ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Investiture du 26 mai-Dr Zilé Soilihi : « c’est une investiture forfaiture »

Depuis la France, Dr Zilé Soilihi, membre de l’opposition ne croit pas à une investiture démocratique mais plutôt une investiture forfaiture marquant encore une fois l’échec du régime qui cherche une légitime internationale. Interview.

Le président Azali Assoumani sera investi dimanche son élection contestée, comment expliquer cet événement ?

En tous cas, c’est une investiture forfaiture. Que cette élection soit contestée, c’est faire usage d’un euphémisme. Cette élection n’en est pas une. Il s’agit d’un véritable cambriolage dont le dictateur  veut se faire investir et  aurait dû si la voix du peuple avait été respectée être éliminé dès le premier tour pour la première fois dans l’histoire des Comores. Le monde entier a pu observer dans des vidéos le bourrage des urnes. La commission nationale dite indépendante et la cour suprême aux ordres ont déclaré des résultats sans prendre en compte les procès-verbaux des bureaux de vote. Le  23 et le 26 mai sont des dates où les usurpateurs vont se faire couronner. Cela est inacceptable pour les comoriens et pour tout démocrate. Cela devrait être inacceptable pour la France qui a manqué de sens de l’histoire en venant féliciter son laquais afin d’acheter son silence pendant que se déroule l’indigne opération Wuambushu. j’appelle le peuple comorien à faire barrage à cette investiture de la honte à cette forfaiture qui va coûter plus d’un milliard de francs et ce, pendant que l’épidémie de choléra  tue de nombreux comoriens laissés sans vaccins, sans soins, sans eau potable et sans énergie.

L’opposition opte pour une transition démocratique aux Comores, pensez-vous que cela mettra fin la crise ?

L’opposition cherche la fin de la dictature et œuvre pour trouver des voies de la paix. Elle demande pour cela, la mise en place d’un gouvernement  de transition au travers d’un dialogue sous supervision internationale. Un  dialogue n’aura pas le bénéfice attendu pour le peuple sans que l’opposition n’ait montré  en avance t sa détermination afin d’arriver à la table de négociation avec un rapport de force en sa faveur. Elle a formulé pour cela des préalables dont celui de la libération des prisonniers politiques au premier rang duquel il faut citer le président  Sambi et le gouverneur salami.

Des chefs d’État et de gouvernement sont attendus à l’investiture. N’est-elle pas une victoire pour Azali ?

Non certainement pas, c’est pour nous une étape de la bataille. Azali est aux abois dans son pays  et au niveau international. Il est devenu persona non grata et un véritable pestiféré. Nous allons donc continuer la guerre contre le despote et sa clique. En invitant ces chefs d’États, Azali veut la légitimité internationale et une reconnaissance alors qu’il ne les aura  pas. L’opinion internationale n’est pas dupe, elle est au courant de ce qui s’est passé le 14 janvier 2024. Pour eux, il n’y a pas eu lieu d’élection aux Comores mais plutôt un hold-up électoral. Aux yeux de l’opinion internationale,  Azali sera toujours un président minoritaire et sa légitimité sera toujours remise en cause et c’est un échec pour le pays. L’histoire montre qu’à la fin c’est le peuple qui gagnera. Azali finira comme tous les dictateurs dans la honte, la détresse et  l’indignité.

Certains chefs d’État comme le nouveau président de l’UA et du Sénégal ne seront pas à l’investiture, que traduisez-vous cela ?

C’est logique qu’un président Sénégalais démocratiquement élu n’aille pas cautionner une démarche anti-démocratique. Il faut rappeler que le Sénégal est un modèle de la démocratie en Afrique. Participer à une telle cérémonie serait une catastrophe pour le nouveau président  Sénégalais. Azali Assoumani fut le seul président de l’Union Africaine banni de trois pays africains. Le Sénégal grand ami du peuple comorien a fichu une claque à Azali Assoumani à ne pas l’inviter à l’investiture de son nouveau président et en privilégiant au contraire d’inviter le candidat Mohamed Daoud spolié et maintenant emprisonné. Il est donc honorable que le jeune président du Sénégal ne vienne pas se faire le complice de la consécration d’un dictateur qui ressemble à tous points de vue à Macky sall qui l’avait emprisonné et a tué de nombreux jeunes sénégalais. Ceux qui viendront honorer l’investiture qui va appauvrir encore plus un peuple martyrisé sont  des dictateurs qui martyrisent eux-mêmes leurs peuples.

Des organisations panafricaines haussent le ton contre l’investiture du nouveau président. Pensez-vous que leur cri aura un impact à l’international ?

Je remercie ces organisations que maître Said larifou a mobilisées. Je veux rendre hommage à l’avocat international qui fait la fierté des comoriens en ayant accompagné efficacement la libération de Sonko et Bassirou. Le panafricanisme qu’il défend avec ferveur prend de l’ampleur surtout depuis l’avènement du nouveau président du Sénégal. Ce cri va certainement avoir un impact sur les peuples africains qui vont afficher leur solidarité avec le peuple comorien et aussi très probablement pousser leurs dirigeants à déserter l’investiture de la honte. Ce cri est un cri de ralliement des peuples opprimés, il n’y a aucun doute pour moi que nous assistons ici à l’émergence d’un courant libérateur dont les effets se feront sentir dans l’archipel des Comores tôt ou tard pour qu’enfin notre pays retrouve la voie de la paix, la démocratie et du développement économique. Je veux maintenant dire au peuple comorien, l’heure est venue de briser les chaînes. A la jeunesse dont on détruit l’avenir et qu’on réduit à la mendicité, je leur dis votre salut ne viendra que de vous-même et de personne d’autre. A l’ensemble de l’opposition et aux  candidats, je leur demande de rester  et unis en rangs serrés pour gagner la  bataille l’ultime

Que pensez-vous de la détention de Kiki ?

C’est qui est sûr, Azali a peur de kiki. Celui-ci que je salue et à qui je souhaite bon courage s’est opposé au vol électoral  grâce à lui  les preuves flagrantes du vol électoral ont été exposées aux yeux du monde. Azali veut le neutraliser, il veut se venger, mais  kiki n’est pas seul il a des candidats et des partisans qui l’entourent et un grand avocat à ses côtés. L’arrestation  de kiki est l’erreur de trop  pour  Azali. La marche inexorable  du peuple est lancée et emportera dans son tourbillon le dictateur et tous ceux qui écrasent notre pays et l’entraînent dans l’abime.

Propos recueillis par KSA

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