ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Said Ahmed Said Abdillah : « On est dans un état de fin de règne du régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani »

Deux mois après les élections, le président du parti Comores Alternatives est revenu dans cet entretien sur le déroulement des élections, la situation politique que traverse le pays, l’adhésion des Comores à l’organisation mondiale du commerce.

Dans deux mois, Azali sera réinvesti  président de la république. Quelles leçons avez-vous tiré des dernières élections? Quelles perspectives envisagez- vous après ces élections ?

D’abord, je n’espère pas que dans deux mois, on aura   à assister à une investiture qui n’est autre que la perpétuation de la destruction de notre pays et la mort à petit feu de notre jeune nation et de notre  peuple. Pour votre question, les mascarades électorales d’Azali Assoumani nous ont donné au moins quatre leçons : la première, c’est qu’elles nous ont confirmé ce que nous savions déjà que le peuple comorien n’a jamais  aimé et ni  choisi Azali Assoumani et cela jusqu’à ceux qui lui servent matin et soir.  La deuxième est l’exposition, au niveau international, du rejet du peuple comorien vis-à-vis d’Azali Assoumani  annoncé par le président de la commission électorale nationale indépendante (CENI), qui a déclaré qu’Azali Assoumani n’ est élu  que  par 16,3 % de la population comorienne, une proportion ou un nombre d’électeurs inférieur à celui des habitants de la ville de Moroni. Quelle qu’en soit la modification et le tripatouillage de la cour suprême– institution mortifère et sénile- le monde a retenu la réalité du régime assis sur la force des armes. La  troisième leçon  est  que le peuple est prêt à tout pour que ce régime s’en aille. Et je profite de cette occasion, pour saluer la mémoire du jeune martyr   de 21 ans, Mouslim Ahamada , de Mdjihari Hamahamet Grande Comore, que Dieu lui ouvre la porte du paradis et la place avec les martyrs de la bataille de Badr. Nous disons à sa famille et aux familles des jeunes blessés et  emprisonnés sans aucun jugement et sans aucune crime sauf  d’avoir dénoncé et demandé la fin de la barbarie du régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani, que le sacrifice et le courage de leurs enfants ne seront pas vaines ni oubliés. Le moment venu, le peuple et la nation leur rendront hommage. La manifestation de la jeunesse au risque de leur vie contre le régime d’Azali Assoumani est le signe du rejet total par le peuple. Le peuple Comorien – surtout la jeunesse comorienne – sait qu’il ne peut  compter que sur sa propre force, ses énergies et son sang pour libérer le pays du régime macabre et dictatorial. La jeunesse  a compris que le rempart contre la dictature n’est pas les armes, ni l’armée dont certains sont corrompus, ni l’opinion internationale  qui ne voit que ses intérêts mais  elle – la jeunesse comorienne. La quatrième et dernière leçon qu’on peut tirer de ces mascarades électorales, est que nous avons – je parle pour l’opposition en générale – l’occasion de nous débarrasser de ce régime macabre et dictatorial.   La lutte n’est pas finie tant qu’Azali ASSOUMANI  est au pouvoir aux Comores. Nous continuerons la lutte, dispersés ou rassemblés au sein de l’opposition nationale comorienne  surtout avec l’appui du peuple comorien, plus particulièrement la jeunesse. La jeunesse comorienne est le fer de lance de ce combat contre l’injustice, la pauvreté organisée et la barbarie. On voit aujourd’hui en Afrique de l’Ouest, plus particulièrement au Mali, au Niger, au Burkina Faso, que les changements de régime ont été amorcés par la jeunesse et soutenus par l’armée. Des jeunes officiers patriotes et non corrompus existent aussi aux Comores. Au Sénégal, il y aura des élections dimanche 24 Mars 2024, c’est grâce à la mobilisation de la jeunesse qui ne s’est pas pliée à la corruption ou à la pression familiale. La perspective est l’unification de l’opposition soutenue par le peuple, plus particulièrement la jeunesse y compris de l’armée, pour mettre fin à ce régime.  

Comment avez-vous constaté la position de l’opposition pendant et après les élections ?

L’opposition comorienne est multiple et a un seul objectif, la chute du régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani ainsi que le système qui le tient et une seule cible Azali Assoumani. Au cours de ces mascarades électorales, il y a eu ceux qui ont accepté d’y participer, puisque pour eux, c’était l’unique moyen de se débarrasser de ce régime. D’autres, comme nous et le parti Comores Alternatives (P.C.A)  et  aussi le Front commun élargi (FCE) – regroupant la plupart des partis de l’opposition comorienne- dirigé par Mohamed Ali Soilihi, sont convaincus qu’Azali Assoumani ne connaît pas la notion d’élections inclusives et transparentes pour y risquer de participer. Aujourd’hui le constat est sans appel et seule la force reste l’unique moyen de faire partir ce régime macabre et dictatorial  afin d’instaurer une transition qui remettra le pays et ses institutions démocratiques et d’y organiser des élections transparentes et inclusives.

Quelle lecture faites-vous sur la situation politique que traverse le pays ?

On est dans un état de fin de règne du régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani. Les mascarades électorales et les résultats- ayant été publiés par la commission électorale nationale indépendante (CENI) sensée piloté par le régime annonçant, le 16 Janvier  2024, le fameux « 16, 3 %  seulement des électeurs » qui se sont allés urnes et sur les 16, 3%,  Azali Assoumani a eu 62,9%.-  et qui sont suivis par  des  manifestations  populaires  de la jeunesse Comorienne pendant au moins trois jours à Moroni. Ces manifestations ont déshabillé  le pouvoir et ont  fait changer le camp de la peur. En étant président de l’Union Africaine et candidat Azali Assoumani savaient que  les mascarades électorales  ont été suivies dans le monde entier, par les médias occidentaux et aussi les réseaux sociaux. Mais il croyait avoir tout maîtrisé,  y compris les résultats. La France – très critiquée dans les médias et même expulsée dans plus de trois pays d’Afrique francophone – est obligée d’ignorer le soldat Azali Assoumani qui ne donne pas une bonne presse par rapport au monde occidental et à la politique européenne et française.  Rejeté par la population comorienne et insoutenable par son maître – la France de Macron qui veut être un leader Européen contre le pouvoir  de Vladimir Poutine  – le régime macabre dictatorial d’Azali  Assoumani vit ses derniers jours. La trêve – si on peut parler d’un arrêt d’hostilité temporaire entre le régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani et le peuple – ne va pas trop durer. Le régime se croit avoir un peu de souffle en brandissant un torchon de son maître, Emmanuel Macron, comme un trophée  de guerre –en prenant une photo avec l’ambassadeur de France à Moroni – quelle petitesse et humiliation pour les Comores et les Comoriens. Les Comores ont connu des  présidents, parfois dictateurs, mais jamais minables à ce point  en croyant qu’une lettre d’un président français vaut tout, dans un processus électoral d’un pays étranger et souverain. Vous avez vu le président malgache –Andry Rajoelina, élu le 16 Novembre  2023 ou celui du Congo Kinshasa, Felix  Tshisekedi, élu le 20 Janvier 2024,  brandir une lettre du président français ? La réponse est non  car ce sont des dirigeants politiques  qui se respectent et  font confiance à leur peuple.      

Les Comores sont officiellement membres de l’OMC. Quel est votre ressenti ?

C’est une action qui consiste à satisfaire la France en inscrivant les Comores  à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) sur la base de trois îles  en excluant Mayotte  au lieu de quatre îles comme on  a été admis au niveau des Nations Unies le 12 Novembre 1975. C’est après avoir signé notre adhésion à l’OMC – en trahissant son pays – qu’Azali ASSOUMANI a pu faire céder  le président de la république française  de lui  écrire une  lettre comme récompense.  Azali Assoumani n’agit que pour plaire à la France- en détruisant l’unité de notre pays à commencer à nous faire perdre Mayotte  –  et à servir sa famille.

Que voyez-vous des Comores dans les prochaines années ?

Le monde aujourd’hui traverse une période de grande incertitude et de guerre, que ce soit en Afrique – au Soudan, au Congo Kinshasa et au Somalie – en Europe  en Ukraine  et au Moyen-Orient  avec la Guerre d’Israël contre la Palestine. Dans cette période difficile et incertaine où  chaque pays, voire leader politique, pense à se  préparer et s’assurer pour sa survie tant au niveau alimentaire que sécuritaire. La leçon  du covid-19 reste ancré dans nos esprit que la politique de la main  et de la « servitude volontaire »  avait ses limites Pour les Comores et Comoriens, les premiers objectifs et l’unique objectif immédiate est de faire partir le régime macabre  et dictatorial  d’Azali Assoumani et du système qui le tient celui de la françafrique afin d’adopter la voie de développement économique et social. Pour y arriver nous devons faire beaucoup de sacrifices  en agissant dès  maintenant sans attendre le 26 mai 2024 comme le disent  certains leaders politiques pour nous endormir. Le chemin n’est pas lisse et le combat sera rude mais nous devons le mener sans état d’âme. Personne ne viendra à notre secours et personne ne doit nous faire peur ou reculer  quelle qu’en soit leur puissance .Que la paix soit à celui qui suit la bonne voie.

Propos recueillis par KDBA

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