamabadjani dans le Hamahamet. Ces deux localités sont connues pour la manière de célébrer le mariage. Ils n’hésitent pas quand il s’agit du « harusi ». Le grand « anda » de la région de Hamahamet.

A en croire, Mzé Soulé, un notable de la région, « le grand mariage est parmi notre tradition. Avant de célébrer le grand mariage, il y a des festivités à les réaliser d’abord : harusi, mawaha. Dans notre région, le harusi a une grande valeur par rapport aux autres. Certes, des millions d’argents se mobilisent pour la réalisation du harusi, mais c’est notre coutume. Chaque région mise sur, soit le mawaha, soit le harusi ou le grand mariage. Toutes ces activités contribuent au développement du pays et des villes et villages », a souligné le notable Mze Soulé.

Pour l’heure, aucune autorisation n’est donnée pour la célébration du grand mariage. Les villes et villages attendent l’autorisation du chef de l’Etat.  

Nassuf. M. Abdou

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