ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Port de masque : Des citoyens réagissent et dénoncent une mesure d’ « arnaque »

Le port de masque reste obligatoire et fait l’objet d’une contestation à l’égard de la population. Ibrahim Ahamada, taximan de la ligne Moroni estime que cette mesure ne vise pas à protéger la population contre la covid-19 mais plutôt une mesure tendant à « arnaquer » la population.

Le port de masque est parmi les mesures de lutte contre la covid-19. Une mesure qui entraine des vives réactions de la part des taximan et les marchands ambulants. « On ne comprend pas la nature de cette mesure étant donné que ceux qui nous arrêtent dans la rue ne portent pas leurs masques. Est-ce que vraiment la nature de cette mesure est de protéger la population ou de collecter des fonds ? », s’interroge Ibrahim Ahamada, un taximan. Les taximan sont appelés à respecter cette mesure. « On ne peut pas exiger quelqu’un de porter un masque. Ce n’est pas notre rôle. Par cette mesure, on estime que le gouvernement ne se soucie pas de nous pendant que le pays est en crise. La plupart des personnes n’ont pas les moyens d’acheter les masques. Je pense que le gouvernement  a l’obligation d’accompagner la population dans cette crise », indique t-il.

L’arnaque dénoncée

Pour Ibrahim Ahamada, exiger une amande exorbitante pour ceux qui ne portent pas le masque est une « arnaque » pendant que ceux qui arrêtent les personnes dans la rue ne portent pas les leurs. Aussi dans les centres de rétention, la distanciation sociale et le port de masque sont devenues une lettre morte. « Cette mesure est contraire à notre liberté de circuler, selon certains juristes. Ce n’est pas comme ça que ça se passe dans les autres pays. Au lieu que le gouvernement accompagne le peuple dans cette période de crise, il nous force encore à payer des amendes », mentionne t-il. Ibrahim Ahamada rejette l’existence du coronavirus aux Comores.

Selon lui, le coronavirus qui ravage le monde actuellement n’existe pas dans notre pays. Le taximan en colère. « Depuis que cette mesure est imposée, notre activité tourne au ralenti. Au lieu de verser au moins 7500fc par jour, depuis la semaine dernière on n’arrive pas à verser même 5000fc. Nous sommes obligés de fuir la police lorsqu’un passager n’a pas porté son masque, on n’a pas le choix. Nos patrons ne veulent pas savoir. Leur objectif est le versement de 7500fc et le carburant.  Je crois que c’est le moment où le gouvernement doit se montrer souple vue que la crise continue à ruiner notre économie », crie t-il.

Le cri des vendeurs

Aussi les vendeurs aux marchés crient. « Le port des masques est une mesure contraignante. Ce n’est pas le moment d’imposer une telle mesure. Si c’est vrai cette maladie existe aux Comores pourquoi ceux qui appréhendent les gens circulent sans masque. C’est incompréhensible », réagit Youssouf Hamidou épicier au petit marché. « Ce n’est pas parce qu’on porte le masque qu’on est épargné de cette maladie. Selon les conseils des médecins, le masque a une durée de 4 heures de temps. Et pourtant on trouve une personne qui peut porter un masque durant une semaine sans respecter les conditions hygiéniques. Est-ce que vraiment on lutte contre le coronavirus ou plutôt on porte le masque pour échapper aux amendes ? », s’interroge t-il. « Nous avons vu lorsque le gouvernement s’est engagé dans lutte contre le paludisme, des moustiquaires ont été distribués dans nos villes et villages. Pourquoi on ne distribue pas les masques dans nos villes et villages si on estime que cette maladie existe déjà dans notre pays ? », poursuit-il.

Remise en cause des sensibilisations du gouvernement

Maman Hadidja, vendeuse de tomate au petit marché, souligne que le port de masque n’est pas la solution. « La sensibilisation est le meilleur moyen pour la population », précise t-elle. Maman Hadidja fait référence aux différentes réunions et sensibilisations du gouvernement dans les différents villes et villages. « Nous voyons tous les jours des réunions et sensibilisations du gouvernement. Et le port de masque et la distanciation sociale ne sont pas respectées », conclut-elle.

Kamal Saïd Abdou

 

 

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