ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Mmadi Ali: « Ayant été ministre de la justice, je suis mal placé pour porter un jugement sur notre appareil judiciaire »

Dans une interview exclusive, l’ancien ministre de la justice, Mmadi Ali évoque sa position politique et revient sur la crise économique sans précédent que traverse le pays. Opposant farouche du régime actuel, l’ancien ministre s’aligne avec ses pairs sur l’hypothèse de la chaise vide aux prochaines présidentielles et gubernatoriales si leurs préalables ne soient pas pris en considération. Puisque, dit-il, le pays subit des moments difficiles marqués par la mauvaise gouvernance du pouvoir actuel. L’ancien ministre de la justice dénonce le piétinement des textes juridiques du pays.

Vous vous abstenez souvent dans les rencontres de l’opposition. Pourquoi cette absence ?

Je fais partie de l’opposition et je défends cette position depuis 2016. Mais en réalité, je suis affecté à Mitsamihuli et j’y enseigne là-bas, depuis des moments. Et toute la semaine, je suis obligé d’enseigner les enfants. C’est pourquoi je suis toujours absent lors des rencontres de l’opposition, à Moroni. Toutefois, je suis opposant à Azali puisqu’il a détruit les Comores en bafouant les droits institutionnels, l’économie du pays, et autres. Celui qui au lendemain du coup d’Etat des mercenaires, il a préféré prendre le poudre d’escampette et aller se réfugier à l’ambassade, en espérant pouvoir gouverner, au lieu de livrer bataille. Comment un tel homme peut-il prétendre défendre son pays ?

À l’approche des élections présidentielles, l’opposition n’exclut pas de recourir à la politique de la chaise vide, à moins que leurs préalables soient pris en compte. Embrassez-vous cette idée ?

En fait, je pense que les élections présidentielles doivent se porter sur trois critères fondamentaux : démocratiques, libres et transparentes. Si ces critères ne répondent pas aux normes et textes requis pour organiser des élections, à quoi bon se présenter à des échéances électorales dont l’issue est connue d’avance. Nous avons vécu la mascarade électorale de 2019 laquelle le chef du bureau de mon village de Songomani s’est rendu à Moroni pour signer, trois jours après, le procès-verbal. C’est un système mafieux instauré par le régime actuel. La politique comorienne est infectée par l’hypocrisie, le mensonge à tous les échelons ainsi que des fausses promesses.

Quelle lecture faites-vous face à la crise économique sans précédent qui frappe le pays ?

C’est une question qui fait peur et qui incite de l’inquiétude au quotidien. Car les citoyens vivent dans une situation socioéconomique en déclin. Mais, vraisemblablement, c’est le résultat de la mauvaise gouvernance des responsables du pays. Et pourtant il a eu 7 milliards de francs laissés à la société Comores hydrocarbures par l’ancien ministre Mohamed Chatur et 11 milliards pour le cas de ’Onicor. On se demande pourquoi la crise du carburant et du riz ordinaire persiste ? On nous annoncé une commission d’audit pour éplucher les états financiers de l’Onicor. Mais quel résultat ?  J’ai appris que la Sonelec a été victime d’un acte de vol des carburants. On a instauré une culture de vole qui fait que celui ne vole pas est considéré comme un ignorant. Comment voulons-nous que l’économie du pays prospère dans ces conditions.

Ayant été ministre de la justice sous le régime de Sambi, quel regard portez-vous à la justice ?

Ayant été ministre de la justice, je suis mal placé pour porter un jugement sur notre appareil judiciaire. Cela étant,  la moindre des choses est que ceux qui sont appelés à veiller à l’application des textes puissent le faire en toute honnêteté et neutralité. Ce n’est pas le cas. Nous avons vu ce qui s’est passé avec la requête déposée par Razida qui a été jugé irrecevable. Où devrais-je aller si la cour suprême refuse de recevoir ma plainte ? Ils ont souligné que seul, Moustoidrane  à la légitimité de porter une plainte contre Azali. Lorsque j’étais ministre, je veillais au respect des textes qui nous régissent. J’ai signé un accord de partenariat avec l’école magistrale de Tananarive et de Sénégal pour former nos magistrats. C’est dommage que ce soient ces derniers à bafouer les lois.

Propos recueillis par Abdoulandhum Ahamada

 

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