ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Le climat qui prévaut le pays actuellement suscite la crainte, arrestation et poursuite gagent du terrain, nul n’est épargné. Des candidats et leaders des mouvements en cavale et d’autres sont mis en résidence surveillée. Ce comportement de la part du gouvernement est incompréhensible, malgré la main tendue par Azali Assoumani à ses adversaires.

Après la tenue des élections présidentielles du 24 mars dernier, le climat qui prévaut le pays prend une autre forme. Les arrestations et les poursuites se sont multipliées à l’égard des opposants du régime. Le discours du président Azali Assoumani n’est pas rassurant. Un discours selon lequel le président réélu a tendu la main à ses adversaires pour la construction du pays. Paradoxalement de ce qui se passe ces derniers temps.

Selon un bilan enregistré, des candidats, leaders des mouvements et militants des partis ainsi que des journalistes font l’objet d’une recherche et autres en fuite. « Certes, nous avons eu quelques différends durant la campagne électorale, mais tout cela est fini. Nous devons se réunir pour construire notre pays car l’émergence n’est plus un rêve », a déclaré le président de la république Azali Assoumani lors de son discours de sa réélection.

Le président Azali Assoumani tend la main à ses adversaires politiques et appelle à la paix et à la stabilité du pays. Certains dirigeants politiques ne manquent pas de faire des éloges sur le discours. « Comment le président de la république prône la paix et la stabilité du pays et pourtant, certains candidats comme Achmet et autres leaders des mouvements et partis politiques se sont échappés dans des conditions inconnues », entend-on.

Kamal Saïd Abdou

Moussa Mhadjou, un agent de la société Comores Télécom et natif d’Itsandra Mdjini, père de famille est incarcéré à la maison d’arrêt de Moroni depuis le O1 avril dernier. Il est accusé d’avoir vendu une puce à un malgache depuis le mois de février dernier. Ce numéro aurait contacté le commandant Fayçal Abdoussalam le 28 mars.


Moussa Mhadjou

Faire son travail est devenu un crime ? Moussa Mhadjou, un agent de la société Comores Telecom a vendu une puce téléphonique à un malgache le 16 février dernier. Et l’agent de Comores Télécom a été arrêté le 28 mars dernier date de la fusillade à kandani.  La gendarmerie l’a interprété. Selon une source fiable, il a été gardé à la gendarmerie nationale le jeudi 28 mars dernier jusqu’au lundi 1 avril. En tout,  il a passé quatre jours en garde à vue (du jeudi 28 au dimanche 31). Selon la source le lundi 1 avril, le juge d’instruction lui a été transféré à la maison d’arrêt de Moroni après l’avoir entendu.

Suivant l’enquête faite par la gendarmerie, le numéro vendu le 16 février dernier par l’agent de Comores Telecom a contacté le défunt Fayçal Abdoussalm le 28 mars dernier. Une affaire qui étonne et choque la société Comores Telecom, qui, cette dernière parle d’une « mascarade ».  La société se bat pour la liberté de Moussa Mhadjou. « Moussa Mhadjou n’a rien fait d’autre que son travail : vendre des puces téléphoniques. D’autant plus que ce travail remonte au mois de février dernier. Même si la puce a été vendue le jour même de la fusillade rien ne justifie l’arrestation de notre confrère. Son arrestation est illégale. Combien d’entre nous vendons  de puce ? C’est notre bulot. Cela date du 16 février. L’identité de l’acheteur est malgache et réside à Moroni. La justice devrait creuser sur cette identité, allant sur les frontières etc. Mais enfermer un homme parce qu’il a vendu une puce téléphonique le 16 février, c’est insensé », dénonce un collègue de Moussa Mhadjou.

El-Aniou

Pendant que des candidats dénoncent une mascarade électorale, des bourrages, des saccages d’urnes le jour du double scrutin, les autorités en charge des élections se félicitent du déroulement des élections du premier tour. Par conséquent, la Ceni se dit prête à organiser le second tour des élections qui se consacrent sur les gouverneurs à Mwali et Ngazidja, dans des conditions meilleures.

Des électeurs devant un bureau de vote (photo d’archive)

La campagne du second tour des élections pour les gubernatoriales seulement, se lance demain samedi 13 avril. La commission électorale nationale indépendante rassure des élections libres, crédibles et transparentes. La mascarade électorale du premier tour des présidentielles et gubernatoriales a déçu bon nombre des citoyens lambda et autorités. Mais la Ceni respecte le calendrier établit sur le décret relatif à la convocation du collège électoral. Le 21 avril prochain, les mohéliens et les grand-comoriens sont appelés aux urnes pour élire des nouveaux dirigeants des îles autonomes. Le match oppose Mme Sitti Farouata et Aboudou Soefo à Ngazidja et Mohamed Said Fazul et Said Baco à Mwali. Deux candidats de l’opposition contre deux candidats du pouvoir.

La mascarade électorale sera-elle évitée ? Après les résultats définitifs du premier tour, les candidats retenus pour le second tour des élections félicitent leurs électeurs en les appelant à multiplier les efforts et à leurs donner confiance afin de redresser et reconstruire l’ile à laquelle, ils (les candidats) échoient. Des militants de certains candidats au second tour admettent qu’il y a eu une mascarade électorale le 24 mars dernier puisque, selon eux, leurs candidats devraient passer directement ou arriver en tête, au premier tour.

Outre cela, les candidats malheureux formant le conseil national de transition exigent des nouvelles élections démocratiques et indépendantes. Un appel sublime à l’égard des acteurs électoraux. Le train pour le second tour démarre demain. L’inquiétude de la mascarade électorale est une primauté, selon un candidat malheureux aux dernières échéances. « Comment peut-on avoir confiance à la Ceni ? A chaque fois qu’elle organise des élections, c’est le hold-up électoral. Le premier tour s’est mal déroulé avec plusieurs irrégularités. Ce qui fait normal que le second tour aura également des irrégularités, une mascarade », prévient-il.

Des observateurs internationaux… pourquoi faire ?

A quoi servent les observateurs électoraux internationaux si ce n’est que pour cautionner et crédibiliser les élections émaillées d’imperfections et d’irrégularités dans ce pays du tiers monde où la communauté internationale injecte de l’argent ? D’après un ancien membre d’une mission d’observation électorale nationale, les observateurs internationaux ne peuvent pas faire grand-chose juridiquement parlant même s’ils constatent des irrégularités avant pendant ou après le scrutin. Ils ne peuvent déposer aucune requête auprès des juridictions compétentes du pays pour dénoncer quoi que ce soit. « Cette responsabilité incombe aux observateurs nationaux. Les étrangers, eux, ne peuvent qu’émettre leurs avis et le cas échéant des suggestions pour améliorer les prochaines séances électorales », dixit-il.

Le mal a déjà été fait

Des imperfections et des irrégularités ont effectivement été constatées lors de ces deux élections organisées le 24 mars dernier. Malheureusement, les remarques faites par les missionnaires et les suggestions émises n’ont pas pu empêcher les problèmes politiques post-électoraux de s’éclater. Le mal a déjà été fait. Le scrutin du 21 avril prochain devra être fait avec.

Quoique littéralement symbolique, l’observation des membres de la communauté internationale, a toujours été considérée comme une crédibilisation de l’élection pour qu’elle soit transparente et accepter par tous bien que la situation tourne souvent en catastrophe. C’est en effet par indignation et moquerie que beaucoup lancent que les observateurs internationaux sont en partie responsables des crises politiques cycliques aux Comores.

KDBA

Hier jeudi, le candidat malheureux aux présidentielles du 24 mars dernier, El-Macelie Said Jaffar a rencontré la presse au restaurant New Select. Ce cadre politique a condamné les violences avant, pendant et après les élections et appelle à une justice transparente. Une occasion pour El-Macelie de déclarer son soutien au président Azali Assoumani.  

Au milieu, El-Macelie Said Jaffar

L’ancien candidat El-Macelie Saïd Jaffar a affiché sa volonté de contribuer au développement de l’Union des Comores en soutenant le président réélu, Azali Assoumani. El-Macelie est catégoriquement disposé à tout dialogue pour sortir le pays de la crise post-électorale. Selon lui, son soutien au président Azali n’est autre qu’un meilleur développement au profit de la nation comorienne. « Ma défense est avant tout le développement de mon pays. Une vie meilleure de tous les jours pour nous les comoriens. C’est la raison pour laquelle, je répondrai à tout appel qui va dans le bons sens. Je serai ouvert à tout dialogue pour le bien de notre pays », a expliqué El-Macelie Saïd Jaffar.

Le candidat malheureux aux élections présidentielles a  présenté ses condoléances aux familles victimes de la fusillade à kandani. El-Macelie appelle aux autorités compétentes de donner suite en adoptant une enquête transparente. « Je demande au gouvernement de mener une enquête transparente aux assauts de ces derniers temps », appelle-t-il.  

Concernant les élections, le candidat déchu lance un appel aux candidats malheureux de revendiquer leurs droits par voie légale. « Chacun a droit de revendiquer ses droits. Et la meilleure chose, est de poursuivre par voie légale. J’appelle mes confrères à revendiquer donc leurs droits par voie légale, avec des recours », conclut El-Macelie. 

El-Aniou Fatima

Le président du CNT se désolidarise

Le président du CNT se désolidarise

Appréhendé depuis une semaine et demi par la gendarmerie nationale, Soilihi Mohamed se désolidarise au conseil national de transition.  Quelques minutes après sa libération, Campagnard a rencontré la presse afin de déclarer sa position tout en félicitant Azali Assoumani de sa réélection à la tête de l’Union des Comores

Une trahison ? Le poisson a mordu à la grande surprise. Soilihi Mohamed Campagnard a désormais quitté le navire de l’opposition depuis hier, en fin d’après-midi, à travers une déclaration, dans sa résidence à Moroni sud. Les forces de l’ordre ont envahis sa résidence. Quelles sont les émotions de ses partisans et des autres candidats malheureux aux dernières présidentielles ? Un coup de massue et pour les candidats et pour les militants du camp de l’opposition d’ici et d’ailleurs. Alors que le conseil national de transition s’est montré disposer à participer à tout dialogue inclusif sous conditions, dont la libération de Campagnard, désormais ex-président du CNT. Campagnard soutiendra-t-il le président réélu, Azali Assoumani ? Sera-t-il dans la neutralité ?

La désolation

Présente pendant la déclaration, sa famille manifeste la joie suite à la libération de Campagnard mais également d’avoir pris ses distances dans le camp de l’opposition. Puisque, selon sa famille, certains membres du conseil national de transition ont quitté le pays et les autres sont restés bouches « cousues. » Malgré ses efforts déployés à former un conseil national de transition, Campagnard est déçu du mutisme des autres candidats de l’opposition. « Je croyais que nous menons un combat dans un intérêt commun, mais certains ne veulent pas contribuer de tout moyen pour arriver à notre fin. Donc, je juge nécessaire de me désolidariser au conseil national de transition », a-t-il déclaré.

Campagnard cautionne-t-il le dialogue prôné par la commission de l’Union Africaine pour la paix et la stabilité dans le pays ? Sa déclaration a sans doute surpris l’opposition, selon un de ses membres. Pendant que ses coéquipiers se battent pour des voies et moyens et se mobilisent pour s’attaquer massivement et pacifiquement le régime en place, l’ancien militaire vient de claquer la porte. Une faiblesse ?

Campagnard félicite Azali de sa réélection

Un climat politique et social d’instabilité s’intensifie depuis la publication des résultats provisoires des élections présidentielles et des gouverneurs anticipées le 24 mars dernier. La situation s’enfonce toujours vers une résistance sur le camp des douze candidats de l’opposition. Soilihi Mohamed alias Campagnard un des candidats aux élections présidentielles du 24 mars dernier avait affirmé à travers une déclaration livrée par lui-même qu’il est investi en tant que président du Conseil National de Transition.

Pour lui, le nouveau conseil mis en place dont il a été le chef de file, a pour vocation de régler la crise post-électorale, d’assurer également une transition pacifique afin de préserver la paix et la stabilité ainsi que la cohésion nationale. Il avait attiré l’attention du peuple comorien que depuis le 24 mars dernier, la démocratie, la dignité de la nation Comorienne a été piétinée par des individus sans conscience, sans cœur, sans foi ni loi. Bien qu’il ait taclé le président réélu en dénonçant un pouvoir dictatorial, Campagnard a félicité hier Azali Assoumani de sa réélection. « Peuple comorien, un clan tyrannique s’est emparé de notre jeune Nation et décide de nous pilier et de nous saigner sans aucun état d’âme, mais nous ne pouvons en aucun cas rester sans réagir. Il est temps de faire face à la terreur par la terreur », avait-il lancé.

Dans sa première déclaration qui date du 28 mars, il a appelé également la population Comorienne à garder toujours l’espoir de faire comprendre au monde, que l’heure est si grave et que, « seul le peuple qui détient le pouvoir, mais plus une classe politique tyrannique. »

Choqué par les multiples irrégularités et incidents qui ont surgi lors des dernières élections, le soi-disant président du Conseil National de Transition, avait insisté qu’il restera persévérant et résistible pour montrer à l’humanité toute entière, le refus du peuple comorien à subir à nouveau le chao.

Où est passé sa sonnette d’alarme ?  

« Le 24 mars dernier a été marqué par la tromperie, une mascarade et la honte à l’ensemble du territoire tels que le bourrage d’urnes, la non délivrance des accréditations pour les assesseurs des candidats de l’opposition, l’utilisation des procurations frauduleuses et illégales, le déplacement des urnes par les forces de l’ordre, et le saccage des urnes par le peuple, et la fermeture des bureaux avant la mise journée. Tous justifient les principes démocratiques bafoués par la dictature », avait-t-il souligné.

Déterminé pour renverser la situation, le colonel Campagnard avait exigé que « si le scrutin du 24 mars n’est pas invalidé avant le 03 avril prochain, nous demandons dès le 04 avril de vous désobéir civilement, de cesser toutes activités économique et professionnelle », avait-il prévu.

Une lettre adressée à l’AND ?  

A retenir qu’avant de se déclarer officiellement entant que président du conseil national de transition, Campagnard a adressé un courrier à la gendarmerie nationale. Une lettre datant du mardi 26 mars dernier. « L’armée nationale, vous le savez mieux que quiconque, que, à chaque fois que j’ai eu la conviction que la nation était en danger, je me suis toujours dévoué en qualité d’officier supérieur de l’armée, mais aussi que citoyen de notre nation, aujourd’hui encore une fois, je ne peux pas fuir mes responsabilités », lit-on dans son courrier. Selon lui, l’armée nationale de développement reste le témoin oculaire au même titre que la population de la mascarade électorale. « C’est ainsi que j’appelle à l’armée nationale de rester au côté de la légalité à défendre le droit du peuple », conclut-t-il.

Nassuf. M. Abdou (stagiaire)

L’Union des Comores vit un climat tendu ces derniers temps. Les régions, villes et villages décident de manifester contre le pouvoir après les élections dont des irrégularités ont été constatées. Les régions de Hambuu et Mitsamihuli ont barrées les routes, hier lundi. La circulation des moyens de transports en commun a été difficile.

La tension monte toujours. Les localités et les régions montrent également qu’elles ont les yeux rivés contre le régime en place. Des pierres, des troncs d’arbres ont empêché la circulation dans deux régions de la Grande-Comore. Mais des volontaires ont libérés la circulation. Selon une passagère de Hambuu, « la région s’est réveillée sous des routes barrées, mais, j’ai laissé des gens entrain de libérer les routes. »

De sa part, un jeune de la région de Hambuu a déploré le geste d’empêcher la circulation. « Tout ce qui a été fait hier, est inhumain. On se dit que nous sommes des musulmans alors que nous ne pratiquons pas la région musulmane. Notre religion a interdit de fermer ou barrer une route. Et si par hasard, il y a eu un accident ou on voulait transférer un malade à Moroni, comment allions-nous faire ? Il faut quand même mesurer les actes. Certes, les dernières élections constituent une psychose, mais il y a des moyens à manifester que de barrer les routes », a-t-il expliqué. « Si les routes sont barrées, c’est tout le monde qui en est victime », ajoute-t-il.

Dans le nord de Ngazidja, les routes aussi ont été barrées. Une menace de la sécurité ? La colère des citoyens monte toujours. Après des manifestations la semaine dernière dans certaines localités, cette fois, ils décident de barrer les routes. La semaine s’annonce très mouvementée à la grande-Comore.

KDBA

Au lendemain du double scrutin, le pays s’est transformé en un autre climat délétère. Des arrestations massives, des intimidations… Une situation qui choque l’opinion publique qui, cette dernière, ignore les motifs des arrestations.

Alors que les 12 candidats contestent catégoriquement le déroulement des élections et ses résultats, un Conseil National de Transition est mis en place, à la tête, le Colonel Soilihi Mohamed Campagnard. Ce dernier est en détention à la gendarmerie nationale depuis le 28 mars dernier, date à laquelle, des affrontements militaires ont eu lieu à Kandani. Après sa déclaration en tant qu’un président du Conseil National de Transition, Campagnard est débarqué dans sa résidence par la police d’intervention de la gendarmerie nationale. Dans sa déclaration, Campagnard a laissé entendre que si le gouvernement n’invalide pas les élections avant le 03 avril dernier (ndlr), « le 04 avril n’aurait plus d’activités économiques et professionnelles. »

Quelques jours après son arrestation, des arrestations continuent à se produire. Des militants du mouvement Hury du Dr Achmet, candidat malheureux aux dernières présidentielles, sont interprétés ainsi que d’autres personnes. Personne n’est en mesure de décortiquer les motifs de ces arrestations. C’est à la justice et la gendarmerie nationale, selon des citoyens, de décortiquer. « Nous traversons un climat de terreur. Le gouvernement nous prive le droit de s’exprimer. Depuis quelques temps, le pouvoir incarcère les autorités politiques, les journalistes et les citoyens lambda. La démocratie est baffouée », se plaint un membre de l’opposition. Un avis mal partagé par un proche du pouvoir qui selon lui, « si des personnes sont arrêtées, c’est parce qu’elles ont des questions à répondre à la gendarmerie ou à la justice. »

Le climat politique et social que traverse le pays à savoir les arrestations massives, les censures et confiscations de la presse, inquiète les citoyens. Le camp de l’opposition et le camp du pouvoir, chacun tire les ficelles et ce sont les citoyens lambda qui en sont les victimes. Les deux camps jouent leurs jeux de cache-cache.

La stabilité du pays est menacée depuis l’année 2018. Pourtant, à chaque fois qu’il s’exprime, le chef de l’Etat Azali Assoumani plaide pour la paix et l’unité nationale. Plusieurs personnes se trouvent aux mains de la gendarmerie.

Kamal dine B.A

Les rues deviennent des nouvelles vies politiques. Vendredi dernier, à Ngazidja, des manifestations sont organisées dans certaines villes contre le régime en place. A Ntsudjini, les manifestants dénonçaient le hold-up électoral. Tous les manifestants contestent les élections présidentielles et gubernatoriales.

Le retour des rassemblements à chaque vendredi ? Des nouvelles vies politiques dans les localités à la Grande-Comore. Le camp de l’opposition multiplie les actions afin de contraindre le président nouvellement élu de quitter le pouvoir. Après les manifestations des 12 candidats de l’opposition et des femmes, dispersées par les forces de l’ordre, les localités enchainent les manifestations. « Notre rassemblement est de contester les élections, de solliciter des nouvelles élections libres et transparentes et de chasser Azali au pouvoir pacifiquement et démocratiquement », a expliqué un des manifestants, vendredi dernier.

« Azali, quitte le pouvoir »

Les manifestants appellent au départ des organes électoraux, du chef d’Etat-major et du président de la république en exercice. « S’en tenir à la constitution et confier à l’organisation des élections à des hommes qui incarnent le système déchu est inadmissible. Nous ne laisserons pas notre combat et nous irons jusqu’au bout. Que le gouvernement ait conscience que le peuple en a marre de ses mensonges », renchérit-il.

La mise sur pied d’un conseil national de transition censé réformer le pays est adhéré par nombreux citoyens. « Nous voulons notre liberté », a dit notre interlocuteur. Lors d’une déclaration la semaine dernière, Mouigni Baraka Said Soilihi, vice-président du conseil national de transition, a indiqué que les actions de se libérer contre la « dictature » vont se poursuivre pacifiquement. Des hitma ont eu lieu dans les chefs lieux à Ngazidja. Cette fois, les manifestations.

Mais certains, affirment que le but de l’opposition est de mettre du désordre dans le pays pourtant, « les élections se sont déroulées dans des conditions meilleures malgré les quelques incidents dont les urnes saccagées », dit-il. « En réalité, il y a pas d’opposition aux Comores. Ce sont des gens qui veulent des intérêts personnels et ils manipulent les autres. Certains parmi eux avaient des fonctions dans notre pays, ils n’ont rien fait pour le pays. Au contraire, ils ont rempli leurs poches et aujourd’hui, ils veulent donner des leçons. Mais à qui ? Il sont tous des maudits », explique un citoyen apolitique. « Moi personnellement, je suis d’accord que des membres du gouvernement et des autorités politiques sont corrompus. Le président Azali pendant son mandat de trois ans a causé l’irréparable. Ce régime laisse des morts et des plusieurs blessés, des arrestations arbitraires. Le pays traverse la terreur et la peur. Le gouvernement nous chante à chaque fois que nous sommes un pays démocratique, alors que le gouvernement viole la constitution, les lois et la démocratie », regrette-t-il.

Dans un contexte tendu entre l’opposition et le pouvoir en place suite aux élections du 24 mars dernier, Mouigni Baraka Saïd Soilihi, président intérimaire du CNT a rejeté la tenue des élections aux Comores. Pour le président du Cnt « « Il n’y a pas eu d’élection, c’est un coup d’État. » 

Mouigni Baraka Said Soilihi

Des candidats aux élections présidentielles continuent à contester les résultats du scrutin du 24 mars dernier. Nombreux réclament la tenue des autres élections démocratiques, transparentes et crédibles. Urnes saccagés, bourrage et autres irrégularités constatées, selon le rapport préliminaire des observateurs internationaux. Un scrutin entaché. Mouigni Baraka Saïd Soilihi, un des candidats aux élections du 24 mars dernier rejette l’hypothèse des élections. Pour lui, il s’agit « d’un coup d’état. » L’opposition ne compte pas se branler les couilles, elle tente des actions afin de mettre fin la règne du colonel Azali Assoumani. Pour que cette démarche soit une réalité, Mouigni Baraka Saïd Soilihi a souligné que « d’abord, il faut que l’opposition s’organise. Et cela n’a pas été facile parce que, c’est douze candidats des partis politiques différents et d’ailleurs la plupart aussi, ce sont des candidats indépendants. Et c’est pour cela que nous avons créé le CNT ».

« Les résultats de la Cour suprême n’engagent pas les Comoriens »

 Pour Mouigni Baraka Saïd Soilihi, la victoire est de son côté, la création d’un conseil national de transition n’est pas en vain. Certes, le président Azali tient le monopole, mais le Cnt reste optimiste quant à la solidarité de ses membres et le soutien manifesté par la population, dixit-il. Qualifiant Azali comme un « dictateur », Mouigni Baraka estime que « nous pensons toujours que nous pourrons gagner, quelle que soit l’armada qu’il a. Il n’est pas le seul dictateur qui a cette armada. Mais après tout, ils sont tous tombés. » Bien que la cour donne faveur au candidat Azali Assoumani, avec un pourcentage de 59, O7%, le président intérimaire n’a pas mis de gants pour dévoiler le plan engagé. Vis-à-vis d’une telle victoire, Mouigni Baraka Saïd Soilihi se dit confiant du combat du CNT. Selon lui « Les résultats de la Cour suprême n’engagent pas les Comoriens. Nous comptons continuer le combat pour aller vers l’annulation de ces élections ».

Dans son mot d’ordre, le Cnt exige quelques reformes pour un véritable état de droit et le respect de la démocratie. A en croire le président du CNT, ceci demande « D’abord l’annulation des élections. Ensuite, la mise en place d’un gouvernement de transition et cette structure va bien sûr aller vers l’organisation d’autres élections, avec d’autres organes qui ne seraient pas la Céni qui ne seraient pas la Cour suprême d’Azali. »

La crise post-électorale déchire le pays, le Cnt se dit prêt à dialoguer pour l’intérêt de la nation. Pour un dialogue franc, le président intérimaire du Cnt Mouigni Baraka, a exprimé la disponibilité du Cnt sous des conditions « Nous sommes prêts à dialoguer, mais ce dialogue doit être bien sûr patronné par l’Union africaine. Mais je pense que c’est au cours de ce dialogue que tout sera décidé », précise-t-il. Le président Azali Assoumani tend la main au côté des adversaires politiques pour reconstruire le pays, de l’autre côté des arrestations, intimidations et musellement de la liberté de presse se poursuivent. Mais l’opposition se solidarise et fustige le gouvernement dans leurs agissements. « Mais les arrestations, ce n’est pas ça qui nous fait peur », a-t-il rassuré.

« Le sang, c’est Azali qui le fait… »

Dire que l’objectif de l’opposition est de faire du sang n’est plus dans leur perspective, « Et dire que la manifestation, c’est du bain de sang, le sang c’est Azali qui le fait parce que c’est lui qui a des armes » insiste-il. Un pouvoir affaiblit, mais qui fait semblant de continuer le combat. Le Cnt se mobilise et fait front contre le pouvoir d’Azali Assoumani. De cela, Mouigni Baraka affirme entre autres que « la réalité ici, c’est le pouvoir qui est faible. Mais la réalité du pouvoir, c’est dans la capitale. Donc, lorsqu’il y a soulèvement dans toutes ces régions, lorsque ces gens-là se sentiront tous concernés, le pouvoir ne résistera pas. Le pouvoir est dans l’impossibilité aujourd’hui de quadriller tous les villages. »

« Une seule vision, un seul combat, aucune division à l’intérieur du Cnt »

Autant qu’un seul candidat n’a pas signé la charte, déclare Mouigni Baraka ne signifie pas une division de notre part. « Ce n’est pas une division, chacun a sa manière de réfléchir. C’est plutôt l’échange, tout ce qui se décide, c’est que nous sommes tous d’accord. La charte vient d’être signée. Pour le moment, sur les douze candidats, il n’y a qu’un seul candidat qui n’a pas signé. Le plus important, c’est que chacun doit écouter l’autre ». Le gouvernement attaque aux membres du Cnt, mais la pression menée par le régime du colonel Azali aux yeux de Mouigni Baraka est insensé. « L’État fait tout pour étouffer le CNT. Donc ce n’est pas du retard, c’est la pression du groupe Azali, c’est insensé » a-t-il conclu. 

Kamal Said Abdou

Le 21 avril prochain, les élections du second tour auront lieu. A Ngazidja, le match oppose Mhoudine Sitti Farouata et Aboudou Soefo. A travers une conférence de presse tenue vendredi dernier, le député Mohamed Abdoulatuf insiste que l’île de Ngazidja demande un dirigeant capable de relever les défis des wangazidja et des comoriens en général.

Mohamed Abdoulatuf devant la presse

Les wangazidja ont répondu massivement aux urnes le 24 mars dernier. Bientôt, le second tour et député Mohamed Abdoulatuf appelle les grand-comoriens à voter en faveur d’Aboudou Soefo, un candidat, dit-il, qui reconnait les doléances du peuple. « Nous avons cru que notre candidat Aboudou Soefo sera élu dès le premier tour. Contrairement aux rumeurs, je vous confirme qu’Aboudou Soefo ne retire pas sa candidature. Il n’est pas le temps qu’Aboudou Soefo retire sa candidature car il est le seul candidat qui répondra les défis des grands comoriens », déclare-t-il.

Selon lui, la candidate n’est pas en mesure de répondre aux besoins des wangazidja. « Nous demandons un dirigeant expérimenté et Sitti Farouata n’a pas l’expérience. Le gouverneur d’aujourd’hui connait des lourdes tâches et Farouata n’est pas en mesure de les répondre. Je pense que Farouata est trompée par ses siens », indique le député Mohamed Abdoulatuf, du parti Radhi. Et lui de se plaindre, « ce qui m’inquiète de plus, la candidate n’arrive pas à lire un discours en shikomori. Les grands comoriens veulent un enfant de la grande-Comore qui sait lire le shikomori.

« Tous les politiques et administrateurs ne sont pas tranquilles car, certains parmi eux, attendent des arrestations, des licenciements », dit-il. Si dans des pays étrangers, des femmes dirigent leurs pays, c’est parce que leurs traditions ne les excluent pas. Mais aux Comores, on ne peut pas être gouverné par une femme, précise le conférencier. Le député appelle aux Ulémas de dénoncer cette candidature. « Le parti FNJ, un parti politique soutenant la politique du chef de l’Etat Azali Assoumani se solidarisait de la candidature de Mme Sitti Farouata car ils sont convaincus que cette candidature est hors normes », a rappelé le député.

KDBA