La première journée de l’opération Wuambushu a tourné au fiasco. Aucun expulsé vers les autres îles des Comores. L’interdiction d’accostage du bateau transportant les refoulés de Mayotte et les affrontements entre forces de l’ordre et les habitants ont conduit au tribunal de Mamoudzou à suspendre l’opération de démolition des bidonvilles prévue ce mardi 25 avril au petit matin. Pour les Comores, il s’agit d’une première victoire.
Certes, il est très tôt pour parler d’une victoire. Mais n’empêche que le premier jour de l’opération Wuambushu est un fiasco pour les autorités françaises qui ont déployé tous les moyens pour la réussite de cette opération. Une première journée marquée par des échecs.
Arrivé à Mutsamudu, le bateau Maria Galanta transportant les personnes jugées en situation « irrégulière » a été contraint de faire demi-tour. À Moroni on prétexte que le port est en travaux, raison pour laquelle le bateau ne peut accoster.
Depuis lundi, les réactions fusent sur la toile. C’est le cas de l’ancien candidat malheureux aux dernières élections présidentielles en France, le franco-Algérien Éric Zemour qui appelle le gouvernement français à suspendre l’aide au développement de 150 millions d’euros, de la délivrance des visas vers la France pour les comoriens, entre autres. De son côté, le gouvernement comorien garde son sang-froid face aux insultes et à l’appel à la haine contre les comoriens des trois îles et les agissements des Mahorais.
« Nous n’allons pas réagir face aux menaces de certains responsables Mahorais. Nous sommes dans notre ligne qui est le droit. Aucune résolution de l’Onu depuis 1975 n’est venue confirmer que Mayotte est française », explique un haut responsable du gouvernement comorien. Celui-ci a condamné les propos « haineux et irresponsables » de M. Mderé, conseiller départemental, prononcé à Mayotte la 1ère et les propos d’Estella Youssoufa, élue Mahoraise à l’encontre des comoriens des autres îles.
Cette opération qui vise à démanteler les réseaux de gang, la destruction des bidonvilles et l’expulsion des personnes en situation « irrégulière » est critiquée par des Mahorais. « On a détruit ma maison ! Vous n’avez pas été capables de nous protéger. Ça suffit maintenant. J’ai rien fait à personne », a lancé une Mahoraise furieuse qui s’est introduite dans la conférence de presse tenue par le préfet de Mayotte.
L’autre échec pour cette première journée, c’est l’arrêt du tribunal de Mamoudzou de suspendre l’opération d’évacuation des bidonvilles. Le préfet de Mayotte Thierry Suquet rassure les mahorais qu’il attend faire un recours contre cette décision.
A Moroni, la décision d’empêcher le bateau d’accoster au port est saluée par la grande majorité de la population. « Mayotte est comorienne. Notre souveraineté nationale est de 4 îles », sont parmi les réactions que l’on peut lire sur la toile.
Kamal Said Abdou