ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Mouigni Baraka Said Soilhi : « Il n’y a pas eu d’élection, c’est un coup d’État »

Dans un contexte tendu entre l’opposition et le pouvoir en place suite aux élections du 24 mars dernier, Mouigni Baraka Saïd Soilihi, président intérimaire du CNT a rejeté la tenue des élections aux Comores. Pour le président du Cnt « « Il n’y a pas eu d’élection, c’est un coup d’État. » 

Mouigni Baraka Said Soilihi

Des candidats aux élections présidentielles continuent à contester les résultats du scrutin du 24 mars dernier. Nombreux réclament la tenue des autres élections démocratiques, transparentes et crédibles. Urnes saccagés, bourrage et autres irrégularités constatées, selon le rapport préliminaire des observateurs internationaux. Un scrutin entaché. Mouigni Baraka Saïd Soilihi, un des candidats aux élections du 24 mars dernier rejette l’hypothèse des élections. Pour lui, il s’agit « d’un coup d’état. » L’opposition ne compte pas se branler les couilles, elle tente des actions afin de mettre fin la règne du colonel Azali Assoumani. Pour que cette démarche soit une réalité, Mouigni Baraka Saïd Soilihi a souligné que « d’abord, il faut que l’opposition s’organise. Et cela n’a pas été facile parce que, c’est douze candidats des partis politiques différents et d’ailleurs la plupart aussi, ce sont des candidats indépendants. Et c’est pour cela que nous avons créé le CNT ».

« Les résultats de la Cour suprême n’engagent pas les Comoriens »

 Pour Mouigni Baraka Saïd Soilihi, la victoire est de son côté, la création d’un conseil national de transition n’est pas en vain. Certes, le président Azali tient le monopole, mais le Cnt reste optimiste quant à la solidarité de ses membres et le soutien manifesté par la population, dixit-il. Qualifiant Azali comme un « dictateur », Mouigni Baraka estime que « nous pensons toujours que nous pourrons gagner, quelle que soit l’armada qu’il a. Il n’est pas le seul dictateur qui a cette armada. Mais après tout, ils sont tous tombés. » Bien que la cour donne faveur au candidat Azali Assoumani, avec un pourcentage de 59, O7%, le président intérimaire n’a pas mis de gants pour dévoiler le plan engagé. Vis-à-vis d’une telle victoire, Mouigni Baraka Saïd Soilihi se dit confiant du combat du CNT. Selon lui « Les résultats de la Cour suprême n’engagent pas les Comoriens. Nous comptons continuer le combat pour aller vers l’annulation de ces élections ».

Dans son mot d’ordre, le Cnt exige quelques reformes pour un véritable état de droit et le respect de la démocratie. A en croire le président du CNT, ceci demande « D’abord l’annulation des élections. Ensuite, la mise en place d’un gouvernement de transition et cette structure va bien sûr aller vers l’organisation d’autres élections, avec d’autres organes qui ne seraient pas la Céni qui ne seraient pas la Cour suprême d’Azali. »

La crise post-électorale déchire le pays, le Cnt se dit prêt à dialoguer pour l’intérêt de la nation. Pour un dialogue franc, le président intérimaire du Cnt Mouigni Baraka, a exprimé la disponibilité du Cnt sous des conditions « Nous sommes prêts à dialoguer, mais ce dialogue doit être bien sûr patronné par l’Union africaine. Mais je pense que c’est au cours de ce dialogue que tout sera décidé », précise-t-il. Le président Azali Assoumani tend la main au côté des adversaires politiques pour reconstruire le pays, de l’autre côté des arrestations, intimidations et musellement de la liberté de presse se poursuivent. Mais l’opposition se solidarise et fustige le gouvernement dans leurs agissements. « Mais les arrestations, ce n’est pas ça qui nous fait peur », a-t-il rassuré.

« Le sang, c’est Azali qui le fait… »

Dire que l’objectif de l’opposition est de faire du sang n’est plus dans leur perspective, « Et dire que la manifestation, c’est du bain de sang, le sang c’est Azali qui le fait parce que c’est lui qui a des armes » insiste-il. Un pouvoir affaiblit, mais qui fait semblant de continuer le combat. Le Cnt se mobilise et fait front contre le pouvoir d’Azali Assoumani. De cela, Mouigni Baraka affirme entre autres que « la réalité ici, c’est le pouvoir qui est faible. Mais la réalité du pouvoir, c’est dans la capitale. Donc, lorsqu’il y a soulèvement dans toutes ces régions, lorsque ces gens-là se sentiront tous concernés, le pouvoir ne résistera pas. Le pouvoir est dans l’impossibilité aujourd’hui de quadriller tous les villages. »

« Une seule vision, un seul combat, aucune division à l’intérieur du Cnt »

Autant qu’un seul candidat n’a pas signé la charte, déclare Mouigni Baraka ne signifie pas une division de notre part. « Ce n’est pas une division, chacun a sa manière de réfléchir. C’est plutôt l’échange, tout ce qui se décide, c’est que nous sommes tous d’accord. La charte vient d’être signée. Pour le moment, sur les douze candidats, il n’y a qu’un seul candidat qui n’a pas signé. Le plus important, c’est que chacun doit écouter l’autre ». Le gouvernement attaque aux membres du Cnt, mais la pression menée par le régime du colonel Azali aux yeux de Mouigni Baraka est insensé. « L’État fait tout pour étouffer le CNT. Donc ce n’est pas du retard, c’est la pression du groupe Azali, c’est insensé » a-t-il conclu. 

Kamal Said Abdou

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