ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Présidentielle 2024 : Sécurisation, le facteur clé du scrutin ?

Les candidatures à l’élection présidentielle de l’Union des Comores doivent être déposées entre le 7 et le 17 novembre prochains. Et si l’on croit bien aux intentions des uns et des autres du côté de l’opposition, la bataille s’annonce rude. A condition que l’élection soit bien sécurisée.

Analyse. « Le prochain président sera encore Azali, vous devez le savoir », assure un très proche du couple Azali, officiant aussi dans un cabinet ministériel. « Il n’y aura pas de surprise », renchérit un jeune ex-prisonnier du régime Azali, se trouvant actuellement à l’extérieur. C’est un sentiment partagé par beaucoup de Comoriens persuadés que les autorités sortantes disposent de toutes les forces militaires et financières pour conserver le pouvoir.

Au sein du gouvernement, on pense la même chose. Ses membres se projettent pour une victoire écrasante dès le premier tour comme en 2019. Un ministre confiait récemment à ses interlocuteurs que « la CRC pourrait diriger le pays jusqu’en 2034 ». C’est d’ailleurs cette peur qui a conduit plusieurs membres de l’opposition à renoncer à cette élection sans avoir vraiment un autre moyen de se débarrasser d’Azali qu’ils qualifient de « dictateur usurpateur du pouvoir ».

Mais, ce fatalisme n’a pas fait sombrer tout le monde. Des partis politiques forts, des personnalités de grande envergure voient l’avenir autrement. Pour eux, il y a une petite lumière à l’horizon qu’il faut aller amplifier. Et ils se basent d’abord sur le bilan catastrophique du régime depuis 2016, puis sur la volonté du peuple comorien d’en finir avec Azali, et surtout sur la volonté de la communauté internationale d’aider le pays à se remettre la tête à l’endroit.

Le discours tenu depuis quelques semaines par l’ancien gouverneur de Ngazidja Mouigni Baraka Said Soilihi, l’intronisation d’un candidat par le Juwa, principale formation politique de l’opposition comorienne, et la détermination des différentes coalitions, illustrent parfaitement cette volonté d’aller à l’affrontement politique et faire échouer les plans du régime Azali. Et le mouvement commence à galvaniser les foules parmi les électeurs.

« Azali n’est pas capable aujourd’hui de gagner une élection. Son mauvais bilan et le rejet de sa personnalité au niveau du pays le disqualifient automatiquement», croit-on au niveau de l’opposition qui se dit prête à aller au combat et de défendre ses résultats.

Voilà pourquoi, celle-ci exige que l’armée ne soit pas mêlée dans le processus électoral au-delà de son rôle de maintien de l’ordre. « Cette fois, nous n’allons pas fuir nos responsabilités. Nous serons dans les bureaux de vote, nos militants y seront avec engagement. L’objectif pour nous est d’être sûr que les résultats sortis des urnes sont à notre faveur. A partir de là, on se battra », prévient Mouigni Baraka Said Soilihi.

On entend le même son de cloche au sein du parti Juwa qui mobilise ses équipes et ses militants dans les trois îles contre les éventuelles fraudes électorales. D’autres mouvements politiques conduits par des jeunes leaders : Ulezi, Badili, Huri…, font le même constat et se préparent, eux aussi, pour ne laisser aucune chance à la mascarade annoncée.

Il reste à savoir comment procéder si le régime en place continue de verrouiller les institutions électorales et nommer ses hommes aux postes clés. « La communauté internationale va se baser sur les résultats issus des urnes. Si on gagne, elle va nous accompagner pour que le gagnant dirige le pays », assure l’ancien gouverneur et candidat malheureux aux élections de 2016 et 2019.

Mais pour y parvenir, tout le monde doit agir : les électeurs, les fonctionnaires, les partis politiques, les groupes de citoyens, les professionnels de la sécurité et les journalistes, même les juges. Ce n’est que collectivement que l’on peut faire respecter les normes et exiger qu’il y ait une élection démocratique, libre et transparente dans notre pays.      

Ali Mmadi

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