Le 19 décembre dernier, Beit Salam a rendu public un communiqué au ton triomphaliste, annonçant « le retrait fraternel de la course du Kenya à la présidence de l’Union Africaine ». Le front commun des forces vives comoriennes ne tardera pas à monter au créneau en adressant le 9 janvier dernier un courrier à Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’UA, démolissant les ambitions du locataire du palais de Beit-Salam.
Le front commun n’est pas allé en douceur pour démolir la candidature du président Azali Assoumani à la prochaine présidence de l’UA. Dans une lettre sous forme d’un réquisitoire, cette plateforme réunissant les principaux partis de l’opposition a tiré sans sommation contre l’ambition d’Azali Assoumani de présider l’UA.
Dans son réquisitoire, le front commun estime que ce n’est certainement pas sur Azali Assoumani « que l’Afrique peut compter pour obtenir en cette année 2023 des avancées dans son combat pour la place qu’elle mérite dans la tendance actuelle de rééquilibrage des forces au niveau international vers un monde multipolaire », lit-on dans cette lettre qu’Alfajr a pu consulter, ajoutant que 2023 risque fort d’être une année blanche pour l’Afrique.
Le front commun craint que le président Azali à la tête de l’UA, c’est un boulevard qui s’ouvre devant son projet de prolonger son mandat qu’il envisage en 2024.
Dans ce courrier en date du 9 janvier dernier adressé à Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’UA, cette plateforme regroupant la société civile et les partis de l’opposition précise que « si l’Union Africaine devait, en février prochain, finalement installer l’actuel président de fait des Comores sur le fauteuil de sa présidence pour un an, cela constituerait un regrettable double message qu’elle enverrait au peuple comorien et à l’Afrique ».
C’est à cette raison que « le front commun des forces vives contre la dictature souhaite exposer ici son point de vue sur cette question. Ce point de vue tire ses fondements dans sa foi au principe de la souveraineté du peuple comorien dans la gestion de ses affaires, dans sa confiance totale en la capacité de notre peuple à prendre son destin en main et dans sa profonde conviction que la dictature n’est ni un choix ni une alternative et qu’elle n’a pas d’avenir », lit-on dans le courrier des forces vives comoriennes contre la dictature.
Selon les leaders du front, le colonel Azali Assoumani s’est depuis longtemps fait une raison de son divorce avec le peuple comorien. Ayant ainsi définitivement perdu la confiance du peuple. « Il croit pouvoir gagner la légitimité et la légalité que les comoriens lui refusent depuis sept ans, en passant le clair de son temps à sauter d’une conférence internationale à une autre et en s’installant comme une sorte de consécration à la présidence de l’Union Africaine », ajoute le courrier.
Cependant, les protagonistes continuent à faire croire que la présidence du président Azali à l’UA n’est pas un fruit au hasard. Il est le résultat de la confiance qu’accorde l’Union Africaine au président comorien et le climat de paix qui règne depuis déjà des années au pays. « Nous qui connaissons mieux l’homme, nous l’estimons incapable de s’élever à la hauteur des enjeux qui sont, maintenant, et en ce siècle, ceux de l’Afrique et des peuples africains, en particulier de sa jeunesse. Frappé d’une incapacité à offrir le moindre début de solution aux problèmes de sa population estimée à 800000, ce n’est pas de lui qu’il faudra attendre des propositions de solutions aux guerres qui déchirent l’Afrique, aux menaces de toutes sortes qui pèsent sur le quotidien des Africains, aux défis majeurs que le changement climatique et les bouleversements inédits auxquels fait face la planète posent à l’humanité », réplique le front commun avant de conclure que « ce n’est certainement pas sur lui que l’Afrique peut compter pour obtenir en cette année 2023 des avancées dans son combat pour la place qu’elle mérite dans la tendance actuelle de rééquilibrage des forces au niveau international vers un monde multipolaire. En sorte que 2023 risque fort d’être une année blanche pour l’Afrique.
Kamal Said Abdou