ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Procès Yémenia et Ab Aviation : Entre satisfaction et déception des familles des victimes

Deux procès ont marqué l’année 2022. Celui du crash de l’Ab Aviation aux larges des côtes de Mohéli au mois de février 2022 ayant coûté la vie à 12 comoriens et 2 personnes de nationalité étrangère qui, malgré l’opération de recherche des corps et l’épave suspendue quelques semaines après, le procès  est tombée en fiasco. L’autre procès c’est celui du Yémenia Airways tenu à Paris au mois de mars 2022 et dont les familles des victimes ont manifesté leurs satisfactions.

Les familles endeuillées au crash de l’appareil de la compagnie Ab Aviation n’ont toujours pas pu faire leur deuil, contrairement à celles des victimes du crash du Yémenia Airways, qui ont pu entamer le leur après l’organisation du procès pénal au tribunal de Paris.

C’est une profonde tristesse pour le crash de l’Ab Aviation, dans le moment où ni les corps des passagers encore moins l’épave de la Cessna grand Caravane 208B de la compagnie Ab Aviation n’ont été retrouvés malgré l’opération de recherche lancée par les autorités compétentes ayant coûté 26 millions de nos francs le jour même  de l’accident.

Le mystère de cet accident tragique demeure et le silence radio des autorités compétentes n’ont pas contribué à lever le voile sur les causes réelles du crash. L’hypothèse avancée par le gouvernement à l’époque serait une panne de moteur à l’origine du crash.

Quelques jours plus tard, le gouvernement avait suspendu les opérations de recherche sollicitant l’aide de la BEA pour poursuivre les opérations. Ce qui a nourri la colère des familles des victimes. Sur le volet civil, les familles des victimes attendent l’indemnisation qui, d’ailleurs devrait être versée aux ayants droit.

Mais la compagnie à travers une Conférence de presse a décliné la responsabilité estimant que cette dernière revient à l’assureur de l’appareil. « La police d’assurance couvrait l’appareil et les passagers », avaient précisé les avocats de la compagnie Ab Aviation qui voulaient faire croire que si une responsabilité civile ait c’est à la compagnie d’assurance qui devait être assignée en justice. Un argument un peu contesté par l’avocat des familles des victimes qui a réclamé le versement d’une somme conséquente à titre provisionnel à 101 ayant droit.

Par contre, c’est la délivrance, si l’on peut l’appelé ainsi pour le  procès de la compagnie Yémenia Airways après treize ans de silence. Un accident qui a fait 152 morts. Contrairement à celui de l’Ab Aviation, le procès de Yémenia Airways a permis aux familles des victimes de faire leurs deuils. « Ce n’est pas un poids parce que c’est quelque chose qui m’accompagne tous les jours et la décision du tribunal ne va pas changer grande chose. Ce crash m’a marqué et  me marquera toute ma vie. Aujourd’hui c’est un soulagement, car je n’ai jamais dit ouvertement que je pensais que la société était coupable, j’attendais la décision du tribunal. Pour moi, c’est juste un soulagement », avait réagi Bahia Bakari, seule survivante de cet accident.

La compagnie qui ne s’est pas présentée pendant l’instruction en raison de la guerre dans son pays, selon l’avocat de la compagnie Yémenia avait promis de faire appel de la décision. « Nous avons pris note de la décision qui a déclaré que « Yemania Airways était coupable d’imprudence », c’est le terme utilisé par le tribunal. « Nous ne commenterons pas cette décision aujourd’hui. Ce que je peux vous dire, c’est qu’un appel sera déposé et que nous examinerons attentivement la décision », avait déclaré maître Leon Lef Forster. Rappelons que ce crash avait entraîné l’indignation de la communauté comorienne de France qui avait dénoncé les mauvaises conditions de transport et le mauvais état des appareils de la compagnie. Mais les investigations menées sur les boîtes noires, retrouvées en 2009, ont permis de révéler que l’accident était dû à une série d’erreurs de pilotage.

Kamal Said Abdou

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