ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Candidats, qu’avez-vous à nous dire ?

Aux urnes, citoyens ! Les prochaines élections présidentielles et gouvernatoriales donnent le signal du parachèvement des réformes institutionnelles proposées par les assises nationales. Malgré les multiples tentatives de déstabilisation perpétrées par la classe de l’opposition, le processus de réorganisation des institutions de la république et de démarrage des différents chantiers de développement suit son cours, avec la satisfaction de la population de l’intérieur comme de l’extérieur. Si les Comoriens ont l’habitude des consultations électorales et que certaines analyses montrent que depuis 2006 le taux de participation au vote  connait une légère diminution, les élections prévues en mars et avril 2018 sont, pour l’Histoire des Comores,  plus que déterminantes. Non seulement qu’elles consistent à donner au pays un nouveau président de la république et de nouveaux gouverneurs pour les trois îles, mais aussi et surtout parce qu’elles marqueront le symbole des Comores nouvelles en appliquant la première recommandation des assises nationales, celle de doter au pays d’institutions permettant de mettre en place les différents chantiers de notre émergence. Devant toutes les péripéties ayant animé la scène politique ces deux dernières années, les Comoriens, méfiants mais aussi exigeants attendent de ceux qui briguent la magistrature suprême un nouveau discours, de nouveaux thèmes de campagne, un projet politique. Le temps des discours théoriques, de l’invective, de la violence verbale est révolu. Cette fois-ci, les Comoriens se rendront aux urnes pour exprimer leurs voix et confier leur destin à des hommes et des femmes épris de patriotisme et de volonté. Des hommes et des femmes capables de concrétiser leurs projets, de relancer et pérenniser  l’activité économique, de faciliter la création d’emplois, de donner à nos enfants une école digne, citoyenne, une lumière qui nous éclaire dans l’avenir, de nous offrir des soins médicaux appropriés… Quels thèmes seront donc abordés dans les meetings politiques et les réunions publiques ? Si on s’accorde à dire que l’actualité politique comorienne ne manque pas de sujets à débats et de thèmes à aborder, certains d’entre eux s’imposent et deviennent incontournables.

L’Emergence  des Comores, horizon 2030 : Azali, seul candidat crédible

Dans son discours à Hadjambou dans le Hamahamet, à l’occasion d’un meeting politique regroupant les femmes Azalistes, la première dame Mme Azali Ambari n’a pas manqué d’insister sur le sens et la valeur de l’émergence. Tout en rappelant l’importance sociale de la femme dans la vie de chaque nation, elle finit par démontrer que « l’émergence n’est pas un vain mot. » Loin d’être un rêve, l’émergence se construit progressivement et exige la participation de chaque citoyen. Et les femmes sont les plus sollicitées puisqu’elles jouent un rôle vital. Si les détracteurs d’Azali véhiculent aujourd’hui, dans les médias, un discours négativiste sur l’émergence, c’est parce qu’hier ils étaient incapables d’améliorer le quotidien du citoyen. Le président Azali, en ayant l’audace et la volonté optimiste d’envisager l’émergence des Comores, est confiant en notre avenir. Il s’aligne avec d’autres pays comme Madagascar et le Sénégal, par exemple. Dans ces deux pays, l’émergence ainsi déclarée montre progressivement ses effets. Au Sénégal, le trafic ferroviaire est modernisé et le pays se dote d’un véritable grand aéroport aux normes internationales. A Madagascar, la lutte contre la pauvreté et la réconciliation nationale sont inscrits dans les priorités de certains partis politiques dont l’IEM (Initiative pour l’émergence de Madagascar), formation politique du président fraichement investi Andry Nirina Rajoelina. Il n’est donc pas étonnant si les Comores s’engagent dans cette voie de l’émergence par des réalisations visibles inscrites dans le projet politique du candidat Azali en 2016. En effet, seule la candidature d’Azali Assoumani qui est à même de mener le pays à l’émergence. Les arguments de fond sont visibles et tous les citoyens en sont convaincus. Les Comoriens ont donc un choix sensible et déterminant  à faire : il ne sera donc pas question de donner sa voix à un candidat sans projet crédible et dont le discours se limiterait à la tournante et aux détenus politiques.

La question de Mayotte

A l’instar de toutes les échéances électorales depuis 1990, la question de Mayotte reviendra sans doute au menu des sujets à aborder. Mais comment ? Avons-nous encore envie d’entendre la même chose ? Certainement non. La question de Mayotte, vieille de 45 ans, devra être abordée avec souveraineté et efficacité. Le récent bras de fer entre la France et les Comores est le symbole d’une diplomatie rayonnante au service de la dignité de l’Etat comorien. Dans le paysage politique actuel et au vu des différentes expériences que nous avons vécues, seule la démarche entamée par le ministre Souef M. El-Amine, est mesure de redorer le blason de la diplomatie comorienne et de défendre la dignité du Comorien. En s’inscrivant dans une posture de préservation de la dignité du citoyen comorien, le ministre des relations extérieures réitère la volonté de déclarer Mayotte comme terre comorienne.

La justice et la liberté d’expression

Ces deux thèmes feront certainement leur entrée dans la campagne électorale. L’opposition s’appuiera sans doute aux derniers procès tenus au Palais de Justice de Moroni ayant conduit à l’emprisonnement de plusieurs Comoriens. Sans pour autant solliciter la grâce présidentielle, les discours de campagne tenteront d’influencer les électeurs vers un acharnement et un climat de haine au président de la république. Ils oublieront de rappeler aux Comoriens qu’il s’agit d’un tribunal d’exception qui a auparavant existé pour d’autres procès dans le pays. Ils oublieront de nous rappeler les tentatives de sabotage perpétrées par les avocats des prévenus. Ils oublieront, enfin, de nous rappeler qu’il s’agit de tentative de meurtre et d’assassinat dont les témoignages des prévenus en sont les véritables preuves.

Quant à la liberté d’expression, on n’évoquera pas les ravages des ravages des réseaux sociaux où les pseudo-journalistes tiennent quotidiennement des chroniques. Est-il possible de parler de privation de la liberté d’expression quand les médias locaux et nationaux bénéficient de l’appui matériel de l’Etat ? Y-a-t-il interdiction de s’exprimer quand les colonnes de la presse publient des chroniques pour critiquer le gouvernement ? Quelle liberté nous prive-t-on quand les médias d’opposition continuent à fonctionner sur la plateforme numérique ? Les fervents séparatistes qui tiennent un discours de menace, de haine et de provocation ont-ils été inquiétés ?

Candidats, levez-vous. Qu’avez-vous vraiment  à nous dire ?

 

Issa ABDOUSSALAMI

Sociologue, doctorant à Aix-Marseille Université

Enseignant de Lettres à l’académie de Créteil

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