Le chef de l’Etat Azali Assoumani a décrété un couvre-feu, depuis la semaine dernière. Me Mchindra Abdallah, depuis la France, à travers une interview accordée à Al-fajr, souligne que le couvre-feu ne respecte aucune procédure légale, il est donc arbitraire.
Afin d’éviter la propagation du COVID-19 aux Comores, le président de la république a annoncé des mesures barrières. Comment jugez-vous ces mesures ?
Un président de la république quelle que soit sa légitimité et sa popularité, n’a pas le droit de restreindre les libertés de ses concitoyens. Il faut tout une procédure administrative pour pouvoir le faire. En ce qui concerne les mesures restrictives auxquelles vous faites allusion, le citoyen ne fait pas confiance aux autorités vu les montagnes de mensonges perpétrés pendant cette crise du COVID-19 et outrepasse la mesure. De celui qui fait sa prière collective et l’autre qui sort pendant le couvre-feu, ne connaissent que la répression et l’arnaque, au lieu de se voir administrer des mesures et procédures de droit telles que : le rappel à l’ordre, la sensibilisation citoyenne sur le bienfondé de la mesure ; suite à cela, tout citoyen avisé respecterait consciencieusement lesdites mesures. Étant entendu que ces mesures ne respectent aucune procédure légale, elles sont donc arbitraires, comme c’est souvent le cas sous le régime AZALI. Si ce n’est dans le cas où la mesure est conservatoire et est pratiquée avec un titre exécutoire ; le sujet, a un délai, à peine de caducité, d’introduire une procédure ou accomplir les formalités nécessaires à l’obtention d’un titre exécutoire.
Toutefois, en cas de mesures arbitraires comme c’est le cas, le refus de payer l’amende dans les brigades de gendarmerie et qui conditionne la liberté des prévenus, seul le juge du fond peut encore être valablement saisi dans un délai fixé par ordonnance, pour la contestation et par une procédure pénale, le prévenu peut se voir être privé de ses libertés. La réalité demeure dans l’optique que la population comorienne est privée de toutes les libertés.
L’inviolabilité du domicile, un principe évoqué par le code civil qui n’est pas respecté par les forces de l’ordre. Quelle est votre réaction ?
Qu’est ce qui n’est pas violé sous AZALI? Le Livre Saint, la loi fondamentale (constitution), les institutions, les droits humains, les propriétés privées, les us et coutumes ; même les morts et les vérités apparentes sont violées. Seul AZALI et celles et ceux qu’il peut voir quand il fixe le regard sont inviolables.
On apprend qu’Anjouan il y a eu de tirs de gaz lacrymogène par les forces de l’ordre contre le non-respect du couvre-feu. Quelle remarque faites-vous ?
Le décret instituant le couvre-feu est aux yeux des Comoriens un chiffon, je vous l’assure. Faites une petite enquête vous verrez. Si confiner la population veut dire cacher des détonateurs dans des lieux stratégiques et exterminer une population afin d’accuser des civils et d’asseoir la peur ; le piège connu n’attrape que le poseur. Les Anjouanais n’essuient pas que des gaz lacrymogènes, mais aussi des tirs à balles réels au moment de la rupture du jeûne.
Que dit la loi sur le couvre-feu et dans quel cas on doit décréter un couvre-feu ?
Pourquoi un couvre-feu est seulement la nuit ? Le virus ne circule que la nuit ? Il ne faut pas qu’AZALI prenne les Comoriens pour des imbéciles. La vérité est qu’il connaît que ses jours à Beït – Salam sont comptés. Il sait également qu’Anjouan 2021 arrive à grands pas et que la fin de son règne prendra son envol sur l’île autonome d’Anjouan. Son histoire de décret pour instituer un couvre-feu est un « MENSONGE D’ÉTAT » Version AZALI . L’objet de son décret n’est pas de sauver la population. C’est faux, totalement faux. C’est un manipulateur de haut niveau et un mégalomane hors pair.
Qu’en dites-vous des 25 000 fc d’amende pour le non-respect du couvre-feu ?
Comme l’amende est la condition de la liberté, ça s’appelle tout simplement : racketter les gens honnêtes. Les citoyens lambda sont devenus les pigeons (jargon du banditisme) du système AZALI.
Quelle analyse faites-vous quant à l’enchainement des mesures barrières et la contestation exprimée par certaines localités ?
Les mesures ne sont pas protectrices. Elles ne sont que répressives, haineuses et discriminatoires pour l’ensemble du pays et particulièrement pour l’île d’Anjouan qui s’apprête à briguer la présidence tournante en 2021. Les Comoriens n’ont pas la mémoire courte, ils savent que c’est la présidence tournante qui leur a offert la stabilité pendant 15 ans et sont attachés à celle-ci. En ma qualité de Comorien d’origine anjouanais, je persiste et signe que les élections auront bien lieu en février (pour les primaires) et avril 2021 pour les élections générales. Nul ne saurait les compromettre. Je souhaite un pays uni dans la paix et dans la stabilité.
Recueillis par Kamal Said Abdou