ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Société comorienne des hydrocarbures : Des mesures de redressement financier s’imposent

Au fil des dernières années, la part de la SCH dans les recettes de l’Etat a continuellement baissé. Malgré l’augmentation du prix  des carburants en juin 2022 dans les stations-services du pays, les pertes de la SCH sont estimées à 2.5% du PIB en 2022, soit 14,5 milliards de francs comoriens, selon le dernier rapport du FMI. La Société Comorienne des Hydrocarbures (SCH) doit faire face à une demande d’énergie croissante dans un contexte de prix élevé du baril de pétrole et une situation financière de plus en plus difficile.

La demande de carburants est de plus en plus croissante aux Comores. Entre 2018 et 2023 le volume d’importation d’hydrocarbures devrait augmenter de 24,5% environ (Figure 2). Les importations observées en 2022 et attendues en 2023 augmentent successivement depuis 2021 (+14% en 2022 par rapport à 2021 et +11.5% en 2023 par rapport à 2022). L’augmentation du parc automobile explique en partie cette progression.

La société comorienne des hydrocarbures distribue du gasoil à la Sonelec et livre aussi de l’essence, du gasoil et du pétrole aux stations-services privées. Elle alimente l’administration publique, y compris l’armée, en carburant et elle assure aussi la livraison du carburant pour le transport aérien. « L’essentiel du gasoil importé est absorbé par la Sonelec (54%) alors que 88% du total du pétrole importé est destiné à l’usage domestique, essentiellement par les ménages les moins aisés, pour la cuisine et l’éclairage. La capacité de stockage des hydrocarbures est d’environ 45 jours de consommation, ce qui nécessite en moyenne entre six et huit expéditions d’hydrocarbures par an vers les Comores », explique-t-on. « Ngazidja et Anjouan sont directement livrées par les pétroliers alors que Mohéli est approvisionnée par des petits bateaux venant des autres îles », a-t-on ajouté.

Selon le rapport du fonds monétaire international, la Sonelec absorbe à elle seule une partie importante et croissante des hydrocarbures importés. « Parmi les plus de 100 millions de litres d’hydrocarbures importés annuellement en moyenne durant les cinq dernières années, le gasoil livré à la Sonelec représente 28% du total, le pétrole lampant 25%, le gasoil de transport 24%, l’essence 20% et le Jet 3% », lit-on dans le rapport.

« Plus récemment, la Sonelec a augmenté très significativement ses achats de gasoil, passant de 28.4 millions de litres en 2021 à 35.6 millions de litres attendus en 2023 soit plus de 25%. En revanche, l’impact de l’introduction des centrales de production électrique par l’énergie solaire n’est pas encore visible, comme la Sonelec n’a visiblement pas réduit sa demande en carburant fossile », précise le rapport.

Des réformes profondes de la politique des subventions appliquées

Les prix pratiqués par la SHC ont été jusqu’en 2022 suffisamment hauts pour assurer des bénéfices relativement importants, faisant d’elle la première société d’Etat en termes de contributions dans les recettes fiscales (près de 20% du total des recettes fiscales du pays en 2021) et dans les versements de dividendes. Les fortes hausses du prix du baril au cours de l’année 2022, conséquence du conflit en Ukraine, ont contraint les autorités à augmenter les prix à la pompe en juin 2022.  Mais ces ajustements n’ont pas pu empêcher les pertes importantes enregistrées par la SCH durant l’année 2022.

« Cette situation combinée avec d’autres problématiques de gouvernance interne dans l’ensemble des sociétés d’Etat et à la SCH en particulier, nécessite à la fois des mesures urgentes de redressement financier, des réformes profondes de la politique des subventions appliquées dans le secteur énergétique aux Comores et une orientation de la gouvernance de la SCH vers les bonnes pratiques internationales », préconise le Fmi dans son rapport.

Des pertes en vue

Pour rappeler, en 2020, les prix de revient étaient, en moyenne, en dessous des prix de cession pour les cinq catégories d’hydrocarbures vendus par la SCH. Il en résulte des marges significatives d’environ 7.9 milliards (1.5% du PIB).  En 2021, seul le prix de revient du pétrole à usage domestique était en moyenne supérieur au prix de cession mais les marges obtenues avec les autres produits ont pu couvrir les pertes enregistrées avec le pétrole. Au total la SCH a réalisé en 2021 une marge nette d’environ 1.8 milliards (0.3% du PIB).

En 2022, les pertes s’élèvent à 14.5 milliards (2.5% du PIB). « On observe que toutes marges sont négatives sauf dans le cas du JET (carburant aux avions). Les pertes sont particulièrement élevées dans les cas du gasoil vendu à la Sonelec (6.5 milliards, soit 45% des pertes) et du pétrole domestique (4.65 milliards, soit 32% des pertes).

« Ces deux produits représentent ainsi à eux seuls 77% des pertes récentes de la SCH. Ces montants devraient être sensiblement revus à la baisse en tenant compte des produits vendus éventuellement avec une TIPP réduite (par exemple pour l’essence et le gasoil tourisme). Si on excluait la TIPP des coûts de revient, les pertes s’élèveraient à environ 6 milliards KMF soit 1% du PIB », a fait savoir le rapport du Fmi.

Zena Nailane

 

Laisser un commentaire