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Pauvreté aux Comores : « 45 % de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté »

Aux Comores, la pauvreté reste une réalité profondément ancrée. Plus de la moitié de la population vit encore dans des conditions précaires, entre chômage endémique, manque d’industrialisation et dépendance aux importations. Malgré les projets de développement initiés par l’État et ses partenaires, la sortie durable de la précarité demeure un objectif difficile à atteindre.

La pauvreté touche un grand nombre de Comoriens, affectant tous les aspects de la vie quotidienne. Selon un rapport récent de la Banque mondiale, 45 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, un chiffre alarmant qui reflète la fragilité du tissu économique. En 2024, ce taux était estimé à 38,1 %, signe d’une dégradation de la situation.

Sur le plan humain, les perspectives restent limitées : les enfants peuvent espérer atteindre en moyenne 8,4 années de scolarité à l’âge de 18 ans, bien en deçà des standards mondiaux. La malnutrition chronique touche 31 % des enfants, entraînant des retards de croissance préoccupants.

Un quotidien marqué par la débrouille

À Moroni, Amina Abdoulatuf illustre ce combat quotidien. Mère de trois enfants, elle survit grâce à de petits travaux informels, insuffisants pour répondre aux besoins essentiels de sa famille. « Nous vivons une vie précaire. On survit, mais rien ne va. Nous espérons que les choses changeront. Nous gardons l’espoir », confie-t-elle.

Comme elle, des milliers de familles vivent au jour le jour, dans l’incertitude et la résilience. Faute de revenus stables, beaucoup se tournent vers des activités informelles telles que le commerce de rue, la pêche artisanale ou l’agriculture vivrière, souvent leur unique source de subsistance.

Éducation et agriculture, piliers en souffrance

L’éducation, pourtant clé du développement, est l’un des secteurs les plus affectés. L’abandon scolaire, souvent lié à la pauvreté, est courant. Sans soutien financier, de nombreux enfants quittent l’école prématurément, piégés dans un cycle de pauvreté intergénérationnelle.

Pour Abdillah Ahamada, père de famille, l’agriculture reste une bouée de sauvetage : « Les familles comoriennes vivent grâce à l’agriculture. C’est avec l’agriculture que nous arrivons à éduquer nos enfants », explique-t-il. Mais le secteur reste sous-exploité et manque cruellement de soutien.

Selon lui, les causes de cette pauvreté structurelle sont multiples : chômage massif des jeunes, absence d’industrialisation, inégalités d’accès aux services essentiels. Face à cela, la population appelle à des solutions locales, adaptées au contexte comorien.

Des projets, mais une sortie encore lointaine

Le gouvernement comorien, appuyé par ses partenaires internationaux, mise sur divers programmes dans l’éducation, l’agriculture et l’emploi des jeunes. Des efforts sont en cours, mais ils peinent encore à transformer concrètement le quotidien des populations les plus vulnérables.

Pour une majorité de Comoriens, la pauvreté ne se résume pas à une question économique. Elle touche profondément le tissu social, freine l’émergence du pays et alimente un sentiment d’abandon. Plus que jamais, cette problématique exige des réponses durables, inclusives et concertées, à la hauteur des défis.

Hidayat

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