Les agressions sexuelles sont monnaie courante aux Comores. Malgré les efforts déployés par les forces de l’ordre, l’injustice persiste. A Anjouan comme à la grande-Comore, la courbe est croissante.
Mineurs agressés et tués à Anjouan et à Ngazidja ainsi que de violences conjugales. Au niveau du commissariat de police, à la brigade judiciaire, le nombre des plaintes ne cesse d’accroitre. « Ce dernier temps nous avons constaté que les plaintes pour agressions sexuelles augmentent. C’est lamentable pour notre société », a témoigné un gendarme. Celui-ci a félicité les travaux de la brigade judiciaire. « Nous faisons nos enquêtes mais cela ne suffit pas pour mettre fin à ce fléau », a-t-il précisé.
Arrangement à l’amiable
« Il faut que la justice condamne de manière forte les auteurs pour des peines maximales. Avant de porter le chapeau à la justice, les parents doivent remplir leurs responsabilités, assurer l’éducation de leurs enfants », a-t-il ajouté. « Le fait de protéger les violeurs parce qu’ils sont des notables du village ne rime pas avec notre religion encore moins notre responsabilité. Cela encourage davantage les autres à faire, car, ils auront le soutien de la population. L’arrangement amiable, c’est-à-dire le fait que la famille de la victime demande soit une rançon ou une parcelle de terrain ou encore un bœuf et le bannissement ne sont plus des solutions pour éradiquer cette calamité dans notre société. Dénoncer est la meilleure façon pour mettre fin à ces violences », a-t-il crié.
Une justice équitable et impartiale
Fatima Hassane, étudiante à l’université des Comores interpelle le gouvernement et le ministère de la justice d’accompagner les associations œuvrant pour la protection de l’enfant. « C’est effrayant de voir l’avenir de notre pays pourrir comme ça. Les enfants ne sont pas des jouets, ils sont des êtres humains à protéger », a fait savoir Fatima Hassane.
Et elle d’avancer, « avant tout, chacun a une responsabilité devant Dieu. Nous allons être jugés devant Dieu sur la façon dont chacun de nous à accompli sa responsabilité. » Fatima Hassane a pointé du doigt la justice. « Dommage qu’au lendemain d’un procès, on se croise avec le violeur dans la rue. C’est horrible. La première de chose est d’instaurer une justice équitable et impartiale. Sans cela, les actions doubleront chaque jour. Je crois qu’une telle attitude ne doit pas laisser personne indifférente, étant donné que chacun de nous soit un père ou une mère de famille », a-t-elle indiqué.
La communauté contribue-t-elle ?
A entendre la jeune étudiante, la faiblesse au niveau de la justice encourage la croissance des actes de viol. « Vous avez vu l’affaire Anziza ou les présumés violeurs sont relâchés. Le pays ne doit pas être comme ça. Nous sommes un pays musulman », se plaint-elle. S’adressant à la société, Fatima Hassane s’indigne. « Parfois c’est énervant quand la notabilité intervient sur une affaire de viol parce que l’auteur est influent dans le village ou simplement que c’est quelqu’un issu d’une grande famille. Je pense que la société contribue en encourageant la violence sexuelle. Ce n’est pas le moment de rester les bras croisés, il faut dénoncer par toutes les forces, les actions de nature à anéantir l’avenir du pays », indique-t-elle.
« Chacun de nous doit lever son doigt pour dire non. Ce n’est pas forcement que ça soit les Ong ou le gouvernement. Vous avez vu la semaine dernière ou deux fillettes de neuf ans ont été violées à Anjouan dont une est morte en pleine action. C’est affreux et ce n’est pas humain. Tout de même nous saluons les efforts de la police nationale et de la gendarmerie nationale. Ils appréhendent les violeurs et les remettent aux mains de la justice », a-t-elle conclu.
Kamal Saïd Abdou